Face à la menace des géants du Web, ou à celle des start-up qui redéfinissent l’expérience client, les acteurs traditionnels de l’assurance n’ont pas d’autre choix que de réinventer leur modèle de distribution.

Dans un environnement fortement concurrentiel, transformé par les assurtechs, les acteurs traditionnels de l’assurance sont confrontés à un défi sans précédent : repenser leurs modèles économiques en se tournant notamment vers l’open insuring ou l’assurance ouverte.

Origine et définition du concept  

Tout comme l’open banking (introduit par la directive européenne sur les services de paiement (ou DSP2, dont l’objectif est, entre autres, de mettre en place des normes de sécurité plus strictes pour les paiements électroniques), l’open insuring permet l’ouverture des systèmes d’information des assurances et par là même le partage des données de leurs clients à des tiers au moyen d’une interface de programmation (ou API pour application programming interface). À titre d’illustration, les offres de plusieurs compagnies d’assurance pourront être comparées sur un site internet car ce dernier aura sollicité leurs données grâce aux API. Pour une entreprise, ne pas utiliser cette nouvelle technologie aujourd’hui, c’est comme ne pas avoir de site internet. En plus d’être un vecteur d’innovation, c’est aussi un facteur de différenciation.

Une impulsion réglementaire  

Parce qu’elle vise sa souveraineté numérique, l’Union européenne reconnaît l’importance d’une innovation centrée sur l’amélioration de l’accès aux données et sur leur utilisation. Après l’open banking qui a révolutionné l’industrie bancaire, la Commission européenne envisage dans sa stratégie de finance numérique dévoilée en septembre 2020 de mettre en place un cadre de "financement ouvert" d’ici 2024 et de proposer ainsi une législation d’ici 2022. Ce qui ne manquera pas de toucher les compagnies d’assurances, celles-ci étant des sociétés financières. Du fait du volume des données générées par le secteur de l’assurance et de la sensibilité de certaines informations telles que celles liées à la santé, une régulation de l’open insuring s’avère cruciale pour renforcer la protection des données personnelles des clients.

S’il n’existe pas encore de cadre légal européen, certains assureurs prévoyants ont déjà commencé à adopter l’assurance ouverte. C’est le cas de l’entreprise française Wakam, anciennement La Parisienne, qui a décidé depuis 2017 de proposer ses produits sous forme d’API.

Hors du continent, le leader mondial de l’assurance, Ping An of China a également pris le virage de l’open insuring six ans plutôt, en migrant toutes ses activités vers une plateforme cloud, sur laquelle peuvent se "brancher" d’autres acteurs tels que les start-up.

L’optimisation de la relation client  

L’écosystème assurantiel, en pleine mutation, contraint les acteurs à se réinventer afin de répondre aux nouveaux besoins des clients. Dans ce contexte, l’open insuring présente de nombreux avantages, notamment en permettant aux assureurs de proposer des offres sur mesure grâce au croisement de leurs données internes avec celles collectées auprès d’autres plateformes partenaires ou concurrentes. Ce suivi détaillé de l’évolution des demandes des assurés favorise in fine le développement de produits innovants par une approche centrée sur l’expérience client. De même, la possibilité offerte à tous les acteurs du marché d’obtenir des informations par un moyen technologique commun, l’API, garantit des services plus transparents.

D’autre part, l’innovation induite par l’open insuring conduit à la réduction des coûts administratifs et opérationnels du fait de la plateformisation des services. Ce qui permet de les proposer à un prix plus bas, dans l’intérêt du consommateur.

Enfin, la distribution de produits par le biais des API permet de simplifier le parcours de l’utilisateur final et l’interaction avec l’assureur. En quelques clics, le client peut accéder par exemple à l’ensemble des contrats d’assurance qu’il détient et les modifier ou encore visualiser l’historique de ses paiements et gérer ses factures. Sur la même application, l’entreprise de son côté peut également coordonner toutes ses opérations, qu’il s’agisse par exemple de la facturation ou de l’ajout de nouveaux produits.

Un écosystème favorable au développement de partenariats 

Si l’entrée des assurtechs sur le marché a dynamisé la concurrence et modernisé le secteur de l’assurance, les relations entre assureurs et start-up ont rapidement été placées sous le signe des partenariats plus que de la rivalité. Loin d’être une menace pour les acteurs traditionnels, l’open insuring représente une opportunité de renforcer cette dynamique de partenariats avec les assurtechs. Ces nouveaux entrants peuvent bénéficier d’une importante base de données clients, en plus de l’image de marque et de l’appui financier des assureurs. En contrepartie, ceux-ci peuvent s’offrir les capacités d’innovation ainsi que la souplesse des "jeunes pousses" en matière d’organisation et d’offres. Une combinaison gagnante dont le client en tire pleinement profit.

Yannick Tayoro 

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