C.Arquié (SGS) : "La crise nous a permis d’accélérer sur nos objectifs prioritaires"
Décideurs. Comment les collaborateurs de SGS ont-ils vécu le confinement ?
Caroline Arquié. Ils l’ont assez peu vécu en réalité. Près de 60% d’entre eux ont continué de se rendre dans les laboratoires et agences pour analyser, contrôler, auditer ou inspecter les différents dispositifs, matières, produits ou process. Ils étaient très engagés, mais également très anxieux. Ils redoutaient d’exposer « leur vie » au virus en venant travailler sur site et nous demandaient de garantir leur sécurité.
Comment les équipes RH ont-elles fait face à cette situation ?
Maîtriser les gestes barrière, suivre rigoureusement la réglementation sanitaire, c’est essentiel… mais cela reste de la théorie. Nous faisions face à des personnes qui s’inquiétaient pour leur santé et celle de leurs proches. C’est assez déstabilisant…il n’y a pas de formation pour cela. Pour les managers non plus d’ailleurs. Certains étaient très démunis face à ces aspects de leur mission. On se rend vraiment compte du rôle d’un DRH dans un moment comme celui-ci. Nous avons réagi très vite à ce contexte. Des temps ont été organisés pour écouter, rassurer, détailler les moyens mis en place pour assurer la sécurité des lieux de travail. Une cellule psychologique a été mise en place.
Une partie des salariés a tout de même expérimenté le télétravail. Quelles conclusions en tirez-vous ?
L’entreprise est plutôt favorable au télétravail. Un accord collectif a été signé dès 2010 sur le sujet, nous avions identifié les postes qui pouvaient être exercés de cette manière et les autres. Mais je ne suis pas sûre qu’on puisse parler de télétravail pendant la période du confinement. Il ne s’agissait pas de conditions normales. Sur ce sujet aussi, nous avons beaucoup communiqué. Il était important de parler de la complexité de la situation, de la difficulté à se concentrer, de dire aux salariés que l’entreprise acceptait qu’ils travaillent dans des conditions dégradées. Après le déconfinement, certains collaborateurs se sont demandé si l’organisation conserverait cette bienveillance d’ailleurs.
Vous avez mis en place un baromètre social hebdomadaire pour suivre l’évolution du moral des équipes…
Oui. Nous avons choisi de réaliser une enquête chaque semaine, alors que nous le faisons habituellement sur un rythme annuel. Cela nous a été très utile pour identifier des cas isolés. Mais également pour nous réadapter, mettre en place un accompagnement pour les managers comme pour les salariés. Nous avons par exemple augmenté les capacités de formation, car beaucoup de collaborateurs demandaient à se former pendant la période.
La période a-t-elle modifié vos priorités de DRH ?
Nous avons fait l’expérience d’une crise : apprendre à ne pas se laisser submerger par l’urgence, à savoir se poser, prioriser, analyser une diversité de situations, et se retourner en un rien de temps. Mais les enjeux de long terme sont les mêmes qu’avant la crise. La crise a d’ailleurs permis d’accélérer sur deux de nos objectifs prioritaires : la digitalisation et l’engagement des collaborateurs.
Marie-Hélène Brissot