Alors que le confinement vient de toucher à sa fin dans l’Hexagone, l’heure est à un premier bilan d’activité. Jean-Marc Ribes, président du directoire, et Aurélie Tristant, membre du directoire de BPE, la banque privée du Groupe La Banque Postale, reviennent sur l’impact de la crise sur leur activité.

Décideurs. Quel bilan dressez-vous de ces deux mois de confinement ? Quels impacts concrets la crise a-t-elle eu sur votre activité ?

Jean-Marc Ribes. Pendant toute la période de confinement, notre activité ne s’est jamais arrêtée. Nous avons accéléré les contacts avec nos clients et c’est un point central. Pour ce faire, nous nous sommes très rapidement organisés en télétravail, pour la majorité de nos collaborateurs et en présentiel, par roulement pour un quart de nos effectifs. Nous étions en contact permanent avec nos équipes et nos banquiers privés ont gardé un lien constant par téléphone avec nos clients.

Aurélie Tristant. Le véritable enseignement de cette période demeure la démonstration de la pertinence de notre modèle. Nous avions besoin, peut-être plus qu’avant, de proximité, de contacts, de pouvoir accompagner, conseiller et rassurer nos clients. La crise a accentué le besoin d’analyse sur mesure pour notre clientèle. Nous avons été au rendez-vous grâce à tous les outils digitaux dont nous disposons. Le bilan est très positif : nous sommes parvenus à nouer un lien de confiance encore plus fort avec notre clientèle qui a profité du sérieux de nos expertises, même à distance.

Comment vos relations ont-elles évolué avec vos clients au cours de ces deux derniers mois ?

J-M. R. Le confinement a permis de tisser des liens encore plus étroits avec nos clients. Les échanges téléphoniques duraient trois à quatre fois plus longtemps en moyenne ! Ils ont vraiment besoin d’être rassurés et d’échanger sur leur situation. Ils se sont donc logiquement davantage livrés sur leur patrimoine, sa transmission ou leur volonté de le diversifier. Ils avaient besoin d’être rassurés dans cette période d’incertitudes. Une chose m’a marqué : nous avons été interrogés un nombre de fois incalculable sur l’opportunité d’acheter de l’or, la valeur jugée refuge par excellence. Habituellement, cette question ne se pose jamais. C’est anecdotique mais révélateur de l’état d’esprit ambiant.

Quels outils avez-vous mis en place pour accompagner votre clientèle pendant cette phase ?

A. T. Notre force humaine – l’ensemble de nos experts en gestion de fortune, en gestion sous mandat, en gestion immobilière ou en ingénierie patrimoniale – était entièrement mobilisée, de la même façon qu’en temps normal. Ce sont nos processus que nous avons fait évoluer en les dématérialisant pour continuer à opérer des arbitrages et renforcer la diversification patrimoniale de nos clients. Cette adaptation de nos outils s’est faite en un temps record.

J-M. R. Nos outils informatiques se sont perfectionnés et nous continuons d’investir dans le digital pour être encore plus opérationnels si une autre crise survenait. Nous avons beaucoup appris de cette pandémie. Par exemple, des opérations comme les ordres de Bourse ont pu être décidées, opérées et traitées à distance, en toute sécurité.

"Nous sommes toujours à la recherche d’opportunités pour nous développer par le biais de la croissance externe"

Justement, quel a été votre niveau d’activité au cours des dernières semaines ?

A. T. Cela peut paraître contre-intuitif. Non seulement notre activité ne s’est jamais arrêtée mais, en plus, nous avons noté un afflux de nouveaux capitaux pendant cette période. De plus, beaucoup de clients ont choisi de diversifier davantage leur patrimoine. Nombreux sont ceux qui ont opéré des arbitrages d’un fonds euro vers les marchés actions. Les opportunités n’ont pas manqué, notamment dans la zone européenne qui reste notre cœur de métier.

J-M. R. Notre statut de filiale à 100 % de La Banque Postale a été un atout de poids. Dans le contexte actuel, savoir que l’on confie son épargne à une banque privée détenue par une banque publique solide  est particulièrement rassurant. C’est un gage de stabilité et de confiance qui a de l’importance pour nos clients et qui explique, entre autres, l’afflux d’épargne dont nous avons bénéficié.

Outre votre activité de placement, la banque privée BPE propose également des services en matière de financement. Comment avez-vous accompagné les clients emprunteurs que la crise a mis en difficulté ?

A. T. Bien entendu, nous nous sommes adaptés à la situation et avons reporté les échéances de leur crédit, dès les premières semaines de la crise. Il s’agissait de leur garantir une certaine sérénité dans la gestion de leur trésorerie à court terme.

Sur quels scenarii de reprise économique tablez-vous ?

J-M. R. Nous ne privilégions aucun scenario en particulier. Pour l’instant, il est beaucoup trop tôt pour se prononcer sur une date de la reprise. Nous regardons avec attention ce qui se passe chez nos voisins européens et asiatiques dont le confinement a pris fin plusieurs semaines avant le nôtre. Cela peut donner quelques pistes quant à une reprise économique mais pour l’heure, il est difficile de se prononcer. Une chose est certaine, selon les secteurs, l’activité ne reprendra pas à la même date ni à la même vitesse. Dans tous les cas, nous sommes et serons là pour accompagner notre clientèle, tout comme nous l’avons été ces deux derniers mois.

A. T. Nous attendons une activité soutenue dans les prochaines semaines car les opportunités de placement ne manqueront pas et ce, dans toutes les classes d’actifs. Nos clients sont prêts à investir et nous à les accompagner.

Au-delà des opportunités de placement pour vos clients, quelles sont celles que vous avez identifiées pour BPE ?

J-M. R. Nous avons toujours été à la recherche, et ce bien avant le début du confinement, d’opportunités pour nous développer par le biais de la croissance externe. Nous voulons en effet élargir notre fonds de commerce aussi bien pour la partie bancaire que pour la société de gestion. La banque privée BPE est solide. Son résultat d’exploitation est en augmentation et ses encours d’actifs sous gestion sont en forte progression. Nous sommes armés pour l’avenir.

Propos recueillis par Sybille Vié

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