Dara Khosrowshahi a été nommé PDG d’Uber par le conseil d’administration de la société californienne, dimanche 27 août, comme le révèle le New York Times. La nomination de l’ancien dirigeant d’Expedia est une surprise qui vient après l’annonce vendredi du retrait de Jeff Immelt, soutenu par le fondateur évincé du groupe de VTC, Travis Kalanick.

Les luttes de pouvoir à la tête d’Uber, qui ont constitué la saga de l’été, arrivent à leur conclusion. Le conseil d’administration fortement divisé entre les investisseurs de la Silicon Valley et le fondateur s’est enlisé dans une crise engagée en juin par la démission de Travis Kalanick. Le leadership de ce dernier a été fortement remis en cause suite aux nombreux dossiers que l’entreprise a eu à affronter et qui se sont multipliés ces derniers mois. Les relations ne cessent de se tendre entre Uber et ses chauffeurs indépendants. Waymo du groupe Alphabet accuse la société de VTC de vol de technologies essentielles au développement de voiture autonomes. Des employés dénoncent une culture d’entreprise teintée de sexisme. Enfin, M. Kalanick a fait le choix d’intégrer le conseil économique et industriel du président Trump, aujourd’hui dissout. En conséquence, des centaines de milliers d’utilisateurs ont supprimé leurs comptes Uber en guise de protestation lors de l’instauration du « Muslim Ban ».

En juin, les investisseurs se rebiffent, en tête desquels Benchmark, une entreprise de capital risque, actionnaire à hauteur de 13 %. Face à eux, Kalanik et ses alliés disposent de la majorité des droits de votes. Les deux groupes se polarisent et semblent atteindre une impasse pendant deux mois. De nombreux noms de potentiels successeurs circulent alors. D’un côté Jeff Immelt, qui a dirigé le groupe General Electric, a les faveurs de Travis Kalanick mais son manque d’expérience dans le domaine des nouvelles technologies joue en sa défaveur. Les investisseurs lui préfèrent Meg Whitman, PDG de Hewlett Packard, qui en plus de son expérience offre le gage de la fermeture définitive du chapitre sexiste de l’entreprise. Si elle a publiquement refusé l’offre en juillet, il apparait que les discussions se sont poursuivies sans pour autant pouvoir atteindre un accord.

645 millions de dollars de pertes au S2 2017

Dara Khosrowshahi, bénéficiant donc de cette confusion, s’est imposé dimanche comme le successeur de Travis Kalanick. Diplômé en ingénierie de l’Université Brown, il commence sa carrière dans le secteur bancaire en tant que vice-président de l’investissement bancaire chez Allen&Co. Après cette expérience, il rejoint IAC où il travaille en collaboration avec Matt Cohler, membre du conseil d’administration d’Uber, sur le développement commercial de Tinder. Ce contact n’étant peut-être pas étranger à sa nomination. Depuis 2015, l’homme d’affaires dirige l’entreprise de réservation de voyage en ligne Expedia. Ayant lui-même fuit l’Iran après la révolution de 1979, il porte un engagement en faveur des immigrés et, contrairement à son prédécesseur, une ferme opposition à l’actuel président des États-Unis.

S’il hérite d’une entreprise fragilisée par les scandales et toujours largement déficitaire, force est de constater qu’Uber reste l’entreprise non-publique la mieux valorisée du monde à hauteur de 70 milliards de dollars. De plus, les derniers chiffres dévoilés par l’entreprise sont plutôt encourageant, avec une hausse de 150 % du nombre de courses depuis un an, elle voit ses pertes passer de 991 millions fin 2016 à 645 millions de dollars au deuxième semestre de 2017. L’entreprise remonte doucement la pente, il ne tiendra qu’au talent de Dara Khosrowshahi, à l’heure où il prend le volant, d’éviter de nouveaux scandales, de naviguer entre les investisseurs et le fondateur, pour ne pas prendre une autoroute vers l’enfer.

Maxime Benallaoua

 

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