Alo que les fusio traatlantiques de cabinets d’avocats se multiplient, les microstructures

Alors que les fusions transatlantiques de cabinets d’avocats se multiplient, les microstructures ultra-spécialisées ne cessent de se développer. Retour sur un modèle économique qui a le vent en poupe. (Novembre 2010)

Le marché des cabinets d’avocats offre, en France, un paysage protéiforme. Paris est en effet une place particulièrement active et fortement concurrentielle où se côtoient divers acteurs : les bureaux français de géants anglo-saxons (Clifford Chance et autres Orrick ou Winston & Strawn), les cabinets français pluridisciplinaires – avec des stars historiques comme Gide Loyrette Nouel, Bredin Prat et Darrois Villey Maillot Brochier, mais aussi les «?derniers-nés?» comme De Gaulle Fleurance & Associés, Franklin ou Aklea… sans oublier les cabinets de niche.


Un accompagnement au quotidien
Le barreau français a toujours compté parmi ses membres de nombreuses structures dédiées à un domaine pointu comme le droit pénal, le droit social, la propriété intellectuelle ou encore la concurrence. Dans ces secteurs où la législation peut être abondante et très technique, le client a besoin d’un accompagnement au quotidien. Dès lors, ces boutiques aux équipes réduites s’imposent comme l’interlocuteur privilégié des entreprises, mais également des transaction law firms qui ne disposent pas d’une équipe dédiée en interne et qui auraient besoin, sur un point précis d’un dossier, de l’intervention ponctuelle d’un expert.

Yvon Martinet, cofondateur du cabinet spécialisé en droit de l’environnement Savin Martinet & Associés (lire interview ci-contre), revient sur le modèle économique du cabinet de niche : «?En France comme à l’étranger, les clients veulent des signatures. Ils peuvent la trouver auprès d’une firme orientée corporate ou auprès d’une boutique d’experts dans leur domaine?».

En pratique, les clients vont se diriger vers une firme internationale pour un dossier corporate et préférer se tourner vers un cabinet de niche pour une question de droit spécifique et pointue. Conjoncture économique oblige, les mini-firmes dédiées au social n’ont d’ailleurs cessé de se développer ces dernières années.


Un modèle viable ?
Pour certains observateurs pourtant, ce business model ne pourrait être viable sur le long terme. Et pour cause : en période de crise par exemple, une firme dédiée au private equity et au M&A souffrira plus qu’une structure pluridisciplinaire. Et devra donc s’ouvrir à de nouvelles activités pour éviter de sombrer…
Autre tendance observée ces dernières années : la concentration du marché. Au-delà des rapprochements opérés entre cabinets américains et anglais depuis près d’un an – Hogan Lovells en mai?2010, SNR Denton le 30?septembre dernier ou le mariage à venir entre Squire Sanders & Dempsey et Hammonds – de grandes firmes internationales et franco-françaises n’hésitent plus à «?absorber?» des boutiques pour compléter leur offre de services. Récemment, on a ainsi vu le cabinet de niche Beaussier & Associés rejoindre le géant White & Case, ou encore l’équipe d’Ayela Semerdjian & Associés intégrer Mayer Brown. Dans les deux cas, les équipes, expertes en contentieux pénal, ont souhaité s’appuyer sur un cabinet aux compétences plus larges et sur un réseau international afin de mieux accompagner leurs clients.


Les réseaux comme relais
Certaines boutiques ont su organiser leur croissance en empruntant d’autres voies : qui en adhérant à une alliance européenne, qui en créant leur propre collectif de cabinets d’experts.
Citons, à titre d’exemple, le projet Droits croisés porté par quatre cabinets de niche parmi les plus prestigieux de la place : Savin Martinet & Associés pour l’environnement, Féral-Schuhl/Sainte-Marie pour l’IP/IT, Arsene Taxand pour la fiscalité et La Garanderie & Associés pour le droit social. Objectif de ce réseau : mettre en commun les expertises de chacun à destination des clients. L’union dans la force, en somme.
La démarche est identique lorsqu’il s’agit d’adhérer à un réseau international d’experts : l’alliance Ius Laboris, mise en place en 2001, regroupe maintenant plus de 2 500 avocats spécialisés en droit social à travers le monde, illustre parfaitement cette tendance.

Small mais certainement beautiful, cette tradition du barreau que représente le cabinet de niche a encore de beaux jours devant lui.

Lire également notre entretien avec Yvon Martinet, associé co-gérant, Savin Martinet Associés

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