François de Senneville : « Notre offre permet de relever le défi des entreprises : gérer la complexité du continent»
Décideurs. Vous êtes récemment arrivé chez Fieldfisher où vous dirigez le desk Afrique…
François de Senneville. Le cabinet Fieldfisher a la force de frappe d’un réseau international majeur. Cela nous permet, avec Cecily Davis, de mettre en place un business model unique avec l’implication de nos associés dans nos différents bureaux, chacun dans son domaine d’expertise. Nous coordonnons leurs interventions sur les projets africains de nos clients et nous gérons l’interface avec notre réseau d’experts indépendants sur le continent.
Notre offre nous permet d’assurer un service complet à nos clients, qui va au-delà de la simple expertise juridique et fiscale. Notre but est de les accompagner – à la fois au niveau des recherches de cibles, de la structuration des joint-ventures, des négociations et de la due diligence – et d’asseoir leur croissance sur le continent. Nous sollicitons l’intervention d’experts non avocats (conseils en stratégie, experts en big data, etc.) à chaque fois que leurs interventions s’avèrent nécessaires pour les projets de nos clients.
Décideurs. Vous avez des années d’expérience sur le continent.
F.d.S. Je suis en effet intervenu sur une grande variété d’opérations, ce qui permet aujourd’hui de structurer des offres de services à la fois pour des grands groupes et des PME. J’ai capitalisé sur ce savoir-faire acquis lors de longues années d’expérience dans les « Big Four » pour l’adapter et créer un business model unique pour l’Afrique.
Par ailleurs, les aspects culturels sont éminemment importants et en tant qu’Africain de Maurice, j’ai une connaissance naturelle de la culture africaine, ce qui fait une véritable différence. Je veille à ce que notre offre de services soit adaptée aux besoins de nos clients sur le continent.
Décideurs. À quoi doit faire face une entreprise désireuse de s’implanter ou d’accélérer son développement sur le continent??
F.d.S. Le réel challenge des entreprises est de gérer la complexité du continent. Elles doivent en priorité compléter leur équipe interne en intégrant d’autres talents extérieurs, experts du continent. Les entreprises doivent ensuite être accompagnées pour que leur projet soit sécurisé et optimisé. Les taux d’imposition africains sont souvent très élevés et dépassent régulièrement les taux britanniques et/ou français. Le continent détient le record mondial de la fiscalité des PME. Évidemment, ce phénomène a des conséquences directes sur l’économie du continent. In fine, il amène les acteurs économiques à limiter leur présence sur le continent et l’île Maurice l’a bien compris?! Son ambition est d’être la porte d’entrée des investissements en Afrique et d’être ainsi le trait d’union entre le monde et le continent. Ce micro état africain met en avant sa stabilité politique, le niveau de ses infrastructures, sa fiscalité « raisonnée », entre autres, pour s’organiser et proposer aux groupes internationaux un cadre adéquat pour qu’ils y logent leurs quartiers généraux, holding intermédiaires et autres services hub dont ils ont besoin pour le développement de leurs activités en Afrique.
Décideurs. Comment voyez-vous les récentes évolutions en Afrique, notamment au regard des secteurs économiques??
F.d.S. Sur le continent, contrairement aux idées reçues, les revenus dérivés des services sont déjà supérieurs à ceux des matières premières. L’émergence des mégalopoles africaines et le développement de sa classe moyenne permettent à de nombreuses sociétés de services d’y prospérer. C’est d’ailleurs une grande chance pour les entreprises françaises qui voient dans ce phénomène une opportunité de croître en Afrique. Les savoir-faire spécifiques français notamment dans le domaine de la construction, le traitement des eaux et des déchets, entre autres, y trouvent nombre d’opportunités.
E.S.