Depuis qu’elle a pris la tête du Nasdaq en 2017, Adena Friedman en diversifie les activités. Elle mise sur les données et les nouvelles technologies en complément des métiers boursiers traditionnels. Portrait d’une femme influente dans le monde de la tech.

L’arrivée d’Adena Friedman à la tête du Nasdaq en 2017 marquait le début d’une nouvelle ère. Première femme à prendre la direction d’une grande place boursière américaine, elle se hisse parmi d’autres noms à avoir réussi à briser le plafond de verre dans son secteur, comme Nicky Newton-King qui fut en haut de l’organigramme de la Bourse de Johannesburg ou Chitra Ramkrishna du National Stock Exchange en Inde. Adena Friedman fait souffler un vent nouveau au-dessus de la plateforme connue pour accueillir les pépites de la tech, telles que Facebook ou Alphabet (Google).

Du Nasdaq à Carlyle

Considérée par Forbes comme l’une des femmes les plus puissantes au monde, elle commence son parcours au Nasdaq où elle entre en stage après des études de sciences politiques au Williams College (​Massachusetts). Également titulaire d’un MBA de la Vanderbilt University (Tennessee), elle grimpe les marches jusqu’à être promue directrice financière de la plateforme boursière.

Défenseuse d’un "capitalisme inclusif", Adena Friedman s’exprime régulièrement sur le sujet

En 2011, elle quitte le Nasdaq pour rejoindre la société d’investissement Carlyle Group en qualité de directrice financière puis de directrice générale. Quatre ans plus tard, elle réintègre son ancienne maison en tant que COO avant de décrocher le poste de PDG.

Place à la donnée

Adena Friedman ne croit plus à ce qui a été, en partie, le moteur de la croissance des Bourses mondiales pendant des années : la consolidation. Selon elle, la plupart des rapprochements nécessaires ont déjà eu lieu et les contraintes réglementaires ne devraient pas faciliter de nouvelles fusions. La CEO mise sur d’autres chevaux pour la prochaine étape.

Au cours de ses deux premières années de mandat, elle met sur la table plus d’un milliard de dollars pour protéger le Nasdaq de la baisse des commissions de négociations et de la volatilité des revenus issus des introductions en Bourse, après avoir vu partir chez la concurrence des IPO d’entreprises de la tech comme celle d’Uber ou de Pinterest.

La patronne diversifie son groupe notamment grâce à des acquisitions dans le domaine de la donnée, que ce soit par le rachat d’eVestment et Quandl ou encore ceux de Cinnober et Sybenetix. Le cas de Quandl, une plateforme de données alternatives, est symptomatique du changement de braquet engagé par Adena Friedman. La firme propose d’autres sources que les données dites habituelles, comme les bilans financiers ou les communiqués de presse, pour analyser des titres ou un marché. Ces sources d’un nouveau genre ? Des images satellites, les réseaux sociaux ou encore le trafic aérien.

Défenseuse d’un "capitalisme inclusif", Adena Friedman s’exprime régulièrement sur le sujet. Cette fille d’un père dirigeant d’une société de gestion et d’une mère avocate est l’auteure d’une chronique dans The Economist – The World in 2020 intitulée "Idées pour moderniser le capitalisme" dans laquelle elle prédit que "la lutte pour l’âme de l’économie mondiale va se réchauffer". En attendant, ce sont les résultats du Nasdaq qui se réchauffent. Entre 2018 et 2020, le chiffre d’affaires du groupe a crû de près de 32 % à 5,6 milliards de dollars. De quoi conforter la stratégie de celle qui, à 52 ans, apporte un nouveau souffle à la finance.

Olivia Vignaud

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