Très attaché aux Alpes-Maritimes, comme son père et son grand-père, Pierre Ippolito a décidé de diversifier les activités du groupe (concession, tourisme, industrie, immobilier, énergies) pour continuer à croître tout en opérant uniquement dans le Sud-Est. Un pari réussi puisqu’il a fait passer le chiffre d’affaires de 60 à 300 millions d’euros en dix ans.
Groupe Ippolito, la croissance crescendo
Pour bien appréhender la stratégie du groupe Ippolito – et surtout celle de son actuel patron Pierre Ippolito –, il faut comprendre le lien très fort qui l’unit aux Alpes-Maritimes. "J’ai été éduqué dans cet attachement à notre territoire", insiste le directeur général. Cet ancrage a été choisi par Joseph Ippolito, un ingénieur d’origine italienne qui souhaitait monter une société sur ce territoire afin de participer à son développement. La mobilité lui parut un bon moyen d’y parvenir. C’est la naissance en 1968 dans la région niçoise du concessionnaire Somi Ippolito. Ses deux fils puis son petit-fils, qui ont repris l’entreprise, ont hérité de sa mission.
Gouvernance solide
Pierre Ippolito a forgé minutieusement son parcours. À l’aube de ses 18 ans, il hésite entre des études qui l’emmèneront vers l’armée et la reprise de l’entreprise familiale. Finalement, l’ADN entrepreneurial l’emporte. Le jeune homme construit sa scolarité dans ce sens : IUT en gestion des entreprises et administration suivi d’un master 2 à la Skema Business School pour lequel il fera son alternance dans la société familiale ainsi que des cours par correspondance en vue de passer un CAP mécanique. "Je me montrais curieux, humble. Je voulais gagner en légitimité afin d’être respecté par mes équipes." Il entre au service commercial d’Ippolito, crée le département marketing tout en travaillant pour la comptabilité. Deux ans après son arrivée, son père tombe malade. Pendant six mois, Pierre Ippolito reprend ses fonctions. Au retour du chef de famille, celui-ci lui laisse la latitude pour continuer à opérer. En 2014, la troisième génération prend officiellement la direction générale du groupe.
Sa plus belle victoire ? Avoir mis en place "une gouvernance solide". Très vite, Pierre Ippolito aspire à devenir le capitaine de l’entreprise. Il réunit sa famille afin de trouver un moyen de passer majoritaire. "J’ai assumé de dire que je voulais développer rapidement le groupe et que, pour cela, je devais avoir un cadre avec lequel je sois à l’aise. La motivation, quand elle est sincère, embarque tout le monde. Nous avons réussi à faire la transition de capital et opérationnelle." Une étape qui a été un prérequis, selon lui, pour que la société passe en moins de dix ans de 60 millions d’euros de chiffre d’affaires à près de 300 millions.
"Plus un groupe grandit, plus il est difficile de le transmettre d'un point de vue opérationnel au sein d'une famille"
Quatre nouveaux métiers
Mais Pierre Ippolito a aussi la bosse du business. "Quand vous ne vous développez que sur un territoire, vous avez besoin de disposer d’une taille critique dans votre activité." C’est pourquoi le groupe s’est déployé sur toute la chaîne de valeur dans la mobilité. Mais tout miser sur une seule région dans un secteur unique s’avère risqué, d’autant plus quand celui-ci se trouve challengé par la transition énergétique. D’où une diversification intense du groupe. En 2017, Pierre Ippolito se lance dans le tourisme, en 2018 dans l’immobilier, en 2019 dans l’industrie et en 2023 dans les énergies. "Nous avons identifié les secteurs cohérents pour nous et notre territoire, explique le dirigeant, par ailleurs membre du conseil exécutif du Medef. Nous voulons devenir une ETI familiale dans chacun des domaines."
Pierre Ippolito s’était fixé de quitter le groupe une fois les 1 000 collaborateurs atteints. Il va lui falloir revoir ses plans car l’entreprise a déjà dépassé ce seuil alors que cet entrepreneur passionné n’a que 35 ans. Pour la suite, il espère consolider les activités et réussir à former ses deux enfants de 8 et 4 ans à devenir de bons actionnaires familiaux. "Plus un groupe grandit, plus il est difficile de le transmettre d’un point de vue opérationnel au sein d’une famille. Mon souhait est de transmettre l’entreprise d’un point de vue capitalistique." Et ainsi de faire perdurer la stabilité du Groupe Ippolito.
Olivia Vignaud