Les start-up françaises ont levé 8,1 milliards d’euros en 2024, une baisse de 10 % par rapport à l’année précédente dans des proportions similaires au reste de l’Europe. Dynamisé par les secteurs de l’IA et de l’énergie, l’Hexagone reste le second pays le plus innovant du Vieux Continent, selon une étude d’In Extenso Innovation Croissance.
La French Tech résiliente malgré une nouvelle baisse des montants levés en 2024
Touché mais pas coulé. Malgré un contexte politiquement incertain et économiquement moins propice aux levées de fonds, la French Tech ne rompt pas : le secteur conclut le cru 2024 avec une récolte de 8,1 milliards d’euros – 900 millions de moins qu’en 2023, selon les données d’In Extenso Innovation Croissance. En baisse de 40 % par rapport à son record de 2022, ce montant reste toutefois largement supérieur aux 4,7 milliards collectés avant la pandémie du Covid-19 en 2020.
Si le nombre d’opérations a diminué de 18 % après avoir atteint son pic en 2023 avec 1 010 tours de tables, la taille moyenne du ticket a lui augmenté de 14 %. Les investisseurs, certes moins nombreux, nourrissaient alors un plus grand appétit. Cependant, ce sont bien les financements d’amorçage (inférieur à 2 millions d’euros) qui ont généré le plus d’opérations, en représentant 40 % du total des montants levés.
Le raz-de-marée de l’IA
Entraîné par l’engouement autour de l’intelligence artificielle, le secteur des software tire son épingle du jeu dans l’Hexagone grâce aux 2,5 milliards d’euros amassés en 2024. Sur la seconde marche du podium, l’énergie a levé 1,6 milliard d’euros, malgré une baisse d’attractivité certaine pour le secteur, qui voit la valeur de ses tours de table baisser de 40 %. Les fintechs, grandes perdantes de l’année 2023, font leur retour avec une hausse de 57 % des financements, qui ont atteint 1,2 milliard l’année dernière.
Le transformateur SIRH, HR Path, a conclu un tour de table de 500 millions d’euros, quand les start-up de software Poolside AI et Mistral AI ont levé respectivement 475 et 468 millions d’euros
Plusieurs mégalevées ont eu lieu dans l’Hexagone. Le transformateur SIRH, HR Path, a conclu un tour de table de 500 millions d’euros, quand les start-up de software Poolside AI et Mistral AI ont levé respectivement 475 et 468 millions d’euros. Enfin, le constructeur de bornes de recharge électrique Electra a lui vu son capital augmenter de 304 millions d’euros.
L’Île-de-France, géant parmi les nains
Les disparités régionales dans les levées de fonds ont la vie dure. La région parisienne totalise 5 737 milliards d’euros levés, quand la région Auvergne-Rhône-Alpes atteint 558 millions d’euros. L’Aquitaine est la troisième région la plus dynamique avec 525 millions d’euros collectés, en hausse de 89 %.
L’Europe, entre résilience et investissement de l’étranger
Sur la scène européenne, l’Hexagone se positionne derrière les 14,4 milliards d’euros générés au Royaume-Uni, mais devant l’Allemagne et ses 7,1 milliards d’euros – un pays qui a cependant le mérite de connaître une hausse des montants levés, comme la Hollande et la Suisse. Le Vieux Contient atteint 47,4 milliards d’euros d’investissements, une baisse de 8 % par rapport à 2023 pour 6 850 opérations recensées. Les software, la santé et l’énergie dominent la mêlée et aiguisent l’appétit des investisseurs nationaux ou étrangers.
Si la BPI, le fonds européen EIC et le fonds allemand pour la tech ont réalisé le plus grand nombre d’opérations, les fonds américains renforcent eux aussi leur position
Si la BPI, le fonds européen EIC et le fonds allemand pour la tech ont réalisé le plus grand nombre d’opérations, les fonds américains renforcent eux aussi leur position. En 2024, ils ont été impliqués dans 17 % des opérations réalisées, un chiffre presque doublé par rapport aux 9 % de 2020 grâce à des investissements dans des pépites comme Mistral AI, Poolside AI ou Alan.
En parallèle, les fonds asiatiques accentuent aussi leur présence en Europe, en augmentant de 50 % le nombre d’investissements au cours des cinq dernières années. Preuve d’une grande attractivité du tissu innovant européen ou d’une fragilité croissante ? L’avenir nous le dira.
Tom Laufenburger