Le directeur général de l’Accor Arena, qui a également le Bataclan et bientôt la nouvelle Adidas Arena de la Porte de la Chapelle dans son portefeuille, s’est imposé comme un acteur incontournable de la vie évènementielle parisienne. Rencontre.

Nicolas Dupeux a passé toute sa carrière dans l’événementiel. D’abord au sein de l’agence Alice Événements, où il organise conventions, séminaires et voyages d’entreprises pour des grands comptes avant d’en prendre la direction générale en 2010. À la faveur du rachat par GL Events, il pilote la fusion de trois agences réunies au sein de l’entité "Live ! by GL Events", l’activité de conseil stratégique et opérationnel en communication événementielle du groupe, dont il prend la direction générale en 2014. Il y restera à peine un an, puisqu’ il rejoint Disneyland Paris en 2015 en tant que directeur de Disney business solutions où il travaille notamment au développement de la cible 18-25 ans à travers des événements sportifs et musicaux. C’est donc une figure chevronnée du secteur que nous retrouvons aux abords de l’emblématique enceinte parisienne, qu’il dirige depuis 2018.

Destination

D’emblée, Nicolas Dupeux plante le décor : "En 1984, date de la construction de ce qui était alors le Palais Omnisports de Paris-Bercy, il n’y avait rien ici, pas même le ministère de l’économie, juste quelques vignes dans le parc de Bercy." Si c’est aujourd’hui un quartier foisonnant de la capitale, on peut encore trouver les marques de sa relative jeunesse dans son manque de cohésion globale. Comme si les choses y avaient été construites sans imaginer les usages de demain, sans véritable plan global et vision d’ensemble. "Notre ambition, c’est précisément d’apporter ce liant pour en faire non plus seulement un lieu de passage mais de destination."

"Notre métier, c’est l’émotion déclinée sur les cinq sens."

Hors les murs

Pour ce faire, les équipes de Nicolas Dupeux ont lancé un vaste travail de réflexion autour de la diversification de l’Arena, mettant ainsi à profit une pandémie qui les avaient mises de fait au chômage technique. L’objectif : la rendre ouverte sur le quartier, 7 jours/7 et 24h/24. Un plan qui se concrétise par la création d’un espace de coworking avec Spaces, filiale d’IWG, l’ouverture d’un bar et d’un restaurant, mais aussi d’une nouvelle salle, Phantom, conçue avec Paris Society, pour poursuivre la soirée à l’issue des concerts ou événements de l’Arena. "Et puis bientôt un cinéma en plein air, un playground de basket… ", énumère Nicolas Dupeux qui tient également à élargir l’expérience de ses événements. Et d’illustrer : "Quand nous avons accueilli un combat UFC, le show a commencé dès 14h avec une exposition, la présentation de la ceinture, des rencontres avec des combattants, un bar, des animations… cela contribue aussi à rendre tout le quartier plus vivant, tout au long de la journée." Sans compter les revenus annexes générés, notamment par la visibilité accrue offerte aux sponsors.

En chair et en os

Se sent-il menacé par la consommation de plus en plus numérique des événements et les prophètes du métavers ? Pour lui, la réponse est claire : "Notre métier, c’est l’émotion déclinée sur les cinq sens. Oui, vous pouvez regarder un concert sur YouTube… Mais vous ne sentirez pas la chaleur de la foule, les vibrations des gradins, l’odeur des fumées… Si la pandémie a bien démontré une chose, c’est l’impérative nécessité de vivre et partager des moments ensemble." Avec le rachat de l’emblématique Bataclan et la prise de contrôle de la nouvelle Adidas Arena de la Porte de la Chapelle, le groupe est aujourd’hui en mesure d’accueillir toutes les gammes d’événements, avec en ligne de mire les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Paris n’a pas fini de vibrer.

Antoine Morlighem

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