«Maître, vous n’allez pas le défendre. Rassurez-moi, c’est une plaisanterie?», demande un confrère à Patrick Maisonneuve alors que celui-ci s’apprête à assurer la défense du juge Burgaud.
Une journée particulière avec... Patrick Maisonneuve
8 février 2006, 13h34. Rue Saint-Dominique, l’accusé et ses avocats s’engouffrent dans l’Assemblée nationale. 13h46, la tête baissée, le teint livide, le regard plombé, l’homme semble aller à l’échafaud. Ses deux avocats à ses côtés semblent lui tenir la tête hors de l’eau. «?Lorsque le président et le rapporteur de la commission d’enquête parlementaire viennent le chercher, c’est comme si le juge Burgaud allait se faire exécuter. J’avais l’impression d’assister un homme condamné à mort après un procès?», se souvient Patrick Maisonneuve.
14h, les photographes forment essaim, Fabrice Burgaud est le pot de miel. L’enjeu médiatique de ce procès est immense. «?C’est un véritable combat de l’image?», rapporte l’avocat. L’accusé se laisse piéger par un photographe qui l’apostrophe et réussit un cliché tout à fait à son désavantage.
Ce jour-là, pour la première fois en France, deux avocats seront admis et autorisés à assister leur client pendant le déroulement de la commission d’enquête. «?C’est tout à fait inédit, jamais cela n’avait pu être rendu possible auparavant. Avec Jean-Yves Dupeux, il était évident que nous voulions être aux côtés de Fabrice Burgaud dans la "fosse".?» Le juge qui avait tout faux va être mis au pilori de 14h à 23h. «?Toute la France était comme figée devant cette affaire, retransmise à la télévision.?»
14h10. C’est entouré de ses deux défenseurs «?muets?» – «?nos micros avaient été retournés pour nous rappeler le caractère exceptionnel de notre présence à l’audience?», précise Patrick Maisonneuve – que la séance commence par la déclaration liminaire de Fabrice Burgaud. «?Rapidement, je sens que mon client s’essouffle. Les parlementaires en profitent pour mettre en place un jeu de questions/réponses agressif. C’est précisément à ce moment-là que je décide de tricher?! Je deviens l’avocat souffleur?!?» Patrick Maisonneuve ne peut pas abandonner son client livré à cette meute d’élus. Le ténor est incapable d’être spectateur de l’acharnement des «?juges?». Il marmonne les réponses à Fabrice Burgaud, lui fait glisser des Post-it… Chassez le naturel, il revient au galop?!
Le rapporteur intensifie le rythme de l’interrogatoire. À la question?: «?Monsieur Burgaud, pourquoi n’avez-vous pas rendu d’ordonnance de non-lieu???», le juge-accusé perd pied pétrifié. Son avocat se penche vers lui, et lui souffle la réponse – presque sans se cacher?: «?Il ne peut pas y avoir d’ordonnance de non-lieu sans mise en examen?!?» C’en est trop?! Le président reprend l’avocat. Cela sera le cas, à deux reprises pendant la commission, sans jamais que ce dernier soit exclu.
23h. La séance s’achève. Fabrice Burgaud est abîmé par l’épreuve qu’il vient d’endurer. À la sortie, les photographes redoublant de ferveur, se bousculent. Tous veulent un mot, une image, ils le poursuivent… sans succès. Ses avocats – soutiens infaillibles – le protègent et l’extirpent de la foule.
« Ce 8 février 2006, je n’ai pas eu le droit de plaider, mais peu importe, ma plaidoirie sera sans fin dans les médias. Cela a été un combat sans relâche et de chaque instant que je n’ai jamais regretté?», conclut de sa voix grave la fine lame des prétoires, Patrick Maisonneuve.
Camille Drieu
14h, les photographes forment essaim, Fabrice Burgaud est le pot de miel. L’enjeu médiatique de ce procès est immense. «?C’est un véritable combat de l’image?», rapporte l’avocat. L’accusé se laisse piéger par un photographe qui l’apostrophe et réussit un cliché tout à fait à son désavantage.
Ce jour-là, pour la première fois en France, deux avocats seront admis et autorisés à assister leur client pendant le déroulement de la commission d’enquête. «?C’est tout à fait inédit, jamais cela n’avait pu être rendu possible auparavant. Avec Jean-Yves Dupeux, il était évident que nous voulions être aux côtés de Fabrice Burgaud dans la "fosse".?» Le juge qui avait tout faux va être mis au pilori de 14h à 23h. «?Toute la France était comme figée devant cette affaire, retransmise à la télévision.?»
14h10. C’est entouré de ses deux défenseurs «?muets?» – «?nos micros avaient été retournés pour nous rappeler le caractère exceptionnel de notre présence à l’audience?», précise Patrick Maisonneuve – que la séance commence par la déclaration liminaire de Fabrice Burgaud. «?Rapidement, je sens que mon client s’essouffle. Les parlementaires en profitent pour mettre en place un jeu de questions/réponses agressif. C’est précisément à ce moment-là que je décide de tricher?! Je deviens l’avocat souffleur?!?» Patrick Maisonneuve ne peut pas abandonner son client livré à cette meute d’élus. Le ténor est incapable d’être spectateur de l’acharnement des «?juges?». Il marmonne les réponses à Fabrice Burgaud, lui fait glisser des Post-it… Chassez le naturel, il revient au galop?!
Le rapporteur intensifie le rythme de l’interrogatoire. À la question?: «?Monsieur Burgaud, pourquoi n’avez-vous pas rendu d’ordonnance de non-lieu???», le juge-accusé perd pied pétrifié. Son avocat se penche vers lui, et lui souffle la réponse – presque sans se cacher?: «?Il ne peut pas y avoir d’ordonnance de non-lieu sans mise en examen?!?» C’en est trop?! Le président reprend l’avocat. Cela sera le cas, à deux reprises pendant la commission, sans jamais que ce dernier soit exclu.
23h. La séance s’achève. Fabrice Burgaud est abîmé par l’épreuve qu’il vient d’endurer. À la sortie, les photographes redoublant de ferveur, se bousculent. Tous veulent un mot, une image, ils le poursuivent… sans succès. Ses avocats – soutiens infaillibles – le protègent et l’extirpent de la foule.
« Ce 8 février 2006, je n’ai pas eu le droit de plaider, mais peu importe, ma plaidoirie sera sans fin dans les médias. Cela a été un combat sans relâche et de chaque instant que je n’ai jamais regretté?», conclut de sa voix grave la fine lame des prétoires, Patrick Maisonneuve.
Camille Drieu