La plupart des médias en ligne iront vers un modèle hybride de monétisation de leur audience
Décideurs. Comment expliquez-vous qu’Hi-media ait survécu à l’éclatement de la bulle Internet, qui a pourtant signé l’arrêt de mort de nombreuses autres start-up ?

Cyril Zimmermann. Je suis convaincu que la réussite du groupe n’est pas seulement attribuable aux idées qui ont porté son développement, mais aussi à la chance que nous avons eue, en particulier au début des années 2000. En termes de calendrier tout d’abord : l’éclatement de la bulle Internet en mars 2000 et l’introduction en Bourse d’Hi-media en juin de la même année se sont produits de manière quasi-simultanée. Lorsque la Bourse a commencé à plonger, la société venait d’achever sa campagne auprès des investisseurs et s’apprêtait à lever des fonds. Ces capitaux, initialement destinés à financer son développement dans un contexte de forte croissance, lui ont en définitive surtout permis de traverser la crise.
Autre aubaine : les actionnaires qui avaient choisi de nous faire confiance en pleine ascension ont maintenu leurs participations au capital pendant la période difficile. Les différentes entités du groupe Dassault notamment, qui avaient investi en 1999 dans une société de moins de vingt personnes réalisant 3 millions d’euros de chiffres d’affaires, ont continué à soutenir Hi-media dans la tempête et n’ont quitté le vaisseau qu’en 2006. Enfin, le fait d’être une entreprise jeune a également facilité les choses. Avec une moyenne d’âge de 25 à 30 ans, les collaborateurs qui ont dû subir la baisse de l’activité et la réduction de la structure ont su faire preuve de flexibilité et de compréhension.

Décideurs. Quelle réflexion vous a amené à diversifier les activités d’Hi-media à partir de 2003 en développant une branche dédiée aux solutions de micropaiement ?

C. Z. La crise des années 2000 a rendu nécessaire de mener une véritable réflexion sur le financement des médias en général, et de l’Internet en particulier. Elle a montré qu’il n’est pas sain pour les éditeurs de contenus d’être exposés aux cycles du marché publicitaire comme seul mode de financement. Dans le cas d’Hi-media par exemple, les pertes d’annonceurs enregistrées en 2001 ont contribué à un déclin radical du chiffre d’affaires d’environ 60 % sur cette période. Il était donc indispensable de développer, en complément des recettes générées par la publicité, d’autres formes de rentabilisation des contenus en ligne.
C’est ainsi que nous avons pénétré le marché du micropaiement, d’abord grâce au rachat en 2003 de la technologie Mobiquid. Cela nous a permis de développer en interne la solution de micropaiement en ligne Mediapass pour ensuite la fusionner à la plate-forme AlloPass rachetée en 2006. Cette activité, aujourd’hui aussi importante en termes de chiffre d’affaires que celle de notre régie publicitaire, lui est tout à fait complémentaire. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de monétiser l’audience des sites Internet : qu’ils soient édités par nos clients ou par la branche publishing de Hi-media ; et qu’ils choisissent un modèle de gratuité financé par la publicité ou qu’ils privilégient les contenus payants.

Décideurs. Selon vous, où doit se situer la frontière entre l’information gratuite et le contenu payant ?

C. Z. Tout dépend du type d’information et de contenu dont il est question. Il est d’ailleurs fort probable que la plupart des médias en ligne évoluent à terme vers un modèle hybride de monétisation de leur audience, mêlant le gratuit et le payant. L’enjeu est de trouver le juste équilibre entre les deux, et surtout de parvenir à mettre en place de nouvelles formules de médias à même de provoquer l’acceptation du paiement par le lecteur lorsque cela est pertinent.
C’est dans le souci d’explorer de nouveaux formats potentiels d’information qu’Hi-media a lancé en juin 2011, avec le journaliste Vincent Nouzille, le livre multimédia La France des réseaux (www.lafrancedesreseaux.com). Disponible en ligne, il permet grâce à différentes formules d’abonnement d’accéder aux contenus des enquêtes publiées chaque semaine sur les principaux réseaux d’influence de l’Hexagone, sous un format au croisement du livre, du magazine et du web-documentaire.

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