Entre 2015 et 2024, le nombre de milliardaires dans le monde a augmenté de 53% passant de 1 757 personnes à 2 682, selon le rapport annuel d’UBS. Leur richesse cumulée a également bondi mais des disparités se font jour d’une région et d’un secteur à l’autre.
Milliardaires : toujours plus nombreux, surtout aux États-Unis
Le secteur de la tech rapporte beaucoup à ceux qui réussissent à créer de très belles entreprises. La fortune des milliardaires actifs dans ce domaine a triplé entre 2015 et 2024, passant de 788,9 milliards de dollars à 2 400 milliards de dollars. Ils doivent leur fortune notamment à la commercialisation du commerce électronique, les réseaux sociaux, les paiements numériques ou encore, plus récemment, dans l’IA générative, la cybersécurité, la fintech, l’impression 3D et la robotique, selon le dixième rapport annuel d’UBS sur les milliardaires dans le monde, publié le 5 décembre.
Industrie vs immobilier
Les autres secteurs ne sont pas en reste. Les grandes fortunes issues de l’industrie ont vu leur trésor global augmenter de 480,4 milliards de dollars sur la même période, pour atteindre les 1 300 milliards. Une dynamique permise notamment par les investissements des pays afin de "renforcer leur compétitivité, en particulier dans l’économie verte, pour faire face aux défis démographiques et soutenir la tendance économique à la relocalisation".
Mais tous les domaines ne sont pas à la fête. Si les milliardaires qui tirent leurs deniers de l’immobilier ont obtenu des performances similaires à l’ensemble des groupes jusqu’en 2017, ceux-ci font, depuis, moins bien que la moyenne. "Peut-être en raison de la correction immobilière en Chine, des bouleversements dans certaines parties de l’immobilier commercial dus à la pandémie de Covid-19 et des taux d'intérêt plus élevés aux États-Unis et en Europe ", analyse UBS.
Milliardaires vs marché actions
En tout, entre 2015 et 2024, le nombre de milliardaires a augmenté, passant de 1 757 à 2 682. Le pic ayant été atteint en 2021 avec 2 686 milliardaires. Il est depuis resté stable. Leur fortune cumulée a bondi de 121 % dans le monde et atteint les 14 000 milliards de dollars. À titre de comparaison, l’indice des actions mondiales (MSCI AC World) a enregistré une hausse de 73 %. "Les milliardaires ont surperformé par rapport aux marchés boursiers mondiaux", note la banque.
Sur dix ans, la fortune totale s’est consolidée mais de manière inégale. Elle a pris 10 % par an entre 2015 et 2020. Depuis, la croissance s’est enrayée, tombant à 1 % par an. Des disparités sont à signaler d’une région du monde à une autre. Les milliardaires nord-américains ont vu leur fortune croître, passant de 2 500 milliards à 3 800 milliards de dollars jusqu’à 2020. Entre 2020 et 2024, elle a pris 58,5 % de plus pour atteindre les 6 100 milliards, dopée par celle des milliardaires des secteurs industriels et technologiques.
L’accumulation de richesses a légèrement ralenti depuis 2020 en Europe de l’Ouest, dans un contexte de taux élevés
La Chine n’a pas fait aussi bien. La fortune des Chinois les plus aisés a doublé entre 2015 et 2020, date à laquelle le compteur global affichait 2 100 milliards de dollars. Depuis, elle a diminué pour tomber à 1 800 milliards. "Malgré cela, le nombre total de milliardaires reste stable", précise UBS. Dans la région Asie-Pacifique, la richesse des milliardaires indiens a augmenté de 42,1 % pour atteindre 905,6 milliards de dollars, tandis que leur nombre est passé de 153 à 185.
Du côté de l’Europe de l’Ouest, l’accumulation de richesse a légèrement ralenti depuis 2020, dans un contexte de taux élevés. En 2024, elle atteignait les 2 700 milliards, "principalement grâce aux milliardaires technologiques dans des domaines allant des logiciels à la messagerie en passant par la diffusion de musique en streaming".
Recettes d’investissement
Sur quels investissements les plus riches misent-il dans le contexte économique actuel ? "La vision des milliardaires sur les classes d'actifs évolue à un moment où les taux d'intérêt semblent entrer dans un cycle de baisse aux États-Unis et en Europe, ce qui pourrait soutenir la croissance économique." UBS rapporte qu’au cours des douze prochains mois, 43 % des milliardaires prévoient d'augmenter leur exposition à l'immobilier et 42 % aux actions des marchés développés. Dans le même temps, ils renforcent leurs investissements dans ce qu’ils considèrent être des valeurs refuges. L’or et les métaux précieux en font partie. "Cela pourrait refléter des craintes liées à un risque géopolitique accru et à l'évaluation des marchés boursiers."
Grand déménagement
Autre enseignement de ce rapport : "La pandémie de Covid-19 a été un électrochoc pour beaucoup de personnes, les incitant à remettre en question leur mode de vie. Les milliardaires n'ont pas échappé à cette tendance." Depuis 2020, ils ont déménagé plus fréquemment : 176 d'entre eux ayant changé de pays, soit environ un sur quinze. Ils se sont notamment installés en Suisse, aux Émirats arabes unis, à Singapour et aux États-Unis. "Au total, sur quatre ans, les milliardaires représentant plus de 400 milliards dollars ont émigré. Le Moyen-Orient et l’Asie attirant le plus de capital milliardaire."
Transfert de fortune
"Les nouveaux milliardaires de l'année sont principalement des "self-made", précise UBS. Les personnes devenant milliardaires pour la première fois sont au nombre de 268, dont 60 % sont des entrepreneurs. La situation est inversée par rapport à l'année dernière, où la plupart des nouveaux milliardaires étaient des milliardaires multigénérationnels ayant hérité."
Depuis 2020, 176 milliardaires ont changé de pays
Sur dix ans, les milliardaires ont reçu 1,3 milliard de dollars de la part de leurs aînés. "Ce montant sous-estime l'héritage total car de nombreux héritiers ne sont pas eux-mêmes devenus milliardaires", ajoute UBS. Au cours des 15 prochaines années, ce sont 6 300 milliards détenus par les milliardaires de plus de 70 ans qui seront transférés à leur famille et à des "engagements" (associations, fondations, etc.). Dès lors, les gestionnaires devront savoir répondre à leurs besoins malgré des profils mobiles, divers et aux préoccupations parfois différentes de celles de la génération précédente.
Olivia Vignaud