Arnaud Marion : P-dg des Chantiers Baudet et fondateur de Trans Consult International

« Avec les Chantiers Baudet, je suis devenu investisseur ! »

Trois cartes de visites, cela se mérite. Fondateur du cabinet de conseil Trans Consult International (TCI) en 2001, directeur artistique de la salle Pleyel à Paris, et depuis peu p-dg dans l'industrie, l’inclassable monsieur Marion est un professionnel touche-à-tout rompu à la restructuration d'entreprise, affuté et ambitieux. Pour preuve, chef d’orchestre des restructurations de la salle Pleyel, du Lido de Paris, il a également mené différentes missions de gestion de crise dans le cadre de LBO en difficultés. À cela s'ajoute un regard atypique et une certaine créativité.

 Rebel en quelque sorte, il se déclare être « un spécialiste des affaires dont personne ne veut ». À l'image du dernier dossier en date, les Chantiers Baudet, créé en 1929 dans le bassin de Saint-Nazaire, et acteur historique spécialisé dans l'agencement de paquebots et de yachts, vont bénéficier de son expertise.

En octobre 2008, moment où TCI est mandaté dans le cadre de la restructuration, l’entreprise est mal en point : des pertes estimées à 8,5 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros, et 12 millions d’euros de dettes pour des fonds propres de 1,5 millions d’euros. Séduit par l’activité, l’ex-« Andersen guy » spécialisé dans le conseil financier « haute couture », reprend les chantiers fin 2008. Arnaud Marion se lance alors à la chasse aux activités déficitaires, à la remobilisation des équipes, et à la redéfinition de la stratégie.

Au départ soutenu par la médiation du crédit, il obtient en octobre 2009 le soutien du fonds de consolidation et de développement des entreprises (FCDE). Au total, l’entreprise récolte 4 millions d’euros, dont 3,5 millions d’euros en fonds propres et quasi-fonds propres du FCDE, le solde ayant été investit par Arnaud Marion et sept managers des Chantiers Baudet.

Résultat : l’entreprise est sauvée, sans licenciement. Le chiffre d’affaires est de 15 millions d’euros, les résultats sont à l’équilibre et les dettes, elles, réduites à 1,5 millions d’euros.

Outre le sauvetage de cette institution nazairienne, ce dossier est aussi un symbole. Premier investissement du FCDE, l’opération Chantiers Baudet illustre le positionnement de ce nouveau fonds public-privé. En tant qu’investisseur minoritaire, sa mission est d’intervenir au capital de PME de croissance fragilisées par la crise.

Pour Arnaud Marion, « la vision du FCDE apporte une richesse supplémentaire dans le monde des investisseurs […] qui doivent saisir l’opportunité du contexte dégradé pour modifier leur approche. Au-delà de l’aspect purement financier, il leur faut aussi expérimenter l’intelligence des cas particuliers (…) Mais avant de changer les approches, il faut changer les hommes… », ajoute-t-il, réaliste.
Fier d’avoir « fait tenir l’entreprise sans argent frais entre octobre 2008 et janvier 2010, en travaillant sur le besoin en fonds de roulement », Arnaud Marion précise que « rien n’aurait été possible sans la motivation des cent vingt talents qui font la valeur ajouté de notre offre ».

Le nouveau président des Chantiers Baudet se veut ambitieux. Il souhaite diversifier l’entreprise dans la décoration des grands hôtels, magasins de luxe et grands yachts afin d’être moins dépendant des seuls chantiers de Saint-Nazaire. Dans un avenir proche, un changement de nom est prévu, avec « Baudet General Interior Contracting ».
Désormais, fort de ces succès, et peut-être courtisé par le public mondain de la salle Pleyel, tout l’enjeu, pour Arnaud Marion, sera d’activer son réseau pour redonner de la voix à l'acteur prolixe qui habilla les salons du Queen Mary 2 en 2003, mais aussi de savoir garder les pieds sur terre. Ainsi, la flamboyante mécanique de la « destruction créatrice », chère à Schumpeter, continuera de prospérer sous son patronage.