F. Cauvet (Sanofi) : "Il relève de notre responsabilité de répondre aux besoins des jeunes"
Décideurs. Comment décririez-vous la "culture formation" de Sanofi et ses objectifs prioritaires ?
Florence Cauvet. Sanofi regroupe des savoir-faire et des métiers très variés qui évoluent rapidement. Il est essentiel de préparer les collaborateurs à ces transformations et accélérations. Pour y parvenir, le groupe a construit une culture qui vise à rendre les salariés autonomes, responsables de leur propre développement. Il a progressivement évolué d’une approche assez classique qui déployait un catalogue de programmes, à une culture beaucoup plus ouverte, orientée vers les compétences. Dans le cadre d’une démarche de "strategic workforce planning", plus de 800 compétences ont été identifiées et décrites ainsi que la définition de niveaux pour évaluer ces compétences. Cette bascule a été une révolution ! L’ensemble de nos programmes est rassemblé au sein de Sanofi Université et se décline en huit "instituts métiers" : leadership et soft skills, marketing excellence, R&D, digital… Étant donné que nous privilégions une approche par compétences, il n’existe pas de frontières rigides. Par exemple, un responsable RH qui a besoin de se développer sur le sujet de l’analyse de données pourra suivre un programme proposé par l’institut du digital.
Quelle est l’approche pédagogique du groupe ?
Le modèle appliqué est celui, bien connu, du 70/20/10. Les connaissances s’acquièrent à 70 % par l’expérience, à 20 % au travers des échanges avec des tiers ou des pairs, et pour les 10 % restants par une formation au sens strict. Tout est donc fait pour éviter l’approche "Je suis formé car j’ai validé mon module e-learning". Nous valorisons l’idée qu’un collaborateur développe ses compétences au travers des autres, en étant mentoré ou encore en situation professionnelle. Et l’équipe est donc animée par le souhait d’encourager l’expérience holistique des apprenants en insistant sur les possibilités d’apprentissage formel et informel.
"Nous valorisons l'idée qu'un collaborateur développe ses compétences au travers des autres"
La crise sanitaire a spécialement impacté la situation des alternants et des jeunes professionnels. Comment un employeur majeur comme Sanofi réagit-il à cette situation ?
En 2020, Sanofi a maintenu ses objectifs et a recruté près de 1 600 jeunes en alternance, ce qui représente 6 % de nos effectifs. En 2021, cet effort sera poursuivi, d’une part car le groupe a besoin de constituer un vivier de talents, mais aussi parce que nous considérons qu’il relève de notre responsabilité, en tant qu’entreprise majeure, de répondre aux besoins des jeunes. Nous développons différentes actions à cet égard : plus de 1 000 jeunes sont recrutés en stage ou en volontariat international en entreprise (VIE), nous déployons de nombreuses initiatives dirigées vers les jeunes des quartiers prioritaires… Mais au-delà de ces programmes, il s’agit aussi de renforcer les démarches d’accompagnement pendant la crise sanitaire.
En quoi consiste cet accompagnement renforcé ?
Nous avons commencé par prêter une attention particulière à l’intégration des alternants et stagiaires qui rejoignaient le groupe à distance. Nos tuteurs et managers ont été sensibilisés et formés. Nous avons également mis en réseau l’ensemble de ces jeunes sur l’ensemble de nos métiers et implantations. Surtout, nous avons souhaité accompagner les personnes qui, en fin de cursus n’ont pas pu être recrutées cette année, faute de besoin. C’est pourquoi, nous avons créé un "passeport de formation". Il permet de compléter la formation initiale par des modules certifiants dispensés par le groupe qui pourront ensuite être valorisés dans des démarches de recherche d’emploi. Nous mettons également en place le "Sanofi Écosystème D", un forum d’échanges avec les entreprises partenaires de Sanofi, TPE ou PME, qui recherchent des compétences dans le secteur de la santé. C’est notre façon de participer à l’élan national impulsé par le dispositif du gouvernement : "un jeune, une solution".
Propos recueillis par Marie-Hélène Brissot