Le distributeur de solutions de sécurité informatique, Exclusive Networks, avait annoncé vouloir dépasser le milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2017 … C’est désormais chose faite. Olivier Breittmayer, P-DG du groupe, nous explique ce succès.

Décideurs. À vos côtés depuis 2010, Omnes cède, en juillet dernier, sa participation à l’investisseur Copeba. Quels changements stratégiques sont à attendre ? 

Olivier Breittmayer. Aucun. On a choisi Cobepa car leur façon de fonctionner est assez similaire à celle d’Omnes. Aujourd’hui, Cobepa est un actionnaire majoritaire, avec une gouvernance de minoritaire. La gouvernance réelle d’Exclusive Networks reste au management de l’entreprise, qui garde la main sur la stratégie à mettre en place, le développement, etc. Tout est strictement  précisé dans le cahier des charges. Il était primordial que le nouvel investisseur le permette.

 

Décideurs. Comment s’organise le capital d’Exclusive Networks aujourd’hui ? 

O. B. Le management (75 managers du groupe) détient 41 % du capital. Cobepa et Edmond de Rothschild Investment Partners (Edrip) se partagent les 59 % restants. Il s’agit d’un retour pour Edrip, qui avait déjà investi dès 2007. Aujourd’hui son investissement est beaucoup plus important qu’à l’époque.   

 

Décideurs. Comment s’organisent vos relations avec l’actionnariat ?

O. B. Nous jouons la transparence avec nos actionnaires et les consultons régulièrement. Il s’agit de professionnels de l’investissement et, hormis leur apport financier, ils nous offrent leur expertise  sur des projets de développement et une aide particulièrement appréciée pour structurer certains deals. Grâce à eux, notre première acquisition en Asie s’est très bien passée. 

 

Décideurs. Vous faites référence au rachat, en janvier dernier, de Transition Systems Asia (TSA), qui constitue la plus importante opération de croissance externe de votre histoire. Comptez-vous poursuivre cette conquête internationale en 2016 ? 

O. B. Bien sûr. Nous sommes très attentifs au marché asiatique. Nous convoitons encore un certain nombre de zones sur ce continent : Hongkong, Corée, Chine, Japon … Mais ce ne sont pas les plus simples. Sinon, les États-Unis nous intéressent. Nous essayons de ne pas nous disperser.

 

Décideurs. Et comment expliquez-vous ce succès ? 

O. B. D’abord le marché de la cybersécurité est en plein essor, et notre positionnement y est particulier. Nous ciblons des acteurs qui connaissent une forte croissance (30 % à 50 %, quand le taux moyen est situé aux alentours de 9 %). Ce sont leurs résultats qui, combinés à nos opérations de croissance externe expliquent notre réussite. 

D’un autre côté, nos concurrents réalisent entre 6 et 25 milliards de dollars de revenus par an, et leur agressivité augmente à mesure qu’ils prennent conscience qu’on existe. Pour contre-attaquer, ou au moins nous défendre, il nous faut gagner en taille. C’est pourquoi en 2013, j’ai présenté aux employés du groupe, un plan stratégique visant à dépasser la barre du milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2017. Ils m’ont pris pour un fou car à l’époque nous faisions 230 millions d’euros. L’objectif était de stabiliser le taux de croissance annuelle à 20 % ou 30 % et de réaliser des acquisitions ciblées sur des zones déterminées. En suivant ce programme à la lettre, nous avons pris presque deux ans d’avance sur nos prévisions et cette année avec TSA, nous allons réaliser 1,2 milliard d’euros. Désormais, le nouvel objectif consiste à doubler nos revenus tous les deux ans. Pour cette année, c’est quasiment fait, maintenant il nous faut maintenir le cap. 

 

Décideurs. Quelle est la principale difficulté que vous ayez rencontrée depuis votre arrivée en 2005 ? 

O. B. Quand on passe de 6 millions d’euros de chiffre d’affaires à 1,2 milliard, il faut que le siège et la structure suivent. Cela implique une adaptation de la part des équipes. Malheureusement, certains éléments très bons un temps ne parviennent pas à suivre le rythme et nous sommes obligés de nous en séparer, car, pour continuer à avancer et à être bon, il nous faut d’excellents techniciens.  

 

 

Propos recueillis par Hania Aït-Taleb

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