Débutée il y a une quinzaine d’années, l’odyssée de Free, pilotée par le groupe Iliad, n’en finit pas de faire jaser et de susciter les jalousies dans le monde des télécommunications. Entretien avec son président-fondateur.
Xavier Niel (Iliad) : « Free Mobile a introduit de la concurrence, forcément c’est gênant...»
Dix-huit mois après le lancement de sa révolution mobile, le groupe affiche une croissance soutenue avec un Ebitda de 586 millions d’euros et une progression de son chiffre d’affaires à 1,8 milliard d’euros, soit 27 % par rapport au premier semestre 2012. Une prouesse qui force le respect et confirme que le groupe écrit dans la durée la success story du haut débit et du mobile français. Rencontre avec Xavier Niel, son fondateur.
Décideurs. Vous êtes considéré comme « le trublion des télécoms ». Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Xavier Niel. Lors du lancement de notre offre Free Mobile, nous avons introduit une véritable concurrence sur un marché gouverné jusqu’alors par trois opérateurs qui proposaient des offres mobiles complexes et très similaires. Forcément, c’est gênant…
Décideurs. Avec Free Mobile, vous avez atteint la taille critique avec plus de 10 % de part de marché. Quelle est la recette de ce succès ?
X. N. Notre essor commercial repose sur la simplicité de nos offres, leur prix attractif et la qualité de service. Les forfaits à deux euros représentent d’ailleurs plus de la moitié de nos 6,8 millions d’abonnés. Notre modèle intégré fixe-mobile a fait ses preuves. Nous sommes à l’équilibre. C’est un bon début qui prouve que Free a vocation à s’inscrire durablement sur le marché mobile, tout comme nous l’avons fait sur celui du haut débit. En dix ans, Free s’est imposé comme le deuxième opérateur fixe en France avec une part de marché de 25 %. À long terme, c’est ce que nous visons sur le marché mobile avec la volonté de faire basculer les abonnés à deux euros vers un forfait à 15,99 euros
Décideurs. Des bruits de couloirs circulent sur une fusion « SFR-Free »… Un tel rapprochement est-il envisageable ?
X. N. Nous n’avons pas besoin d’un rapprochement pour générer de la croissance.
Décideurs. Est-ce que l’arrivée de la 4G peut redonner une marge de manœuvre à vos concurrents ?
X. N. L’important c’est qu’ils le croient. Le niveau de navigation est un faux débat, surtout que dix ans après le lancement de la 3G près de 40 % des abonnés sont encore en 2G. Les choses évoluent lentement mais la 4G est au cœur de notre déploiement. Nous ouvrirons cependant notre réseau quand nous disposerons d’une couverture suffisante. Inutile de créer un buzz ou de faire des effets d’annonce qui sont déceptifs et nuisent considérablement à l’image de la 4G. Aujourd’hui, ce qui compte pour nos utilisateurs, c’est le résultat final, soit la possibilité d’accéder à Internet sur leur mobile.
Décideurs. Bouygues Telecom et SFR ont annoncé fin juillet être en négociation exclusive pour mutualiser une partie de leur réseau. Allez-vous les rejoindre ?
X. N. Vous savez, un ménage à trois, c’est toujours compliqué… mais les mariages forcés ce n’est pas terrible non plus !
Décideurs. Vous avez lancé une offensive sur des forfaits avec subvention en moyenne 40 % moins chers que ceux de vos concurrents. Comment est-ce possible ?
X. N. Nous avons effectivement lancé une offre de test en juillet dernier dans le cadre d’un partenariat spécifique avec le site Vente-Privée.com. Parce que la téléphonie mobile est un marché de première nécessité comparable à celui de la grande distribution, notre rôle en tant qu’acteur est de créer de la vitalité. Pour cela, il faut réfléchir sans cesse à une solution à la fois originale, alternative et efficace pour le consommateur.
Décideurs. Selon vous, le business est-il une affaire de révolution ?
X. N. Sur un marché des télécommunications où la concurrence semble s’être endormie, mieux vaut essayer de révolutionner les modèles existants par des inventions originales. Il y a treize ans, lorsque nous avons créé la Freebox, le premier boîtier multiservice sur l’ADSL, notre ambition était de démocratiser le haut débit.
Le lancement de Free Mobile en 2012 poursuit le même objectif de démocratisation avec des offres simples, sans engagement et à un prix très attractif. Amener des choses foncièrement différentes aux consommateurs fait partie de notre ADN.
Décideurs. Pourquoi avez-vous déclaré que c’est un problème qu’il n’y ait pas d’entreprises de moins de quinze, vingt, vingt-cinq ans dans l’indice du CAC 40 ?
X. N. Parmi les quarante plus fortes capitalisations boursières en France, seule Gemalto est une entreprise de moins de trente ans quand certains groupes ont parfois plus d’un siècle. Cela démontre clairement l’absence de renouveau du capitalisme français.
Décideurs. Début septembre, la cession de 3 % du capital d’Iliad a alimenté la rumeur d’une entrée prochaine au CAC 40. Free et le CAC 40, n’est-ce pas un peu antinomique ?
