« On constate une réelle convergence entre les activités télécoms, informatique, Internet et médias »

Décideurs. Quel regard portez-vous sur le marché des télécoms et sur son évolution ?

Bradley Joslove.
On constate une réelle convergence entre les activités télécoms, informatique, Internet et même médias, au point qu’il devient difficile d’établir une séparation claire entre les rôles respectifs des différentes parties en présence. Les frontières se brouillent, les acteurs aux métiers jusque-là bien différenciés tendent à avoir des activités de plus en plus transverses. Apple, Google, Microsoft, Facebook ou encore Samsung sont de plus en plus en concurrence. En tant que tels, les télécoms n’existent plus. Le terme « communications électroniques » est plus exact, en ce qu’il englobe différents types de contenus, la transmission de vidéos, jeux, services, etc.

Auparavant, les télécoms étaient à la tête des opérations, à présent l’informatique a envahi le secteur : si l’accès au réseau reste l’apanage des opérateurs télécoms, l’accès direct aux données est entre les mains des opérateurs informatiques. Cela leur confère un pouvoir énorme. La plus grande valeur ajoutée est dans les contenus et non plus dans le réseau. La plus-value se situe également dans l’accès au client final, ce qui fait la force d’Apple ou de Facebook.
C’est une guerre extraordinaire qui est en train de se jouer.

Décideurs. Comment appréhendez-vous l’issue de la bataille ?

B. S.
Dans ce secteur, il est impossible de parler de long terme. Qui aurait prévu il y a quelques années encore la valorisation de Facebook, le succès de Zynga ou la renaissance d’Apple ? En ce qui concerne le moyen terme, Apple et Google semblent bien positionnés, notamment parce qu’ils apportent la meilleure réponse existante à l’usage indifférencié des écrans. Leur prochain front sera d’ailleurs vraisemblablement celui de la télévision.

En tout état de cause, le secteur connaît, et connaitra encore, un effet de consolidation accru. Ne serait-ce que parce que l’utilisateur recherche la simplicité d’accès et que les nouvelles bonnes idées émergentes font l’objet de rachats pour les géants déjà bien en place.

Décideurs. Si les frontières du métier s’estompent, c’est aussi le cas des frontières nationales…

B. S.
L’époque d’une industrie informatique nationale, française de surcroît, est révolue. On pourra de moins en moins identifier telle ou telle entreprise comme française. À la fois en ce qui concerne son activité ou la localisation de ses salariés (combien de sociétés informatiques françaises ont en réalité davantage de salariés en Inde qu’en France ?), qu’en ce qui concerne l’actionnariat, de plus en plus éclaté. Même les plus petites sociétés opèrent des lancements dans plusieurs pays à la fois… S’il n’y a pas de frontières sur Internet, il y en a également de moins en moins du point de vue de l’organisation corporate ou de l’actionnariat…

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