Favori des sondages face à Joe Biden, Donald Trump est désormais au coude-à-coude avec Kamala Harris pour remporter la prochaine élection présidentielle américaine. Le potentiel retour du républicain à la Maison Blanche pourrait avoir des conséquences économiques importantes pour les pays européens.

En lisant le programme économique de Donald Trump, les dirigeants du Vieux-Continent peuvent frissonner. Dans son programme, le candidat républicain prévoit des mesures douanières et fiscales agressives contre ses partenaires internationaux destinées à donner un second souffle à son fameux slogan "America First". Plusieurs difficultés se profilent en cas de réélection de l’ancien homme d’affaires, mais aussi quelques bonnes surprises.

Droits de douanes, le serpent de mer trumpiste

La menace des droits de douane sur les exportations européennes ressurgit. Ce dernier promet d’ores et déjà une hausse de 10% des tarifs douaniers imposés sur les produits européens ou chinois. Selon Maxime Darmet, économiste spécialisé sur les zones USA et France chez Allianz Trade et co-auteur d’un rapport sur les potentielles mesures de Donald Trump : "Aujourd’hui, les droits de douane sont situés à 2,5%, nous planchons plus sur une mesure de compromis d’environ 5%. C’est une vision pragmatique de l’administration trumpiste qui ne peut pas surtaxer des produits que son économie domestique ne peut produire suffisamment.". Produits culturels, biens d’équipements et matériaux de construction ces trois catégories de biens, notamment exportés par l’Union européenne vers les États-Unis, seront particulièrement affectées par cette politique. "Les exportations pourraient chuter de 0,5%." avance l’économiste. "Un chiffre important au niveau mondial."

Les investissements directs à l’étranger (IDE) des Européens vers le pays de l’oncle Sam seront aussi davantage scrutés. "Les flux financiers à destination de secteurs clés comme la tech, la production de semi-conducteurs, l’automobile seront beaucoup plus difficiles à réaliser. Trump a par exemple déclaré que le récent rachat de l’entreprise US Steel par la société japonaise Nippon Steel n’aurait pas eu lieu sous son mandat."

Dans le monde idéal trumpiste, les financements qui viendraient à manquer en cas de restriction outre-Atlantique seraient compensés par les hausses de droits douaniers

L’essentiel de ses choix politiques visera à surfer sur la tendance de son mouvement "Make America Great Again" (MAGA) pour développer ces secteurs critiques par des mesures protectionnistes. Dans le monde idéal trumpiste, les financements qui viendraient à manquer en cas de restriction outre-Atlantique seraient compensés par les hausses de droits douaniers.

Le dollar, une belle valeur refuge

Les effets sur les marchés financiers ne seront pas en reste. Le taux de change du dollar devrait notamment s’apprécier, "comme durant le premier mandat de Trump, au cours des phases d’incertitudes commerciales le dollar est une belle valeur refuge sur les marchés et finit par s’apprécier." confirme l’économiste. De bon augure pour les européens, car "cela baisserait la valeur de l’euro aux États-Unis et atténuerait la baisse de compétitivité des produits européens engendrée par la hausse des tarifs douaniers."

La politique monétaire de la banque centrale américaine pourrait, elle aussi, être affectée par une potentielle réélection de l’ancien animateur de télé-réalité. Les taux directeurs de la FED ont été rabaissé en septembre 2024 à 4,75% - 5% après avoir atteint un an auparavant leur plus haut niveau depuis plus de vingt ans entre 5,25% et 5,50%, afin de calmer une inflation galopante qui a contaminé l’économie mondiale. "On peut craindre une potentielle ingérence de Donal Trump dans les affaires de la FED, même si cela n’est pas notre scenario de base. Les taux pourraient redescendre sous la barre des 4% et contribuer à relancer la hausse des prix mais ce mouvement resterait probablement domestique." Une bonne nouvelle de plus pour les européens, moins pour le président de l’institution financière, Jerome Powell, dont le mandat s’achève en mai 2026.

Depuis 2018, Emmanuel Macron se gargarise de voir l’Hexagone être le premier récepteur européen d’IDE, or la majorité de ces investissements proviennent des États-Unis

Représailles ou camouflet ? 

À l’instar des premières salves protectionnistes de Donal Trump en 2019, lorsque l’Union européenne avait menacé de taxer certains produits ou services comme ceux de Boeing, l’UE réagirait en cas de hausse des tarifs douaniers. Mais qui serait le grand perdant d’une telle guerre commerciale ? Les États-Unis sont le deuxième importateur en Europe et le pays vers lequel elle exporte le plus. A contrario, les vingt-sept ne figurent pas sur le podium des principaux partenaires économiques de l’Oncle Sam derrière le Mexique, le Canada, membres de l’accord frontalier USMCA (ancien accord tripartite NAFTA) et la Chine. Un échange de représailles risque plutôt de ressembler à un combat de David contre Goliath qu’à un affrontement équilibré.

Le cas de la France est, sans doute, un des plus épineux. Depuis 2018, Emmanuel Macron se gargarise de voir l’Hexagone être le premier récepteur européen d’IDE, or la majorité de ces investissements proviennent des États-Unis. Le pays est donc très dépendant de ces flux financiers. Si Donald Trump décide de limiter les investissements européens vers ses industries critiques, le gouvernement aura peu de marge de manœuvre pour riposter sans fragiliser son économie. Une chose est certaine, cette semaine du 5 novembre, les entreprises européennes auront tout intérêt de voir Kamala Harris retourner la formule de Donal Trump, "You’re fired" contre son créateur.

Tom Laufenburger

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