X. N. Parce que notre modèle de développement s’inscrit dans le long terme, l’entrée au CAC 40 n’est pas au cœur de nos préoccupations et la cession que je viens de réaliser ne change rien à mon engagement au sein du groupe.
Décideurs. Le slogan « Il a Free, il a tout compris », c’est donc plus que jamais d’actualité…
X. N. J’espère surtout que ce slogan correspond toujours à une réalité pour nos abonnés !
Emilie Vidaud
Décideurs. Vous êtes considéré comme « le trublion des télécoms ». Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Xavier Niel. Lors du lancement de notre offre Free Mobile, nous avons introduit une véritable concurrence sur un marché gouverné jusqu’alors par trois opérateurs qui proposaient des offres mobiles complexes et très similaires. Forcément, c’est gênant…
Décideurs. Avec Free Mobile, vous avez atteint la taille critique avec plus de 10 % de part de marché. Quelle est la recette de ce succès ?
X. N. Notre essor commercial repose sur la simplicité de nos offres, leur prix attractif et la qualité de service. Les forfaits à deux euros représentent d’ailleurs plus de la moitié de nos 6,8 millions d’abonnés. Notre modèle intégré fixe-mobile a fait ses preuves. Nous sommes à l’équilibre. C’est un bon début qui prouve que Free a vocation à s’inscrire durablement sur le marché mobile, tout comme nous l’avons fait sur celui du haut débit. En dix ans, Free s’est imposé comme le deuxième opérateur fixe en France avec une part de marché de 25 %. À long terme, c’est ce que nous visons sur le marché mobile avec la volonté de faire basculer les abonnés à deux euros vers un forfait à 15,99 euros
Décideurs. Des bruits de couloirs circulent sur une fusion « SFR-Free »… Un tel rapprochement est-il envisageable ?
X. N. Nous n’avons pas besoin d’un rapprochement pour générer de la croissance.
Décideurs. Est-ce que l’arrivée de la 4G peut redonner une marge de manœuvre à vos concurrents ?
X. N. L’important c’est qu’ils le croient. Le niveau de navigation est un faux débat, surtout que dix ans après le lancement de la 3G près de 40 % des abonnés sont encore en 2G. Les choses évoluent lentement mais la 4G est au cœur de notre déploiement. Nous ouvrirons cependant notre réseau quand nous disposerons d’une couverture suffisante. Inutile de créer un buzz ou de faire des effets d’annonce qui sont déceptifs et nuisent considérablement à l’image de la 4G. Aujourd’hui, ce qui compte pour nos utilisateurs, c’est le résultat final, soit la possibilité d’accéder à Internet sur leur mobile.
Décideurs. Bouygues Telecom et SFR ont annoncé fin juillet être en négociation exclusive pour mutualiser une partie de leur réseau. Allez-vous les rejoindre ?
X. N. Vous savez, un ménage à trois, c’est toujours compliqué… mais les mariages forcés ce n’est pas terrible non plus !
Décideurs. Vous avez lancé une offensive sur des forfaits avec subvention en moyenne 40 % moins chers que ceux de vos concurrents. Comment est-ce possible ?
X. N. Nous avons effectivement lancé une offre de test en juillet dernier dans le cadre d’un partenariat spécifique avec le site Vente-Privée.com. Parce que la téléphonie mobile est un marché de première nécessité comparable à celui de la grande distribution, notre rôle en tant qu’acteur est de créer de la vitalité. Pour cela, il faut réfléchir sans cesse à une solution à la fois originale, alternative et efficace pour le consommateur.
Décideurs. Selon vous, le business est-il une affaire de révolution ?
X. N. Sur un marché des télécommunications où la concurrence semble s’être endormie, mieux vaut essayer de révolutionner les modèles existants par des inventions originales. Il y a treize ans, lorsque nous avons créé la Freebox, le premier boîtier multiservice sur l’ADSL, notre ambition était de démocratiser le haut débit.
Le lancement de Free Mobile en 2012 poursuit le même objectif de démocratisation avec des offres simples, sans engagement et à un prix très attractif. Amener des choses foncièrement différentes aux consommateurs fait partie de notre ADN.
Décideurs. Pourquoi avez-vous déclaré que c’est un problème qu’il n’y ait pas d’entreprises de moins de quinze, vingt, vingt-cinq ans dans l’indice du CAC 40 ?
X. N. Parmi les quarante plus fortes capitalisations boursières en France, seule Gemalto est une entreprise de moins de trente ans quand certains groupes ont parfois plus d’un siècle. Cela démontre clairement l’absence de renouveau du capitalisme français.
Décideurs. Début septembre, la cession de 3 % du capital d’Iliad a alimenté la rumeur d’une entrée prochaine au CAC 40. Free et le CAC 40, n’est-ce pas un peu antinomique ?
X. N. Parce que notre modèle de développement s’inscrit dans le long terme, l’entrée au CAC 40 n’est pas au cœur de nos préoccupations et la cession que je viens de réaliser ne change rien à mon engagement au sein du groupe.
Décideurs. Le slogan « Il a Free, il a tout compris », c’est donc plus que jamais d’actualité…
X. N. J’espère surtout que ce slogan correspond toujours à une réalité pour nos abonnés !
Emilie Vidaud