Nous voulons continuer de développer les activités liées aux métiers transactionnels
Décideurs. Vous avez été lauréat des Trophées des leaders de la finance, à quoi attribuez-vous votre victoire ? Quels sont les chantiers dont vous êtes le plus fier ?

Michel-Alain Proch.
Avec mes équipes, nous sommes très fiers et très heureux d’avoir reçu ce trophée. Deux éléments principaux expliquent ce succès qui vient couronner deux années particulièrement riches, marquées notamment par l’acquisition des activités informatiques de Siemens (SIS). D’une part, la direction financière d’Atos a réussi à se structurer pour organiser les due diligences de SIS, responsabilité classique, mais sur une période de temps relativement courte (juillet-décembre 2010).

Elle a été au cœur de la négociation, tout en continuant à gérer au quotidien les affaires essentielles à la bonne marche de l’entreprise. Le résultat a été une structuration de l’opération saluée par le marché car elle garantit la protection des intérêts d’Atos, la sauvegarde de la trésorerie et des perspectives de forte augmentation du bénéfice par action. D’autre part, nous avons également mené de bout en bout les négociations post-transaction. La réduction du prix de 160 millions d’euros a ainsi contribué au désendettement du groupe dès le premier trimestre 2012 alors qu’il était attendu à la fin du premier semestre 2012.

Décideurs. Votre acquisition de Siemens se fait à rebours de la tendance à investir dans des pays émergents. Vous avez donc choisi en priorité des marchés profonds à forte marge…

M.-A. P.
Nous sommes en réalité face à une acquisition véritablement transformante, malgré le galvaudage de l’expression. Notre objectif, atteint, était de devenir leader européen. Nous prenons d’abord position sur notre marché domestique, l’Europe, pour ensuite nous projeter vers l’Asie et les États-Unis. Il est rare de trouver une cible aussi complémentaire en matière de métiers et de géographies. À l’heure actuelle, nous continuons de regarder le marché en Asie notamment, comme toujours avec précaution, pour ne pas risquer ni de surpayer, ni de nous tromper. L’acquisition de SIS, qui réalise 75 % de son chiffre d’affaires en infogérance informatique, a permis de créer le leader européen en la matière. En ce qui concerne la complémentarité métier, elle affiche des compétences en solutions spécialisées en sécurité nationale, également importantes.

Décideurs. Quelle lecture faites-vous de l’évolution du positionnement des entreprises d’IT ? Comment se positionne Atos ?

M.-A. P.
Depuis dix ans un fort mouvement de différentiation est apparu, quand, auparavant, tous les acteurs de l’IT se positionnaient sur le même mix composé d’infogérance, de régie et d’intégration de systèmes. Nous nous sommes plus particulièrement positionnés sur les métiers transactionnels et sur l’infogérance, quand d’autres se plaçaient davantage sur des métiers plus cycliques, de conseil et de régie notamment. Les services informatiques constituent un secteur très concurrentiel. Pour maintenir une position de leader, Atos doit constamment innover et faire face à une pression sur les prix.

D’après la dernière étude publiée par Gartner, la valeur du marché des services informatiques a atteint environ 570 milliards d’euros en 2011, avec une croissance prévue d’environ 3 % par an sur la période 2011-2013. Les activités directes de support pour le matériel et les logiciels s’élèvent à 101 milliards d’euros sur le marché des services informatiques sur lequel Atos n’est pas présent. Ce qui laisse au groupe un marché cible (« services professionnels ») d’environ 469 milliards d’euros, dont un tiers est localisé en Europe (soit 147 milliards d’euros), marché principal du groupe aujourd’hui. À l’issue de l’acquisition de SIS, Atos est devenu le premier acteur informatique européen en Europe et le huitième dans le monde.

Décideurs. Quels sont les axes de croissance que vous voyez se dessiner dans les prochaines années ?

M.-A. P.
Nous voulons continuer à développer les activités liées aux métiers transactionnels, soit la gestion de la chaîne des paiements et des services Internet, qui représente aujourd’hui 20 % de notre chiffre d’affaires. Nous poursuivrons également notre développement dans le cloud qui est la révolution à la fois technologique et de business model la plus importante des dernières années. Dans ce contexte, l’accord stratégique que nous avons annoncé il y a quelques semaines avec EMC et VMware prend toute sa valeur.

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