Créer des terrains d’entente, tel est le leitmotiv de Sylvie Léchevin, directrice  de la communication de SAP France. Si l’éditeur allemand est omniprésent dans le milieu B-to-B, cette jeune quadra conjugue les outils et l’audace pour étendre sa marque auprès du grand public.

La directrice de la communication commence fort par une déclaration de mission : "Je me bats contre la perception de la communication en tant que ‘fonction support’. C’est un véritable levier de croissance."

Cohérence de chaque instant

Encore aujourd’hui, beaucoup pensent que la com’ "coûte plus qu’elle ne rapporte. "C’était le cas de SAP, l’éditeur allemand de logiciels ERP (Enterprise Resource planning) et l’un des leaders sur le marché, jusque-là peu enclin à la communication. Sylvie Léchevin est consciente du défi lorsqu’elle prend la direction de la communication, c’est pour "faire évoluer la fonction et les esprits." Avec le digital, elle aspire de plus en plus à une "communication intelligente, mesurée et mesurable."

Sa "passion pour la fonction com’, ses retombées, le sens, la direction qu’on lui donne… pour ceux qui le vivent comme pour ceux qui vont l’écouter" s’inscrit dans une cohérence globale. Cette adepte de Jung et Spinoza s’interroge sur le bonheur. Le tutoyer, selon elle, impliquerait que "chacune de nos actions soit en totale cohérence avec notre pensée." Une forme de "sérénité par l’adéquation" qu’elle insuffle dans le déploiement de ses stratégies, "pour que chacune des actions lancées aient du sens."

Contrat moral

Dès l’enfance, elle préfère "agir plutôt que de se plaindre." Une fibre morale qui lui permet d’avancer en toutes circonstances. Alors étudiante, cette "fille de la campagne" constate avec surprise l’absence du tri des déchets à Lille. Ni une, ni deux. Rentrer chez ses parents dans la région du Pas-de-Calais devient également l’occasion de transporter ses déchets pour les recycler.

Elle est ainsi à l’initiative d’un PQSR, soit un "Pas de question sans réponse"

"Ce que je peux faire, je le fais." Une affirmation, qui, même en fin de journée, correspond à un contrat moral intense, "peut-être un peu trop", commente cette fan de rock. Mais, c’est ce qui la fait aller jusqu’au bout des projets. Et parfois, au-delà… Elle est ainsi à l’initiative d’un PQSR, soit un "Pas de question sans réponse." Un document interne, enrichi une fois par mois, qui aborde "les questions récurrentes sur nos produits ou encore notre stratégie" et donne "les mêmes éléments de langage à l’ensemble des équipes commerciales." Ce qui a contribué à repositionner SAP en France. 

Mission B-to-B-to-C

Si neuf entreprises sur dix utilisent les logiciels SAP, l’éditeur allemand reste méconnu du grand public. L’enjeu de communication porte moins sur la notoriété que sur la réputation, « afin de rendre plus accessible et sexy une boîte de tech allemande qui a fêté ses 50 ans." L’éditeur, dont les systèmes brassent 87% des transactions commerciales mondiales, n’est pourtant jamais bien loin, et ce "que vous commandiez un billet de train, une pizza, que vous achetiez des baskets ou des produits de beauté … » Sur une application dédiée, les fans de Coldplay ont pu suivre la dernière tournée, tout en optimisant l’empreinte carbone pour rejoindre leurs idoles. Autant de projets qui permettront à SAP d’"entrer dans les foyers."

SAP, dont les systèmes brassent 87% des transactions commerciales mondiales, n’est jamais bien loin

Supports essentiels

"On n’avance jamais seul", affirme l’admiratrice des Pink Floyd et de Radiohead. Plutôt que la confrontation, la directrice de la communication favorise les situations "win-win", où chacun, depuis les journalistes sollicités aux équipes de SAP, comprend son intérêt dans la collaboration. Cette capacité d’entente se ressent jusque dans sa vie de famille. Celle qui adorerait contempler des aurores boréales s’épanouit dans le rôle de "maman bonus" avec les jumeaux de son conjoint. Ensemble, ils écrivent une BD féérique, où un voyage en bateau ouvre de "nouveaux terrains créatifs".

Course à la sérénité

"Je ne rentre pas dans les cases", admet celle qui s’imaginait prof de philo à ses dix-huit ans. Ses homologues du secteur de la tech, de dix ou quinze ans ses aînés, la voyaient comme "la p’tite jeune". Cette différence, Sylvie Léchevin l’interprète comme une force : "J’ai de l’audace, du dynamisme, et peut-être l’envie que d’autres n’ont plus." Cette volonté de "créer son poste" et d’en "changer les règles" porte son élan. "Même si ça semble audacieux, c’est comme ça que je m’épanouis."

Une exigence envers elle-même qu’il lui incombe de tempérer. "Si tu ne prends pas soin de toi, personne ne le fera à ta place," conclut-elle. Pour cette sportive, capable de parcourir 12 kilomètres en moins d’une heure, un plâtre au pied est l’occasion de prendre du recul. Il lui tarde de chausser à nouveau ses baskets pour retrouver un "état de plénitude" dans l’effort soutenu, le fameux "second souffle". Sur les chemins de la communication comme sur les quais de Seine de bon matin, Sylvie Léchevin poursuit sa course : "Qu’est-ce que je laisse derrière moi ?", les yeux rivés sur un horizon humaniste : "Et pour les autres ?"

Alexandra Bui

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