Matthias Boyer-Chammard (Bain Capital) : " L’hyperspécialisation et le caractère entrepreneurial ont su nous séduire pour investir au sein de House of HR "

Décideurs. Pourquoi avoir décidé d’investir chez House of HR ?

Matthias Boyer-Chammard. House of HR répond aux tensions qui existent dans ce secteur. En effet, nous avons observé que, malgré de beaux carnets de commandes, les entreprises ne disposent pas des ressources humaines suffisantes. Nous avons alors recherché des partenaires qui aideraient sur cette partie-là. Ainsi, House of HR apporte à la fois, une réponse aux entreprises en trouvant des profils très qualifiés mais aussi aux candidats à la recherche d’une expérience professionnelle éventuellement plus courte mais aussi plus diversifiée. House of HR propose une véritable réponse à la fois aux entreprises qui ont besoin de main d’œuvre et aux candidats. Ce qui nous a séduits et qui nous a décidés à investir au sein de cette entreprise c’est d’abord l’hyperspécialisation. Dans cette bataille de talents, il faut vraiment être une entreprise spécialisée, où House of HR possède des divisions différentes, chacune leader dans un marché bien précis et correspondant à une compétence dans un pays (par exemple les ingénieurs en France ou les infirmières aux Pays-Bas). Ensuite, la grande force de ce groupe, c’est son profil entrepreneurial. Il laisse aux équipes, aux partenaires, aux directeurs de divisions et d’agences une certaine marge de manœuvre. Aujourd’hui 600 managers représentent 35 % du capital. Enfin, j’évoquerai la très forte capacité du groupe à investir. Avec douze niveaux de spécialités, cela crée forcément de la diversification et conforte notre capacité à investir.

Pourquoi faire le choix de ce fonds ?

Rika Coppens. Il est très important d’avoir un fonds d’investissement à nos côtés qui comprenne notre business model. Bain Capital a très bien intégré notre vision décentralisée du métier. Nos boutiques ont une approche très locale, les directeurs d’agence ont la capacité de s’ajuster au marché, de s’adapter aux clients mais aussi aux candidats et de décider quelles approches mettre en avant. J’ajouterai que Bain Capital nous a permis de continuer notre déploiement grâce à leurs investissements. Quand on est un aussi gros groupe, il faut aussi avoir la capacité financière pour nous accompagner. Aujourd’hui nous réalisons 3 milliards d’euros de ventes.

"Bain Capital a très bien intégré notre vision décentralisée du métier" Rika Coppens

Quels sont vos axes de développement ?

M. B.-C. Nous avons trois axes de développement indispensables. Tout d’abord, utiliser notre capital en  constituant un portefeuille diversifié. C’est-à-dire, en achetant des cibles entrepreneuriales. Ensuite, continuer d’investir dans la santé comme en Allemagne et en Europe du Nord, avec les infirmières et les médecins, ou encore en informatique, également en Allemagne et dans les autres pays du groupe. Précisons que 70 000 personnes travaillent à chaque instant pour House of HR. Nous disposons ainsi d’une base de données intéressante sur laquelle s’appuyer pour investir, améliorer le matching, aider le candidat à trouver le bon poste et inversement. Sans oublier toute la partie digitale à exploiter. Évidemment, le recrutement concerne tout « le panel humain » mais il est aussi nécessaire d’investir dans le digital malgré le coût, et la puissance du groupe nous le permet. Ensuite, avec l’émergence d’un nouveau mode d’emploi à travers le statut de freelance et les travailleurs à distance, nous souhaitons investir dans ces nouvelles façons de travailler. En France, nous avons racheté StaffMe, une plateforme qui met en relation des jeunes freelances avec des entreprises et propose des formations ainsi que du mentorat. Enfin, nous sommes en faveur et à la recherche d’une mobilité internationale des candidats.

"Peu d’entreprises grandissent à cette vitesse et avec une rentabilité qui va au-delà du marché" Matthias Boyer-Chammard

Quelle est votre ambition de croissance ?

M. B.-C. En quinze ans d’histoire, le groupe House of HR a délivré 8 % de croissance organique par an. C’est une performance considérable. Quand vous y ajoutez toute la partie M&A, c’est un groupe qui se déploie à 15 % annuellement – je parle de la croissance organique additionnée aux nouvelles acquisitions. Peu d’entreprises grandissent à cette vitesse et avec une rentabilité qui va au-delà du marché.

"En quinze ans d’histoire, le groupe House of HR a délivré 8 % de croissance organique par an" Matthias Boyer-Chammard

Comment se répartissent les rôles ?

R. C. Bain Capital est présent au sein du conseil d’administration. Ce dernier vérifie que le business plan va dans la bonne trajectoire. Il nous accompagne pour atteindre nos objectifs et répond à des problématiques bien spécifiques. De plus, le réseau de Bain Capital nous aide énormément lorsque nous abordons ensemble des sujets très pointus, comme le digital ou le business freelance réseau.

M. B.-C. J’ajouterai que c’est aussi toute la force du private equity : les décisions sont très rapides. Nous connaissons suffisamment bien le métier pour apporter une forme de gouvernance qui a fait ses preuves dans ces sociétés qui se forment très vite et qui ont beaucoup d’ambition.

🔎 À la loupe 

• Entrée de Bain Capital : 2022
• Chiffre d’affaires : 2,2 milliards d’euros en 2021
• Effectif : 70 000 personnes
• Implantations : Belgique, France, Pays-Bas, Allemagne, Europe du Nord
• Valorisation de l’entreprise : 2,9 milliards d’euros, soit un multiple de valorisation près de onze fois l’Ebitda évalué à 263 millions d’euros en 2021.

Propos recueillis par Laura Guetta