Pour asseoir sa popularité et développer son business, Mukesh Ambani, homme le plus riche d’Inde, mise sur le sport, en particulier le cricket. Propriétaire de plusieurs équipes, il raflait l’an dernier les droits de diffusion en streaming du plus gros tournoi au monde au nez du patron d’Amazon.

Le sport est souvent considéré comme un moyen de lutter contre les inégalités entre les sexes. Le cricket ne fait pas exception. En mars dernier était lancée la nouvelle ligue professionnelle indienne de cricket féminin, la Women’s Premier League (WPL). Un événement dont le pendant masculin, l’Indian Premier League, est l’une des organisations sportives les plus lucratives au monde puisqu’elle devrait être valorisée 15,4 milliards de dollars en 2023, selon la banque d’investissement Houlihan Lokey.

Les investisseurs sont séduits par ce marché de plus en plus florissant. Parmi eux, Mukesh Ambani, propriétaire de plusieurs équipes, qui s’offrait il y a quelques mois les Mumbai Indians. Une team féminine qui a remporté la première édition de la WPL. De quoi faire d’une pierre deux coups pour le milliardaire : gagner un peu plus en popularité en réaffirmant sa passion pour le sport national et en militant pour le droit des femmes ; tout en affermissant son empire sportif.

Entre octobre 2022 et mars 2023 Disney est passé de 61 millions à 53 millions d’abonnés. Le groupe songe à quitter l’Inde après la perte de la "bataille du cricket"

Digitalisation d’un conglomérat

Mais l’homme le plus riche d’Inde, dont la fortune est estimée par Forbes à 99,8 milliards de dollars, n’entend pas s’arrêter là. Celui qui a construit son empire à partir du conglomérat industriel pétrochimique Reliance Industries fondé par son père, entend transformer celui-ci en acteur incontournable du digital. Sa plateforme de streaming, JioCinema, qui diffusait historiquement des soap operas et des films de Bollywood, a attiré plus de 480 millions de spectateurs lors de la diffusion gratuite du tournoi de cricket Premier League dont les 66 matchs se sont tenus entre mars et mai derniers.

L’achat des droits de diffusion avait entraîné une lutte entre Mukesh Ambani et Jeff Bezos, contre qui il se bat sur plusieurs segments d’affaires. Concernant le volet sportif, l’Américain a tenté de récupérer les droits de diffusion de l’Indian Premier League. Son but ? Acquérir un immense terrain de jeu publicitaire et renforcer la présence d’Amazon Prime en Inde, qui comptait l’an dernier 22,3 millions d’utilisateurs payants. Les droits se sont arrachés pour un montant record de 6,2 milliards de dollars en juin 2022. Reliance a mis la main sur les droits de diffusion en streaming, damant également le pion à Disney. Ce qui a immanquablement fait de l’ombre au géant américain dont le nombre d’abonnés à sa plateforme indienne est passé de 61 millions en octobre 2022 à 53 millions en mars 2023, selon les chiffres publiés par le Financial Times. En juillet, le Wall Street Journal révélait que la maison de Mickey envisageait de céder ou de trouver un partenaire pour ses activités au pays de Modi, celles-ci souffrant notamment de la montée en puissance de JioCinema.

Soif de conquête

Diplômé des universités de Bombai et Stanford, Mukesh Ambani déroule sa stratégie dans le raffinage, les énergies nouvelles, le textile, la pétrochimie, le retail, les infrastructures, les télécoms et désormais le digital. Rien d’étonnant à ce que les Indiens s’amusent à dire que partout où le regard se pose, Ambani est présent. Il faut dire que le milliardaire a soif de conquête et ne cache ni ses ambitions ni sa fortune.

Olivia Vignaud

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