Créée en 2017 par Aude Plus-Valard et Edward Vitrey, Aramis Finance puise sa réussite dans son modèle indépendant, sans laisser de côté l’importance de la complémentarité des métiers en matière patrimoniale, et ce dans l’intérêt du client. Les deux associés nous présentent la carte d’identité du cabinet et leurs convictions.
DÉCIDEURS. Quelle est la genèse d’Aramis Finance ?
Edward Vitrey. J’ai rencontré Aude alors que nous travaillions tous les deux chez Merrill Lynch au sein du département Gestion de fortune. Après plusieurs années d’activité, nous avions établi plusieurs constats, et notamment le fait que la gestion privée au sein des grands groupes bancaires était essentiellement tournée vers la collecte d’actifs et que ces modèles arrivaient à bout de souffle. La complémentarité entre Aude, axée sur l’ingénierie patrimoniale, et moimême, sur les marchés financiers, a été le point de départ de notre association, avec l’ambition de fournir à nos clients un point d’entrée unique à la gestion de patrimoine, alliant l’expertise patrimoniale, fiscale et le conseil en investissement, avec comme ligne directrice notre approche transversale alliant la construction d’un schéma patrimonial et les solutions qui l’accompagnent. Nous souhaitons être un bureau privé au service de nos clients.
Comment travaillez-vous ?
Aude Plus-Valard. Dans un premier temps, notre approche patrimoniale consiste à mettre en exergue les problématiques juridiques, fiscales et patrimoniales de nos clients, en fonction de leurs éléments propres ; à savoir l’âge, la structure familiale, le patrimoine préexistant, la dette, etc. Une fois identifiés, nous les mettons en perspective avec l’ensemble des facteurs exogènes, c’est-à-dire le contexte juridique et fiscal de leur lieu de résidence, la conjoncture économique, les marchés financiers, ainsi que leurs attentes.
"La complémentarité juridique et financière est ce que nous souhaitions bâtir avec Aude en créant Aramis Finance"
Nous construisons avec eux les solutions qui leur conviennent. Ensuite, nous les implémentons, avec un soin particulier dans le respect du calendrier et des priorités fixés. Nos actions sont transversales et oscillent entre le patrimoine professionnel, et le patrimoine personnel. Enfin, l’idée est de pérenniser la relation clientèle grâce au suivi. De façon régulière, nous confrontons les solutions mises en place avec l’évolution du cadre fiscal du client. Une fois le traitement des aspects patrimoniaux effectué, nous entrons dans le champ de compétences d’Edward.
E. V. La complémentarité juridique et financière est ce que nous souhaitions bâtir avec Aude en créant Aramis Finance. Avec notre dimension de multi-family office, nous avons la capacité de prendre le rôle d’allocataire d’actifs pour les placements financiers, c’est-à-dire un relais efficace appuyé à nos convictions et connaissances, en identifiant les expertises auprès des sociétés de gestion, des analystes ou banques répondant aux critères des clients pour leur construire une allocation sur mesure et le suivi en découlant.
Quelle place tient l’interprofessionnalité dans votre métier ?
AP-V. Nous sommes amenés à travailler avec tout un réseau de professionnels tant en France qu’à l’étranger afin d’apporter des solutions précises et efficaces aux clients. Cela donne une pertinence dans leur choix selon les problématiques formulées. Par exemple, nous travaillons avec un cadre dirigeant en parcours de mobilité avec qui nous avons dû travailler en étroite collaboration avec deux notaires, l’un belge l’autre français, des experts-comptables, des banques et des avocats fiscalistes. L’accompagnement de nos clients dans leur changement de situation matrimoniale fait également partie des dossiers où la complémentarité est de mise, entre le notaire, les avocats spécialisés en droit de la famille ou fiscalistes, notamment. Notre rôle plein et entier est de faire coordonner les actions de chacun des spécialistes. La décision finale sera prise par le client en fonction de nos recommandations.
