"Les télécoms devraient sortir renforcés des transformations importantes vécues en 2012"
Décideurs. L’arrivée d’un quatrième opérateur téléphonique – Free – a-t-elle bouleversé l’économie des télécoms comme beaucoup le prévoyaient ?

Jean-Ludovic Silicani.
L’effet « dévastateur » qu’une grande partie des observateurs avançait n’a pas eu lieu. L’arrivée de Free sur le marché a pris une place importante, et rapide de surcroît, sur le marché. Force est d’admettre néanmoins qu’il n’y a eu de désastre ni sur l’emploi, ni sur l’investissement, ni sur l’économie. Et ceci pour trois raisons au moins.
Est-ce un miracle ? Est-ce un exercice de prestidigitation ? Aucunement. Nous sommes entrés dans un nouveau modèle économique des télécoms. Ce secteur constitue bien une « industrie de services » et génère donc des gains de productivité, comme le fait l’industrie depuis deux siècles. Être plus efficace, éviter des gaspillages, avoir une meilleure organisation et porter l’innovation : on est loin de l’image habituelle du low cost.
L’industrie des télécoms n’est pas non plus un secteur « mature », comme on l’entend ou le lit souvent. Il reste en croissance. Son chiffre d’affaires a crû de 70 % en quinze ans quand les prix baissaient de 25 %, et la demande est restée très forte en 2012, en dépit d’un contexte économique général difficile. Et tout porte à croire que cela va continuer et s’accélérer avec le très haut débit fixe et le mobile.
Troisième caractéristique : les télécoms sont au centre d’un cercle vertueux. L’efficacité des télécoms permet à toute l’économie d’être plus performante. Ils sont au cœur de l’économie numérique, qui est, elle-même, au centre de l’économie en général. Ce secteur est donc à la fois la condition de l’efficacité de toute l’économie et il bénéficie, en retour, de la croissance de l’efficacité de l’économie. Il devrait sortir renforcé des transformations importantes qu’il a vécues en 2012.


Décideurs. Pensez-vous, à l’instar de la dernière étude d'Exane BNP Paribas et Arthur D. Little que les opérateurs ont un peu surestimé le rebond de leur chiffre d’affaires avec la LTE et, qu’en d’autres mots, la LTE n’est peut-être pas la « poule aux œufs d’or » imaginée par beaucoup ?

J.-L. S.
Il y a plusieurs lectures de cette étude. Une lecture négative est possible, mais il faut plutôt en retirer que la 4G peut être simplement favorable ou très favorable aux opérateurs – et c’est le sens des recommandations du rapport. Pour ce faire, on y trouve une forte insistance sur les services proposés par la 4G, c'est-à-dire sur les modèles d’affaire qui peuvent être développés pour valoriser cette nouvelle technologie.
Il faut que les opérateurs, au lieu de se lancer dans une guerre des prix, sachent valoriser la 4G, comme un service nouveau de très haute qualité. Ces services nouveaux doivent conserver une valeur, sans doute différenciée selon les offres des opérateurs qui doivent être en mesure de proposer des services innovants. Une tarification distincte permettra ainsi de sortir par le haut. La solution demeure donc entre les mains des opérateurs.

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