L.Chrétien (Schmidt) : "Nous favorisons la collaboration sans dimension hiérarchique"

Décideurs. Pourquoi avoir choisi le titre de directrice de la relation humaine entreprise étendue ?

Laurence Chrétien. Ce titre est le reflet de deux notions, celle des relations humaines car nous plaçons les hommes au cœur de nos préoccupations, ne les considérant pas comme des ressources mais plutôt comme des partenaires qui contribuent à la réussite de l’entreprise La seconde notion est celle d’entreprise étendue car nous profitons d’un lien très fort avec nos magasins. Il en existe 730 en Europe, quelques-uns sont intégrés, les autres sont tous indépendants. Plus de 500 patrons travaillent avec nous, dans une relation de confiance et aucun décideur n’impose sa vision aux magasins. Ainsi, nous avons créé des groupes de progrès en vue de partager nos démarches et de coconstruire leur déploiement. Nous tenons à préserver nos valeurs et agir dans le même sens, bien que nous soyons dispersés physiquement.

Comment percevez-vous l’engagement des collaborateurs du groupe ? Est-il spécifique à un groupe familial ?

Quand je suis arrivée en juillet 2017, je venais d’un groupe international et lors de mon stage d’intégration j’ai été particulièrement frappée par l’engagement et le sentiment d’appartenance des salariés. Cela est probablement en partie dû au fait que nous sommes un groupe familial : notre présidente est au comité de direction et sa sœur préside le conseil de surveillance. Petites-filles du fondateur, elles sont soucieuses de la pérennité de l’entreprise. Même au sein de nos collaborateurs, plusieurs générations de la même famille sont représentées. La place que nous occupons au niveau du bassin alsacien est importante, notre groupe est une fierté régionale. Rappelez-vous que nous n’étions qu’une menuiserie au départ ! Ce développement donne envie à nos collaborateurs de s’investir.

Qu’est-ce que le programme Be Schmidt ?

En 2015, la société a considéré qu’il fallait utiliser et partager l’intelligence collective. Un groupe de trente volontaires devait imaginer des projets pour développer l’agilité de l’entreprise et répondre aux problématiques du moment. Depuis, d’autres initiatives ont vu le jour : ce groupe identifie par exemple des sujets d’actualité d’entreprise qui sont ensuite partagés et animés par des collaborateurs sur des créneaux d’une heure afin de communiquer leurs connaissances sur cette matière. Il existe désormais l’expérience « vis mon job » : un salarié occupe sa journée auprès d’un collègue exerçant une autre fonction, cela peut aller jusqu’au rôle de la présidente. Par ailleurs, nous avons aussi développé les learning expeditions, pour découvrir et se nourrir de ce que proposent d’autres entreprises. Nous ne voulons pas vivre en huis clos. L’idée est de donner une place à l’intelligence collective. Aujourd’hui, on ne se met pas de limites, chacun peut créer un groupe de travail autour d’une problématique qui a du sens. Nos collaborateurs ont pris l’habitude de réfléchir ensemble, ce qui permet de débloquer de nombreuses situations. Nous essayons également de ne pas avoir une hiérarchie trop pesante afin d’échanger librement.

Qu’allez-vous mettre en place afin de vous inscrire dans la norme ISO 26 000 ?

Nous avons beaucoup de certifications, avec le sentiment que ce sont des initiatives dispersées. Nous souhaitons nous inscrire dans cette norme avec pour objectif de nous évaluer, car c’est la certification B Corp que nous visons sur le long terme. Nous voulons harmoniser et donner plus de cohérence à nos réalisations et regarder le chemin qu’il nous reste à parcourir. Un diagnostic est prévu, permettant de programmer des actions concrètes d’ici trois ans pour développer notre RSE en interne et auprès de nos fournisseurs et ainsi que réseau de magasins qu’il nous tient à cœur d’influencer positivement.

Roxane Croisier