Comment sélectionnez-vous les sociétés de gestion partenaires ?
E. V. Nous travaillons avec des sociétés de gestion pour la partie déléguée. Nous nous dirigeons vers des partenaires avec lesquels nous avons des discussions régulières et précises par client et pas simplement sur les vues du gérant. Nous incluons également les critères ESG par conviction personnelle dans l’idée de participer à un monde plus vertueux. Nous faisons attention à ne pas porter notre attention que sur le "E" qui nous touche le plus directement, mais aussi sur le "S" qui est parfois un peu délaissé dans une région du monde où les sociétés sont très fracturées. Il faut trouver les bonnes solutions innovantes dans un écosystème qui verdit chaque jour un peu plus, en évitant de tomber dans les pièges du greenwashing.
Quelle est la typologie de clientèle d’Aramis Finance ?
AP-V. Nous avons une double approche professionnelle. Notre positionnement se base sur le segment des entrepreneurs et des cadres dirigeants. Nous accompagnons également, de façon assez naturelle, des femmes chefs d’entreprise.
E. V. Bien que le monde du conseil en gestion de patrimoine soit historiquement un métier d’homme, les choses commencent à bouger et nous nous rendons compte que beaucoup de femmes ont des besoins patrimoniaux. La complémentarité des compétences professionnelles se retrouve aussi dans les genres. Et, d’expérience, dans un métier où nous devons connaître le client au-delà des banalités administratives, les femmes semblent se sentir plus à l’aise à l’idée de se confier à une autre femme.
"Les cadres dirigeants s’avèrent plus dynamiques et s’autorisent plus de liberté dans leurs stratégies d’investissement"
En outre, nous observons une certaine différence dans l’approche d’investissement car les entrepreneurs ont cette dimension beaucoup plus prudente, en lien avec les risques auxquels ils ont dû faire face dans leurs parcours professionnels. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ils n’ont pas une très bonne connaissance des produits financiers, ce qui démontre qu’ils ont été des bâtisseurs et des meneurs d’hommes plus que des investisseurs dans leur ADN. En comparaison, les cadres dirigeants s’avèrent plus dynamiques et s’autorisent plus de libertés dans leurs stratégies d’investissement. Ils sont plus sensibles aux solutions directes et tangibles tout en restant mesurés. En 2022, cette différence est assez marquée entre les cadres qui identifient des points d’entrée sur les marchés et les chefs d’entreprise davantage sur la réserve et l’attente.
Quel est votre accompagnement sur la philanthropie ?
AP-V. Lors de la préparation de leurs schémas patrimoniaux, les clients montrent une réelle volonté de s’engager dans une action philanthropique. À ce titre, nous les accompagnons dans la réflexion et la mise en place des véhicules adéquats. Cela peut prendre la forme de fonds de dotation pour des causes liées à la maladie par exemple, ou encore des problématiques de gestion de droits intellectuels et artistiques. Je pense notamment à une bibliothèque photographique dont un de nos clients s’est dépossédé au profit d’un fonds de dotation ayant pour vocation la protection de l’environnement.
Quelles sont vos ambitions ?
E. V. Au-delà de notre volonté de poursuivre notre développement, l’ambition principale est de maintenir le niveau de satisfaction acquis aujourd’hui et le lien très important entre le client et son interlocuteur au sein du cabinet. Nous formons les collaborateurs à notre image pour que tous les clients aient le même niveau de qualité de réponse.
Aude, quel est votre rôle au sein de la CNCGP ?
AP-V. Je suis élue à la CNCGP en qualité de membre du conseil d’administration depuis trois ans déjà et je viens d’être réélue pour un second mandat. Je participe à la commission "prévention et contrôle des risques" ainsi qu’à celle de l’assurance RCP. Cette démarche est clé, me permettant d’appréhender, de façon précise, les exigences de nos autorités de tutelle dans l’exercice de nos activités.
Propos recueillis par Marine Fleury