Réputé pour accueillir les championnats les plus relevés du globe, le Vieux Continent domine le monde du football. Dans cet univers où l’argent règne en maître, la Ligue 1 semble perdre du terrain. Mais que vaut vraiment le championnat français ? Éléments de réponse en le comparant au mastodonte anglais.

1. Revenus commerciaux : Premier League

 

Les chiffres sont saisissants. Ils illustrent le poids économique du sport en Europe. Les clubs professionnels bénéficient d’une notoriété leur permettant de générer d’importantes recettes. Des revenus perçus grâce aux droits de rediffusion télévisée versés par les chaînes, au nombre de billets vendus dans les stades, aux contrats publicitaires et à la vente de produits dérivés. Mais les rentes ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Le championnat anglais a ainsi généré 1,084 milliard d’euros de chiffre d’affaires contre 634 millions d’euros pour la Ligue 1. Si le premier bénéficie d’un positionnement internationalisé efficace, le deuxième peine encore à éclore à l’étranger, même si le Paris Saint-Germain (PSG) lui permet d’accroître sa visibilité. L’écart se creuse notamment au niveau des droits de rediffusion. Alors que la Premier League touche au total plus de 3,3 milliards d’euros par an (2016), les mêmes droits rapporteront 748,5 millions d’euros en France (Ligue 1 et Ligue 2) pour la saison 2016/2017. Les clubs de l’Hexagone devront suivre les traces du PSG pour permettre à la compétition d’obtenir de nouveaux relais de croissance. L’édition 2016 du rapport de Deloitte qui classe les vingt clubs les plus riches d’Europe reflète bien la situation actuelle. Neuf d'entre eux sont anglais, pour un seul français.

 

2. Popularité : Premier League

 

Pour la saison 2013/2014, les deux opérateurs détenteurs des droits audiovisuels de la Premier League (Sky Sports et BT Sports) ont comptabilisé à eux deux plus de 160,8 millions de téléspectateurs en audience cumulée. Un résultat conséquent bien que les chaînes soient soumises à un abonnement payant. En France, il est difficile d’évaluer la qualité de l’audience pour la Ligue 1 puisque Canal + et BeinSport ne communiquent pas leurs résultats. Pourtant, le rapprochement évoqué entre les deux groupes pour retransmettre  les rencontres du championnat français laisse penser que les chaînes cherchent des moyens d’attirer des téléspectateurs supplémentaires. 

L’écart de popularité se note sur les réseaux sociaux. Le cumul du nombre de fans des six clubs britanniques les plus suivis sur Facebook correspond à 204 millions de personnes. En France, les six clubs les plus suivis regroupent 35 millions de fans. Un décalage de ferveur qui se ressent aussi dans les stades. Pour la saison dernière, l’affluence totale dans les stades de l’Hexagone atteint les 8 453 000 millions de spectateurs pour 13 746 753 millions de l’autre côté de la Manche. Des disparités qui s’expliquent notamment par la différence de niveaux entre les deux divisions.

 

Classement des clubs anglais en fonction du nombre de fans sur Facebook en date du 28/02/2016 :

 

Manchester United : 68 272 433

Chelsea : 45 039 459

Arsenal : 35 342 268

Liverpool : 27 521 265

Manchester City : 20 462 036

Tottenham : 7 390 828

 

Classement des clubs français en fonction du nombre de fans sur Facebook en date du 28/02/2016 :

 

PSG : 23 783 245

Olympique de Marseille : 4 599 671

Monaco : 3 214 498

Olympique lyonnais : 2 460 380

AS Saint-Étienne : 763 052

LOSC (Lille) : 702 005

 

3. Spectacle : Premier League

 

Les Anglais maîtrisent mieux le suspens et les rebondissements finissant au fond des filets. Sur la période 2012/2013, 967 buts ont été marqué en Ligue 1 contre 1 063 en Premier League. Même constat pour l’année suivante : 931 réalisations en France pour 1 052 en Angleterre. L’étau se resserre pourtant depuis l’année dernière, avec un écart de seulement vingt-huit buts. Mais le décalage est aussi flagrant dans les compétitions européennes. Les clubs anglais ont remporté la Champion’s League, compétition la plus prestigieuse du continent, à douze reprises, alors que seul l’Olympique de Marseille a réalisé ce qui s'apparente à un exploit en France. Même chose pour l’Europa League. Les Anglais l’ont gagnée à dix reprises contre aucune victoire pour les Français. Autre preuve de supériorité, l’indice UEFA. L’Angleterre se classe troisième nation d’Europe avec 73,909 points et potentiellement huit équipes représentées chaque année dans les grands challenges européens. Quant à la France, elle se classe cinquième avec 52,082 points et six clubs susceptibles de participer aux grandes compétitions (le sixième club du classement joue également un match de barrage). Au niveau du coefficient UEFA des clubs, six associations anglaises figurent dans le top 50 : Liverpool, Tottenham Hotspur, Manchester United, Manchester City, Arsenal, Chelsea, Liverpool. La Ligue 1 n’est représentée que par trois équipes : Marseille, Lyon et Paris.

 

4. Joueurs : Premier League

 

L'abîme entre les deux championnats est également marquée par les différences de salaires entre les joueurs. En Premier League, le revenu mensuel moyen est de 216 000 euros pour la saison 2014/2015. En ligue 1, même boosté par les salaires des joueurs du PSG, il s’élève à 95 066 euros par mois.Quant au nombre de joueurs sélectionnés pour jouer en équipe nationale, ils sont 76,27 % en Premier League contre 43,60 % en Ligue 1.

 

5. Endettement : Ligue 1

 

Selon le rapport de l’édition 2013/2014 de la Ligue de football professionnelle (LFP), l’endettement cumulé des clubs de Ligue 1 s’élève à 194 millions d’euros. Un chiffre minime comparé à ceux du championnat anglais. À l’image du club londonien, Chelsea, qui comptabilise une dette de 1,3 milliard d’euros, soit un taux d’endettement de 309,5%. En 2015, les dix clubs anglais les plus endettés cumulent un solde débiteur de 3,087 milliards d’euros. Manchester United, Arsenal et Liverpool affichent respectivement un taux d’endettement à 90 %, 75 % et 44 %. Un phénomène en grande partie dû à l’achat de joueurs pour des contrats pesant généralement plusieurs dizaines de millions d’euros. Par manque de trésorerie, les clubs anglais font le pari de s’endetter en attendant le retour sur investissement.

 

Résultat : Premier League : 4 – Ligue 1 : 1

 

La balance penche clairement du côté de la Premier League. Même si l’arrivée des investisseurs qataris relève le niveau du championnat français, le spectacle est nettement moins soutenu et le sort de la compétition semble déjà scellé (le PSG est largement en tête). En Angleterre, non seulement la lutte pour le titre est acharnée, mais le spectacle et la qualité de jeu maintiennent un niveau de ferveur élevé pour des clubs aux palmarès impressionnants. Du côté de la Ligue 1, les associations sportives devront s’internationaliser pour tenter de rivaliser.

 

R. T.

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