S.Amara (Quadient France) : "La crise nous rappelle l’importance du collectif "
Décideurs. Comment l’entreprise a-t-elle vécu la mise en place généralisée du télétravail ?
Sébastien Amara. Une occasion de nous préparer s’était déjà présentée à nous, avant le confinement lors de la grève de la SNCF et de la RATP en décembre 2019 au cours duquel les collaborateurs avaient connu une période de télétravail, nous les avions donc déjà équipés du matériel nécessaire à ce moment, de même que mis à jour notre système d’informations. Nous étions parés au moment de la crise sanitaire, l’organisation du télétravail s’est donc bien déroulée.
Quel a été le message adressé aux managers ?
La consigne générale diffusée auprès des managers a été de garder un maximum de contact entre les équipes. Au niveau du comité de direction, les échanges se sont intensifiés, nous nous sommes entretenus chaque jour (au moment le plus intense) puis tous les deux jours, jusqu’au déconfinement. Je tiens à préciser que nous avions anticipé les événements et débuté des réunions de crise dès le mois de février dans le cadre de la mise en place des mesures de prévention et la mise à jour du plan de continuité d’activité.
Quelles leçons tirez-vous de cette période ?
Beaucoup de positif ! La situation nous a forcés à sortir de nos postures individuelles, donnant lieu à de la créativité avec une rapidité incroyable. Par exemple, nous avons signé, de manière électronique, un accord collectif concernant les congés payés, après deux jours de négociations à distance. Pour l’ensemble du personnel, nous avons maintenu les salaires à 100% durant le chômage partiel, en échange d’une semaine de congés payés prise à l’initiative de l’employeur. C’est une agréable surprise, je ne pensais pas réussir à parvenir à un accord au départ. Par ailleurs, nous avons vraiment pris conscience du fait que le site sur lequel nous travaillons doit apporter de la valeur. Certes, les collaborateurs chez eux, ont pu parfois se sentir en manque d’interaction sociale, en manque d’émulation, mais ils ont également pu constater le confort qu’apporte le télétravail au quotidien. C’est pourquoi, nous réfléchissons au niveau du groupe à de nouveaux modes de travail.
Quel rôle jouera désormais le DRH ? Constatez-vous de nouvelles attentes de la part des collaborateurs ?
Je ne crois pas que le rôle du DRH soit amené à changer, nous sommes là pour accompagner les évolutions des organisations peu importe les situations. Avec la crise sanitaire, nous avons simplement été projetés sur le devant de la scène. Les collaborateurs attendent qu’on leur crée les bonnes conditions de travail sur site et en télétravail.
Quelles doivent être les principales caractéristiques des dirigeants du « monde d’après » ?
Ils devront être capables de fédérer autour d’un projet, activer l’intelligence collective et faire des choix. D’une certaine façon, le digital peut éloigner les personnes, il va falloir gérer un collectif avec plus de digital, la crise nous rappelle l’importance du collectif.
Qu'avez-vous appris sur vous-même ?
Le fait d’être à distance a réduit les temps de discussions et a apporté davantage de concentration lors des réunions. Mon activité s’est accrue mais le télétravail m’a apporté de l’efficacité. Néanmoins, ne plus pouvoir prendre le pouls de l’entreprise m’a manqué, nous avons réalisé des enquêtes chaque semaine, mais cela ne remplace pas le ressenti.
Roxane Croisier