Les nouvelles technologies sont-elles destructrices d’emplois ?
C’est la grande interrogation du moment : combien d’emplois seront-ils sacrifiés sur l’autel de la digitalisation de l’économie ? Une question inquiètante pour un grand nombre de Français à laquelle les intervenants des premiers Rendez-vous de Bercy ont tenté de démêler le vrai du faux. « Certaines innovations viendront effectivement se substituer à l’emploi », note Jean Tirole, prix Nobel d’économie, en introduction de la première table ronde de la journée. Si certains secteurs – la vente et la logistique en tête – sont d’ores et déjà impactés, d’autres pourraient également l’être très prochainement. C’est le cas notamment des transports, totalement bousculés par l’introduction des véhicules autonomes. « Les innovations viennent aussi compléter des emplois, voire en créer de nouveaux, poursuit Jean Tirole. Dans ce cas, elles sont positives. » Pour qu'elles soient profitables, ces innovations doivent intervenir au bon moment.
Question de timing
« Tout est question de timing », estime à ce titre Jean-Dominique Senard, le P-DG de Michelin. Conscient du caractère anxiogène de la question de la disparition de certains emplois, le Clermontois se veut rassurant : « Nous savons qu’il y aura une réduction de leur nombre dans nos usines, mais d’autres emplois vont être créés à côté. » À Clermont-Ferrand, le groupe Michelin a par exemple mis sur pied une entreprise d’impression 3D métal, un vivier de nouveaux emplois auxquels les salariés doivent impérativement être formés.
La formation au cœur d’une transformation réussie
« Nous devons créer des centres de formation s’appuyant sur l’État, sur les régions et sur les entreprises pour orienter au mieux chacun en fonction des besoins réels des entreprises », poursuit Jean-Dominique Senard, affirmant qu’en matière de formation, les partenariats public-privé « font des merveilles ». Il prend notamment l’exemple du Campus industrie, un centre de formation professionnelle qui se consacre aux métiers de l’industrie, imaginé par Michelin avec l’aide de partenaires institutionnels, académiques et économiques. « La formation est essentielle, confirme Thierry Pech, directeur général de Terra Nova en conclusion de la conférence. L’innovation bouscule notre façon de nous former. Nous avons un long chemin à parcourir pour accoucher d’un système performant. » Les nouvelles technologies restent quoi qu’il en soit une chance pour notre société, puisqu’elles transforment « les hiérarchies dans lesquelles nous sommes parfois enkystés », conclut l’intellectuel avec optimisme.