La SVOD, reine de l'audiovisuel
Netflix, Amazon Prime video, Disney+, HBO max, Salto, Apple TV… On ne compte plus les plateformes de SVOD. Véritable tsunami dans le monde de l’audiovisuel, elles se sont installées dans le quotidien des Français. Si le pionnier Netflix reste le maître du jeu avec 8,6 millions d’abonnés, Amazon et Disney réduisent l’écart. Sur le marché depuis seulement un an, Disney+ accélère et compte déjà 5,5 millions d’abonnés, notamment grâce sa nouvelle catégorie "Star", qui enrichit le catalogue avec des contenus destinés à un public plus mature et adulte. Malgré l’intérêt des Français pour le petit écran, le potentiel économique de ces titans américains effraye les chaînes de télévision.
Les médias ripostent
Face à l’installation durable des plateformes de streaming dans le paysage audiovisuel, les chaînes de télévision n’ont pas d’autre choix que de se réinventer. Pour affronter cette féroce concurrence, TF1 et M6 ont récemment annoncé leur fusion prochaine. Du point de vue économique, le constat est édifiant : les deux entités avec un chiffre d’af-faires de respectivement 2,2 et 1,3 millions d’euros, sont bien loin de Netflix et de ses 24 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021.
D’après le dernier rapport du CSA publié en janvier 2021, TF1 et M6 restent pourtant historiquement davantage regardés que leurs concurrents en streaming. Fusionnés, les deux groupes, qui représentent une quinzaine de chaînes, parviennent à un total de 39,6 % de parts d’audience, soit 17,5 millions de téléspectateurs quotidiens. Une position qui en ferait, une fois la fusion concrétisée, un leader européen du divertissement. Pourtant, cela pourrait bien ne pas suffire ! Toujours selon le CSA, le nombre d’abonnements aux plateformes de vidéo à la demande a connu un pic de près de 6,5 millions d’utilisateurs par jour en France. Si ces chiffres sont directement liés aux périodes de confinement, les relevés des dernières semaines prouvent que la tendance se maintient.
Une tendance qui ne fléchit pas
Il n’y a pas que la télévision à subir les effets de l’arrivée en force de ces multiples plateformes. Après plus de six mois de fermeture, les cinémas sont les premières victimes collatérales de l’explosion du streaming. Malgré la réouverture des salles obscures, la vidéo à la demande pourrait ne pas faiblir. Une fois ancrée dans les habitudes des Français, c’est une solution de facilité. Et disposer de milliers de films et séries directement à domicile pour moins cher qu’une seule place de cinéma, c’est une belle aubaine, surtout pour les familles.
D’autant que ces champions produisent eux-mêmes des contenus exclusifs piquant la vedette au grand écran. Ainsi, Disney+ surfe sur son rachat de Marvel en 2009 et de Lucas Films en 2012, et produit des séries dédiées à ces univers. Avec Wanda Vision, Falcon et le soldat de l’hiver ou encore l’annonce de la suite de la série Star Wars, The Mandalorian, le géant aux grandes oreilles s’assure encore de nouveaux abonnés. La crise sanitaire a également permis aux plateformes de streaming de profiter de la fermeture des cinémas pour signer de juteux contrats, à l’image du blockbuster Red Notice avec les trois stars hollywoodiennes Dwayne Johnson, Gal Gadot et Ryan Reynolds produit par Netflix. Le pionnier du streaming a également acquis les droits de la franchise À couteaux tirés, avec Daniel Craig, pour un budget de 400 millions de dollars. Des films jusque-là réservés aux salles de cinéma.
Devenu une norme, le SVOD fait même son apparition auprès des médias. Brut lançait il y a quelques semaines sa propre plateforme BrutX afin de "répondre aux usages", comme l’explique Claire Basini, directrice générale de Brut dans une interview accordée à Décideurs Magazine.
Laura Breut