La production de paracétamol en eau trouble
Depuis le début de la pandémie, la demande de paracétamol a explosé en France. Sanofi et UPSA se veulent rassurants bien que le principe actif de leur médicament ne soit plus produit dans l’Hexagone. De leur côté, l’Agence nationale de sécurité du médicament et les syndicats de pharmaciens ont annoncé le 12 juillet des mesures de restriction des commandes afin de garantir les stocks des hôpitaux. Preuve de la tension que connaît le marché.
UPSA tente d’apaiser les tensions en faisant état de plus d’un mois de stocks pour ses deux marques principales, Dafalgan et Efferalgan. Le laboratoire compte aussi sur la variété des formes de médicaments contenant du paracétamol pour répondre à la consommation. Sanofi, fabricant du fameux Doliprane, annonce pour sa part une augmentation de ses stocks tout en rappelant que la hausse de la demande n’a pas eu d’incidence sur sa production.
Bien que le paracétamol soit produit en France, Sanofi importe son principe actif principalement d’Asie et UPSA des États-Unis
Pour soigner leur communication, les deux mastodontes pharmaceutiques préfèrent parler de la réactivité de leurs opérations françaises. UPSA concentre toute la fabrication de paracétamol à Agen, tandis que les deux usines de Sanofi à Lisieux et Compiègne travaillent en roulement toute la semaine, 24 heures sur 24, afin de maximiser les capacités d’approvisionnement. Cependant, bien que le paracétamol soit produit en France, Sanofi importe son principe actif principalement d’Asie et UPSA des États-Unis.
Un inconvénient que les industriels ont pris à bras-le-corps, mesurant la nécessité de relocaliser leurs moyens de production à proximité des lieux de consommation. Ainsi, Gildas Barreyre, secrétaire général de Seqens, principal producteur du principe actif du paracétamol qui totalise 3200 salariés à travers le monde et un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros en 2020, explique : "La crise a montré qu'il existe un intérêt à implanter une partie de nos productions en Europe". Le géant chimique a donc annoncé la relocalisation de l’une de ses usines dont Sanofi et UPSA deviendront les distributeurs exclusifs. L’objectif est de doubler les capacités de production de la molécule afin de répondre en priorité aux besoins européens. Ce nouveau site devrait voir le jour en Isère à l’horizon 2023. Un pas de plus vers l’indépendance stratégique d’un secteur clé.
Tom Laufenburger