Directeur des risques et des assurances du groupe Capgemini, Alain Ronot présente un état des lieux des nouveaux aléas et des recommandations pour s’en prémunir. Il revient également sur les enjeux du risque RH à l’ère post-covid.

Décideurs. En tant que risk manager de Capgemini, comment contribuez-vous à la résilience du groupe face à la crise sanitaire ?

Depuis le début de la pandémie du Covid-19, je participe activement à la résilience du groupe Capgemini, d’une part au sein de la cellule de crise puis en tant que partie prenante au projet New Normal. Le groupe analyse annuellement l’évolution de l’ensemble de ses risques et des plans d’action sont mis en place pour les risques critiques afin de réduire leurs expositions, cette crise sanitaire a été l’occasion d’effectuer une nouvelle revue. Il a fallu également réviser nos programmes d’assurances – non-vie, de personnes, ainsi que celles couvrant la mobilité de notre personnel – dans une période de crise marquée par un retournement du marché de l’assurance et de la réassurance. S’il est vrai que nous avons su faire face aux risques liés à la crise sanitaire actuelle, nous avons continué de mener nos missions traditionnelles de gestion de risques notamment en matière de prévention contractuelle, la poursuite des audits de nos sites, les conseils à nos équipes opérationnelles sur les nouveaux projets, etc.

Quels sont les nouveaux enjeux induits par la crise du Covid-19 pour ce qui est des risques ?

La crise sanitaire a transformé le monde du travail et obligé les entreprises à repenser leurs méthodes de collaboration. L’une de ces grandes transformations réside dans le recours accéléré au télétravail, une tendance qui risque de s’imposer durablement. De ce fait, on pourrait voir apparaître, en plus des risques traditionnels de nouveaux risques majeurs liés notamment à la santé et à la gestion des ressources humaines. Il s’agit en particulier de risques psychosociaux (burn-out, addiction, perte de motivation), des troubles musculosquelettiques et oculaires, de l’absentéisme ou encore de la difficulté à attirer et retenir des talents dans un contexte de travail à distance. Au-delà des risques liés aux personnes, il existe d’autres enjeux tels que la sécurité informatique, les risques cyber et la confidentialité pendant le télétravail.

" Le plan de continuité d’activité comme outil de résilience "

Comment appréhender voire anticiper ces défis à venir ?

Il est évident qu’un retour permanent sur site ne peut être envisagé à court terme. De même que le télétravail ne peut être appliqué à 100 % en raison de la nature de certaines activités. Cette configuration mixte du mode d’organisation du travail nous oblige à aménager nos environnements professionnels de sorte à les rendre plus flexibles et modulables. Ainsi, nous pourrons continuer à attirer les talents et répondre efficacement aux enjeux de demain. Autre point important : la crise a confirmé que nous sommes bel et bien dans un monde changeant. Il est alors essentiel pour les entreprises de mettre en place des plans pour assurer la continuité de leurs activités. Il y va de leur résilience. Enfin, un dernier défi consiste à promouvoir le développement durable qui s’impose de plus en plus comme un axe majeur dans la stratégie des entreprises.

Vous coprésidez la commission RH de l’Amrae. Quelles sont vos missions ?

Effectivement, Rachel Guibert (directrice des assurances du groupe Publicis) et moi-même sommes chargés d’animer une communauté d’experts et de risk managers afin d’échanger sur les bonnes pratiques en matière de gestion du risque RH. Son évolution au cours de ces dernières années nous impose de mener des réflexions en vue de remodéliser les cartographies des risques, les couvertures d’assurance y compris au sein des sociétés captives et la prévention wellness au sein des grandes et moyennes entreprises.

Selon vous, existe-t-il une juste gouvernance entre les équipes RH et risk manager au sein des grands groupes ?

Chez Capgemini, la complémentarité entre la direction risques et assurances et la direction DRH est une réalité. Nous travaillons en étroite collaboration aux niveaux local et global, afin de cerner l’ensemble des risques auxquels le groupe peut être exposé et mettre en place des couvertures d’assurances adéquates. Toutefois, il me semble que d’un point de vue général, cette gouvernance entre les équipes risk management et RH reste un objectif à atteindre au sein de nombreuses grandes entreprises. Pour y arriver, une implication du top management demeure nécessaire car un tel projet ne peut aboutir que si des décisions stratégiques sont prises au plus haut niveau de l’organisation, puis déployées.

À quoi va ressembler le « new normal RH » à l’ère post-Covid ?

Ce concept traduit la mise en place d’une nouvelle organisation qui va tenir compte notamment de l’évolution de l’environnement de travail et des risques humains au sein des entreprises. Il s’agira par exemple de repenser la gestion des équipes dans un environnement de travail à distance (la manière de les motiver et d’évaluer leur performance) et de définir une nouvelle politique de bien-être au travail.

Propos recueillis par Yannick Tayoro

Prochains rendez-vous

02 octobre 2024
Sommet du Droit en Entreprise
La rencontre des juristes d'entreprise
DÉJEUNER ● CONFÉRENCES ● DÎNER ● REMISE DE PRIX

Voir le site »

02 octobre 2024
Rencontres du Droit Social
Le rendez-vous des acteurs du Droit social
CONFÉRENCES ● DÉJEUNER  

Voir le site »

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail

GUIDE ET CLASSEMENTS

> Guide 2024