Philippe Grié (Terrena) : "Nous travaillons sur le renouvellement des générations"

Décideurs. Terrena est une coopérative agricole. Quelles spécificités cela induit-il au niveau de la gestion des ressources humaines ?

Philippe Grié. Terrena compte 12 000 collaborateurs, plus de 150 sociétés consolidées et 20 conventions collectives. Cette diversité des métiers est une spécificité en soi qui exige de travailler à la fois sur des réponses RH très ciblées sur l’activité, adaptées à son écosystème, et en même temps sur la cohésion du tout pour "faire groupe".

Par ailleurs nous sommes un groupe coopératif avec une gouvernance, elle aussi, spécifique : nous comptons 20 000 adhérents impliqués dans la vie de la coopérative et soucieux de son impact sur notre territoire. Nos politiques et pratiques sont guidées par cette ambition, avoir un impact positif sur notre territoire.

Comme toutes les entreprises, nous possédons plusieurs catégories de métiers en tension. De ce fait, deux grands défis se posent à nous : le recrutement et l’attractivité. Pour y répondre, nous avons mis en œuvre cette année plusieurs actions : la cooptation, les relations écoles, le partage d’expériences entre les recruteurs du groupe au sein d’une communauté… Nous travaillons aussi sur une stratégie d’ambassadorat avec pour objectif d’encourager les collaborateurs à partager leur expérience auprès de leurs réseaux.

La formation répond-elle aux problématiques liées à votre secteur d’activité ?

Nous sommes confrontés à plusieurs enjeux. Tout d’abord, l’agriculture est devenue technique, numérique, et connaît toujours plus de transformations. Nous devons donc former nos techniciens de terrain à ces sujets pour fournir les meilleurs services et conseils à nos adhérents.

Par ailleurs, le travail de demain se caractérise par un mode hybride combinant télétravail et travail en présentiel. Cette pratique s’installe durablement dans notre organisation par l’accord sur le télétravail que nous avons signé avec nos partenaires sociaux. L’enjeu réside dans la manière dont nous formerons demain un collectif. Cela suppose de réinterroger constamment nos façons de manager pour les perfectionner. C’est pour cette raison que nous plaçons la formation et l’expérimentation au cœur de notre approche. Les défis qui nous attendent sont passionnants. Notre manière de les relever dessinera le futur de notre organisation.

L’agriculture est-elle une réponse à la "quête de sens" des candidats ?

Oui, le projet Terrena 2030 qui vise à transformer les pratiques agricoles se révèle un formidable argument de recrutement. Nos futurs collaborateurs ont envie de participer, et de s’investir dans ce projet qui répond à bon nombre de leurs attentes.

Vous réfléchissez à des solutions pour la filière agricole et notamment en matière de renouvellement des générations d’agriculteurs ?

Oui, c’est l’un des sujets des travaux de nos administrateurs. Comment renouveler les générations et donner envie à des entrepreneurs de s’installer comme agriculteurs. Les équipes RH du groupe ont un rôle à jouer dans l’apport de solutions car nous disposons d’un réseau d’écoles partenaires très intéressé par cette problématique et nous pouvons imaginer des solutions communes qui passent principalement par l’apprentissage.

Pensiez-vous être amené à travailler sur ces sujets quand vous avez commencé votre carrière ?

Il est difficile de se projeter quand on se lance. Mais aujourd’hui, faisant partie d’un comité de direction, il est normal que je participe à toutes les réflexions qui s’imposent à un groupe. Cette question sur l’avenir de la filière est de plus en plus aigüe. Le réchauffement climatique, l’impact carbone sont aussi des sujets dont nous devons nous emparer, avec comme illustration la réinvention des mobilités de demain qui passera par un travail long et difficile sur les comportements.

Propos recueillis par Roxane Croisier