Sekri Valentin Zerrouk se met à l’heure de l’économie collaborative
Décideurs. Pour quelles raisons avoir développé des tels outils ?
Jean-Marie Valentin. Nous avons réalisé une étude sur les attentes de nos clients et de nos collaborateurs. Le constat est clair : ils recherchent plus de proximité, de réactivité, de suivi, de transparence sur les honoraires, de simplicité dans l’exécution, des périmètres d’interventions différents en fonction des sujets et des enjeux… La mobilité, le travail en équipe, l’automatisation des tâches à faible valeur ajoutée, la mesure de la satisfaction sont des besoins exprimés à la fois par les entreprises et par les collaborateurs du cabinet. Faire adopter à SVZ tous les codes de la relation client et de l’économie collaborative nous semblait donc impératif.
Nous avons fait appel aux meilleurs spécialistes de la relation clients et des solutions numériques collaboratives afin de parler le même langage que de nos clients et de développer des outils qu’ils puissent adopter naturellement. Fort de ce travail, viennent d’être lancées deux innovations majeures : le Legal Cluster, une communauté d’experts structurée et coordonnée par SVZ, constituée client par client, pour répondre aux enjeux juridiques spécifiques de chacun d’entre eux, et mySVZ une plate-forme digitale collaborative créateur de nouveaux services inédits.
Décideurs. Vous êtes-vous inspirés d'un modèle anglais ou américain ?
Franck Sekri. Nous nous sommes inspirés de tout le potentiel de l’économie collaborative pour l’adapter au monde du droit des affaires. Quelques initiatives intéressantes ont été lancées dans le monde anglo-saxon mais sur une approche soit low cost, soit purement commerciale. Ce n’est pas du tout notre modèle : nous sommes des avocats d’affaires passionnément au service de nos clients.
Nous proposons à nos clients d’avoir accès au plus beau cabinet du monde, fort de ses experts et non de la compilation de marques, à des prix fair cost. Lors d’une récente conférence de la profession à New York sur l’innovation des cabinets d’avocats, nous étions le seul français. J’ai pu constater que tout le monde tourne autour de cette idée mais personne n’est en mesure de la concrétiser car elle heurte les modèles historiques sur lesquels certains acteurs ont bâti leur succès.
« Beaucoup de clients ont le sentiment de devoir s’adapter aux cabinets d’avocats avec lesquels ils travaillent »
Décideurs. Concrètement, qu'est-ce que cela change pour la relation client au quotidien ?
J.-M. V. Cela change le sens de la relation. Beaucoup de clients ont le sentiment de devoir s’adapter aux cabinets d’avocats avec lesquels ils travaillent. Nous, nous mettons à l’écoute des besoins de nos clients pour structurer autour de chacun d’entre eux la meilleure équipe possible - ce que nous appelons un Legal Cluster. Plus nous sommes à l’écoute de nos clients, de leurs enjeux, des moyens dont ils disposent, plus notre offre devient pertinente et puissante. C’est complétement vertueux. Ensuite, cela change tout et rien à la fois. Rien, parce que l’associé de SVZ avec lequel le client à l’habitude de travailler reste son avocat. Tout, parce que cet avocat considère qu’il est de sa responsabilité de s’assurer de sa pleine satisfaction dans le cadre de sa collaboration avec n’importe quel expert de notre écosystème. Nous guidons nos clients dans le choix des experts et les assistons dans la négociation des conditions de leur intervention.
L’heure est à la prestation au juste prix et sans coûts cachés. Grâce à MySVZ, notre client compose son espace sur mesure où, dossier par dossier, il pourra activer partout dans le monde les meilleurs spécialistes, travailler sur les mêmes documents, contrôler l’avancée des travaux, disposer d’un classement de tous les fichiers avec des mises à jour de ces documents types, consulter en temps réel un aperçu de la consommation des heures facturées, donner son niveau de satisfaction, effectuer les signatures à distance, tout cela depuis son portable, sa tablette, son ordinateur via MySVZ. Des échanges sur une plate-forme sécurisée sont bien plus sûrs qu'à travers une messagerie électronique. L’actualité ne manque pas en la matière.
Décideurs. Pourriez-vous donner un exemple de dossier traité qui aurait été facilité avec ces outils ?
F. S. Tous. Deux exemples tout de même. Nous nous sommes rendus compte que certains clients tentaient de classer nos documents dans leurs propres fichiers tandis que d’autres les laissaient dans le serveur de messagerie. Nous sommes des experts du classement ! Il existe sur notre serveur. Demain, je ne vous transmettrai plus un document, je vous inviterai à venir le consulter là où il doit être.
Deuxième exemple : beaucoup d’informations transitent par e-mail. On n’est jamais certains d’avoir été en copie et le dossier n’est souvent qu’une synthèse plus ou moins matérialisée entre le serveur de messagerie, le serveur de fichiers, l’intranet, l’extranet et les différents outils de gestions. Avec MySVZ, nous partageons l’historique des échanges entre nos équipes, les documents produits, les encours de productions, etc.
La force de l’outil réside dans sa souplesse. Si la plupart de nos clients nous laissent la main sur la documentation juridique, d’autres aiment faire leur mark-up. Les premiers prendront connaissance de ce que nous continuons de préparer pour eux tandis que les seconds travailleront avec nous sur des documents partagés. Pour le M&A, tous les intervenants extérieurs (banquiers d’affaires, auditeurs, communicants) pourront être invités à collaborer de manière sécurisée avec nous.
Décideurs. Qu'est-ce que cela change dans vos relations avec vos confrères ?
J.-M. V. Elles seront plus fortes et plus indépendantes. Plus fortes parce que notre ambition est de mobiliser les experts les plus adaptés aux besoins de nos clients. Nous ne les mobilisons pas parce qu’ils sont moins chers (modèle low cost) ou parce qu’ils sont nos partenaires (modèle réseaux intégrés), nous les mobilisons parce que ce sont les meilleurs pour répondre aux besoins exprimés.
Plus indépendantes car nous évoluons dans un écosystème ouvert, qui n’implique aucune exclusivité, aucune participation financière de la part de ses membres. Nos intérêts sont ainsi alignés avec ceux de nos clients. Chaque confrère garde 100 % de sa responsabilité et 100 % de ses honoraires. SVZ reste le garant de la satisfaction de ses clients.
Décideurs. Est-ce que tout est prêt au cabinet ?
F. S. La période estivale va nous permettre d’affiner les applications et les outils opérationnels afin qu’ils soient les plus efficients possibles et que nos équipes puissent les maîtriser totalement. Certains clients tests ont pu déjà approcher toutes leurs potentialités et sont très enthousiastes. Le lancement officiel se fera dans les premiers jours de septembre.
Propos recueillis par Pascale D’Amore