Inflation, coût des matières premières, remboursement des PGE, taux d’intérêt élevés, il a rarement été aussi complexe de maintenir le cap de la croissance pour les dirigeants d’entreprise. Confrontés aux tensions économiques, tous secteurs confondus, pour quelles préoccupations majeures se mobilisent-ils prioritairement en 2024 ? Les défis de ces leaders sont mis en lumière à travers une compilation d’études.

Face aux enjeux économiques, les dirigeants d’entreprises font tout leur possible pour naviguer contre vents et marées et maintenir leurs entreprises à flot, dans un contexte macroéconomique tendu et incertain.

Le maintien de la rentabilité
Selon le baromètre des entreprises françaises en 2024, publié par le cabinet de conseil en stratégie Eurogroup Consulting et réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 500 dirigeants d’entreprises françaises, les défis prioritaires auxquels ils auront à faire face dans les prochaines années restent principalement d’ordre économique et financier. Contre toute attente, ce ne sont pas les questions d’intelligence artificielle ou d’innovation qui occupent le premier rang de leurs préoccupations mais le maintien de la rentabilité pour 45 % d’entre eux. La réduction des coûts est également un objectif clé.

Ressources humaines : retenir les talents
Les enjeux liés aux ressources humaines ont gagné en importance. Ils mettent l’accent sur l’engagement des collaborateurs et la gestion des talents. Le degré d’implication des salariés pour aider leur entreprise à atteindre ses objectifs, perçu comme une force en sortie de crise Covid, s’inscrit désormais parmi les principales préoccupations des dirigeants en matière de ressources humaines. Selon le même baromètre, près de 24 % d’entre eux se concentrent sur ces aspects.

"Les défis prioritaires restent principalement d’ordre économique et financier, notamment le maintien de la rentabilité pour 45 % des dirigeants"

Etats des lieux

Transition écologique et critères extra-financiers gagnent en considération

CSRD, critères ESG, les entreprises naviguent dans un contexte qui place l’extra-financier parmi les indicateurs d’évaluation. Force est de constater qu’elles réussissent à s’adapter à ces nouvelles réglementations. Désormais, une entreprise qui met en place une politique RSE a plus de chance de trouver des financements. Investisseurs, banques et fonds d’investissement leur accordent de plus en plus d’importance. Le devoir de reporting qu’impose la CSRD oblige les entreprises à s’adapter à des concepts parfois abstraits et nouveaux, tels que le prévisionnel ou encore la notion de double matérialité européenne. La transition écologique s’inscrit pour la première fois au troisième rang des enjeux clés en 2024 puisque 14 % des dirigeants considèrent le changement climatique comme une priorité. Cette prise de conscience reflète l’engagement croissant des entreprises pour le développement durable et la responsabilité environnementale. L’étude PwC souligne, de son côté, que plus de 44 % des chefs d’entreprise français se disent prêts à accepter une performance plus faible pour des investissements respectueux du climat, pourtant 68 % d’entre eux n’envisagent pas une baisse de la performance inférieure de plus de 4 points. Quant aux investisseurs, ils se disent « prêts à attendre que les entreprises déploient leur stratégie de développement durable quitte à ce que le retour sur investissement ne soit pas immédiat. Cela témoigne de l’envie collective de l’écosystème économique français, sphères publique et privée, d’assurer un juste équilibre entre la valorisation de la performance financière et extra-financière », assure Patrice Morot, président de PwC France.Etats des lieux X 2

Adoption technologique : risques ou opportunités ?

Le constat est simple, l’intelligence artificielle a progressivement laissé la place à une nouvelle technologie « de rupture » comme le montre le cabinet McKinsey dans une étude publiée en 2024. Le rapport souligne que « l’IA générative et les autres technologies ont le potentiel d’automatiser les tâches auxquelles les travailleurs consacrent actuellement 60 à 70 % de leur temps de travail. La moitié des activités professionnelles existantes pourraient être automatisées entre 2030 et 2060. » Mais l’IA apporte son lot d’incertitudes. Les dirigeants identifient également les risques économiques, cybernétiques et géopolitiques comme des menaces importantes. D’après PwC, l’un des principaux freins à la croissance des entreprises françaises tient aux risques liés à la cybersécurité pour 40 % d’entre elles. Pour autant, 78 % des dirigeants n’ont pas encore pleinement intégré l’intelligence artificielle générative dans l’ensemble de leurs process. En revanche, tous y demeurent sensibles, elle reste perçue comme un levier de compétitivité pour 58 % des grandes entreprises et ETI. Quant aux PME, 61 % ne se sentiraient toujours pas concernées par l’IA et les opportunités auxquelles cette dernière pourrait contribuer, ne serait-ce qu’en matière d’efficacité opérationnelle. Enfin, les dirigeants d’entreprise sont préoccupés par l’inflation pour 35 % d’entre eux, la volatilité macroéconomique pour 29 %, les conflits géopolitiques pour 11,6 % sans parler de l’instabilité politique depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Celle-ci ayant entraîné un attentisme prononcé de la part des investisseurs qui ont ralenti le rythme de leurs investissements. Autant de signaux à suivre de près dans les mois à venir.

Laura Guetta Dray 

Risques majeurs 

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