B. Durand-Tisnes (Wayden) : "La vraie difficulté post crise ? Transformer les idées en actions"
Décideurs. Quelles sont les qualités d’un bon dirigeant en période de crise ?
Benoit Durand Tisnes. Diriger en temps de crise fait appel aux fondamentaux de la gestion du changement. Je fais souvent le parallèle avec la courbe de deuil, qui implique certaines étapes immuables. Au moment de l’annonce de l’élément déclencheur de la crise, c’est la colère qui se manifeste. Viennent ensuite le refus, la tristesse, puis l’acceptation. Ce schéma est invariable. En revanche, tandis que certaines personnes avancent en temps réel, d’autres le font plus lentement, voire jamais. La mission d’un dirigeant consiste à faire passer ces étapes aux autres. Cela requiert de savoir se positionner vis-à-vis des équipes en fonction de la période dans laquelle elles se situent. Une chose est certaine : pour pouvoir accompagner les collaborateurs dans leur cheminement, le manager doit avoir passé sa courbe de deuil avant eux.
Comment remobiliser les équipes après une telle expérience ?
Avant tout, il faut parvenir à projeter les personnes dans le concret. Dresser une analyse pertinente d’une situation, et avoir de bonnes idées pour y remédier n’est pas la partie la plus complexe. La vraie difficulté réside dans la capacité à transformer les idées en actions. C’est par exemple le propre d’un manager de transition que d’être capable d’entrer très vite dans l’opérationnel. Évidemment, le fait qu’il n’ait pas d’antériorité dans l’entreprise ou d’enjeu particulier au sein de l’organisation facilite la dynamique. Quand les clients font appel à nous, ils cherchent souvent à contrer une forme d’inertie politique dans l’organisation, voire une absence de courage managérial. Leur premier objectif consiste à accélérer la mise en œuvre des décisions qu’ils ont prises.
La crise économique s’annonce de grande ampleur. Quels atouts pour rebondir au mieux ?
Pour l’instant il reste difficile d’imaginer quels seront les impacts de cette crise. Les entreprises sont encore toutes sous perfusion. Ça va être dur…. En dehors d’un bilan solide bien sûr, les clés du rebond seront une gouvernance qui permet de prendre rapidement les bonnes décisions, un organigramme écrasé, et une équipe opérationnelle qui sait réagir vite.
Propos recueillis par Marie-Hélène Brissot