Après des expériences dans l’échange de services puis le financement d’entreprises de proximité, l’entrepreneur a cofondé Tudigo. Portrait d’un acteur qui démocratise le capital-investissement dans des sociétés engagées.

Des locaux dans un ancien bâtiment plein de cachet au coeur de Bordeaux. Un jardin avec piscine et poulailler. Des collaborateurs venus d’horizons divers avec de beaux CV qui travaillent sur le financement d’entreprises ayant toutes un impact environnemental positif ou faisant mieux que celles de leur secteur en faveur de la planète. Pas de doute, nous sommes dans une société de capital-investissement 3.0. Le dirigeant et cofondateur de Tudigo, c’est Alexandre Laing, un entrepreneur aguerri et ambitieux, qui sait très bien où il veut aller.

L’art du pivot

En 2013, ce diplômé d’école de commerce qui a travaillé chez Accenture et cofondé Ouiville lance la plateforme de financement participatif Bulb in Town. Son but ? Permettre à tous de financer des projets locaux et d’échanger des services. "Nous étions dans une logique de troc et de soutien aux commerces de proximité." Puis, il décide de transformer son business en y ajoutant la possibilité d’investir. Salles de sport, restaurants ou encore biscuiteries ouvrent leur capital aux particuliers. "L’idée consistait à rétablir l’égalité des chances dans le financement", explique ce fils de père asiatique et de mère italienne qui a "pu changer de classe sociale grâce à l’école".

Ces biais, les fonds les reproduisent en finançant surtout des hommes blancs diplômés d’écoles de commerce. "Pour casser cette spirale, on a décidé d’éclater les sources de financement en donnant à tout un chacun la possibilité de financer des projets d’avenir autrefois réservés à une élite." En 2020, la crise du Covid oblige Alexandre Laing à remettre à plat sa stratégie. Ses clients étant pour la plupart fermés, il estime nécessaire de s’ouvrir à tous les secteurs : digital, innovation, immobilier ou industrie.

Deux cents entreprises

À partir de 1 000 euros, les épargnants peuvent investir en actions ou obligations dans des entreprises et même depuis peu dans des fonds. Toutes les sociétés ont pour point commun d’être engagées sur la question environnementale. Un critère qui émane de convictions personnelles pour ce jeune père mais qui lui paraissent également être un impératif pour faire de la croissance sur le long terme. "Ce qui ne veut pas dire qu’il faille oublier l’un des fondamentaux, la rentabilité", insiste Alexandre Laing.

D’ici à la fin de l’année, Tudigo aura investi un peu moins de 250 millions d’euros

D’ici à la fin de l’année, Tudigo aura investi un peu moins de 250 millions d’euros. Pour l’instant, son portefeuille compte deux cents entreprises, des restaurants immersifs Ephemera aux produits rechargeables Pimpant, en passant par des vignobles et la spacetech. "Nous sommes l’acteur du capital-risque le plus diversifié", affirme le CEO.

Diversité

Les 21 000 investisseurs actifs sur Tudigo mettent en moyenne 5 000 euros par investissement et 8 900 par an. La transparence est de mise sur les risques et les rendements attendus. Pour se structurer toujours un peu plus, le dirigeant entend recruter dans les prochains mois à Paris et à Bordeaux une trentaine d’experts qui viendront muscler son équipe de 70 personnes. 

Le professionnel de l’investissement revendique des profils variés, tant sur le genre que l'origine. "En France, on n’a pas le droit de capter les données ethniques. Le problème c’est que, sans data, on peut toujours dire qu’il n’y a pas de sujet et que le manque de représentativité ethnique serait une opinion. Ce sera un combat que je mènerai un jour." En attendant, cap sur la croissance et la rentabilité de Tudigo.

Olivia Vignaud

 

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