Profitant de sa niche parlementaire et de l’absence de députés socialistes, le groupe écologiste fait voter la suppression de la publicité encadrant les émissions jeunesse sur le service public.

La jeunesse  « pâtit physiquement et psychologiquement d’une surexposition aux messages publicitaires ». Forts de cet argument rappelé par Michèle Bonneton (EELV), rédactrice de la proposition de loi visant à la suppression de la publicité commerciale quinze minutes avant/après et durant les programmes de la télévision publique destinés aux enfants de moins de 12 ans, les Écologistes, fidèles au poste, ont déjoué la programmation gouvernementale. Le vote favorable au Sénat en octobre dernier du texte d’André Gattolin par les groupes RDSE (à majorité PRG), UDI-UC, Les Républicains et les écologistes semblait pourtant sans lendemain. Il avait notamment été vidé de toute substance en commission des Affaires culturelles et n’était plus qu’une « demande de rapport sur l’impact de la publicité » prévu pour… après les législatives de 2017 ! Mais c’était sans compter sur l’absentéisme des représentants socialistes, dont ont profité les « Verts », bien groupés cette fois autour de leur niche parlementaire (1), pour faire adopter le projet jeudi 14 janvier dans la soirée.

 

Navette de secours

Le gouvernement reproche à ce dernier de fragiliser les finances de l’audiovisuel public en le privant de quinze à vingt millions d’euros en période de disette. « La situation financière de France Télévisions est préoccupante. Les recettes publicitaires ont diminué de cent millions d’euros entre 2010 et 2014 », avait répété la ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, obtenant pour ces raisons le soutien des communistes. Marie-George Buffet avait notamment indiqué la préférence des bambins pour TF1, M6 ou Gulli et révélé que « les annonceurs du secteur alimentaire pour la catégorie enfants investissent d’abord dans des chaînes privées : TF1 reçoit 83 millions d’euros, M6, 48 millions d'euros. » Une fin de non-recevoir « morale » pour ne pas favoriser le privé. L’exécutif n’a pour autant pas tout à fait perdu sa télécommande parlementaire. Le texte - qui demandait aussi au CSA de rendre compte chaque année de ses travaux sur la publicité télévisuelle dans les programmes pour enfants - n’ayant pas été adopté « conforme » au vote du Sénat, le gouvernement et les députés PS reprendront la main lors de la navette entre les assemblées.


Q.L.

 

(1) Il a fallu au gouvernement faire voter par délégation les parlementaires « en mission » pour que pareille mésaventure ne se répète pas dans la soirée avec une loi sur les langues régionales du député Paul Molac.

Photo : © Assemblée nationale

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