Né en Palestine en 1942, Isaac Perlmutter immigre aux États-Unis à la fin des années 1960. Vendeur à la sauvette dans les rues de New York et autodidacte, il finit par accumuler les succès entrepreneuriaux avant de racheter Marvel en 1996, l’entreprise productrice de comics, alors en faillite. Grand artisan de son rebond et de son rachat par Disney en 2009, l’homme dispose d’une fortune estimée à 4,1 milliards de dollars.

La voie vers le succès empruntée par Isaac Perlmutter n’a rien d’un long fleuve tranquille. C’est après avoir servi dans l’armée israélienne lors de la guerre de Six Jours en 1967 qu’il décide de mettre les voiles vers le pays de l’Oncle Sam avec seulement 250 dollars en poche.

Cimetière et vendeur de rue

Dès son arrivée, il profite de ses connaissances en hébreu pour animer des services funéraires dans les cimetières juifs de Brooklyn. Il vend ensuite des jouets et des produits de beauté dans les rues de la Grosse Pomme. S’il ne s’est jamais rendu à l’université, c’est ainsi qu’il apprend à commercialiser des stocks excédentaires, à réaliser des bénéfices ou encore à lire un bilan comptable et à repérer les chiffres d’entreprises en difficulté. Il obtient rapidement une expertise de grossiste de produits invendus.

Premières aventures entrepreneuriales

Avec un associé, il fonde la société Odd Lot Trading spécialisée dans l’achat et la revente de surplus d’inventaire. La recette est simple : il acquiert à bas prix des stocks invendus ou dévalués qu’il parvient à revendre en réalisant une marge élevée. Grâce à son flair et à son appétit aiguisé des affaires, il se procure un capital important et affine sa stratégie.

En 1984, les deux compères cèdent leur entreprise à Revco Discount Drug Stores en échange de 12 % des actions de cette dernière. Grâce à cette part minoritaire, Isaac Perlmutter tente de contester la direction de Revco afin d’en prendre le contrôle. Sa tactique échoue et il finit par se séparer de ses parts, mais il a amassé 120 millions de dollars au passage et a forgé sa réputation de fin gestionnaire.

Marvel, le pied à l’étrier

Dans les années 1980, Isaac Perlmutter poursuit sur sa lancée et se tourne vers l’industrie du divertissement. En 1989, il devient l’actionnaire majoritaire de l’entreprise Toy Biz, alors au bord de la faillite. L’homme d’affaires réussit à la redresser grâce à une gestion méticuleuse et, en 1993, il remporte un contrat crucial pour la suite de sa carrière. Toy Biz obtient les droits de production exclusifs des jouets Marvel Comics. Trois ans plus tard, l’entreprise emblématique des aventures de super-héros est en banqueroute. Isaac Perlmutter ne laisse pas passer sa chance. En 1998 aux côtés de son partenaire Avi Arad, il parvient à fusionner Toy Biz et Marvel pour fonder Marvel Entreprises. Le succès est en marche.

Consécration avec le rachat par Disney

Désormais aux manettes d’une des entreprises les plus populaires de la pop culture américaine, le magnat du divertissement applique ses méthodes éprouvées. Réduction des coûts, recentrage sur les produits les plus rentables, élimination des actifs superflus… En seulement quelques années, Marvel retrouve sa rentabilité et se positionne à nouveau comme un acteur incontournable de la bande dessinées mais aussi du septième art.

En 2005, Isaac Perlmutter devient CEO de Marvel et dispose des coudées franches pour réaliser le plus grand accomplissement de sa carrière. En 2009, Disney rachète sa société pour 4 milliards de dollars. L’homme d’affaires, grand architecte de cette cession, s’assure un rôle clé dans le nouvel organigramme en restant à la direction de Marvel et empoche 800 millions de dollars ainsi que l’équivalent de 590 millions en actions Disney. Il devient alors un personnage public, amateur de discrétion, mais surtout une épine dans le pied de Disney en raison de différents conflits internes au sujet du développement de Marvel Studios. En 2023, le poil à gratter est licencié, mais la notoriété et la fortune de l’Américain n’est plus à prouver.

Trumpiste de la première heure

Si Isaac Perlmutter a toujours préféré rester dans l’ombre des projecteurs qu’il dirigeait allègrement vers les super-héros qu’il produisait, il n’en reste pas moins un personnage influent de la classe politique américaine. Après avoir investi 1 million de dollars dans la campagne de Donald Trump en 2016, puis 2 millions dans celle de 2020, il a récemment réitéré ses convictions en injectant 10 millions dans un fonds destiné à financer la nouvelle campagne de l’ancien président, toujours l’objet de plusieurs accusations judiciaires à la veille du nouveau scrutin présidentiel. Une certitude, Isaac Perlmutter n’a pas encore tiré sa révérence sur la scène financière et médiatique outre-Atlantique.

Tom Laufenburger


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