En dix ans, le groupe de défense a signé neuf deals dans le domaine de la cybersécurité. Le rachat d’Imperva pour 3,6 milliards de dollars lui permet d’entrer dans le top 5 des leaders mondiaux de la sécurité informatique.

Le marché de la cybersécurité explose. Pour fin 2023, l’ONU estime à 5 200 milliards de dollars, soit près de deux fois le PIB de la France, les revenus de la cybercriminalité. Afin de proposer des réponses aux entreprises et institutions qui font face à cette menace grandissante, les acteurs montent en puissance et les mouvements de consolidation au sein du secteur se multiplient. Le français Thales ne reste pas inactif pour se faire une place au soleil. Dernier deal en date ? Le rachat d’Imperva pour 3,6 milliards de dollars, annoncé en juillet et dont la finalisation est attendue pour début 2024. Une opération qui permet au groupe hexagonal d’entrer dans le top 5 des leaders mondiaux de la sécurité informatique.

Un actif assez rare

Preuve que le marché est en pleine ébullition : l’évolution de la valeur de l a société cible. Créée en 2002 à Tel Aviv, Imperva appartenait au fonds d’investissement américain Thoma Bravo, qui l’avait acquise il y a quatre ans pour 2,1 milliards de dollars. Le deal avec Thales valorise la société de services à 17 fois l’Ebitda et six fois son chiffre d’affaires. "Imperva est un actif assez rare qui va nous permettre de créer avec notre propre activité de cybersécurité un acteur de classe mondiale positionné sur des segments à forte croissance et forte profitabilité", commentait le PDG de Thales, Patrice Caine, à l’occasion de l’annonce de l’opération.

Le secteur se consolide à coups de milliards

Thales n’a pas hésité à mettre une belle somme sur la table (la plus importante déboursée après le rachat de Gemalto en 2019 pour 4,8 milliards d’euros). Il faut dire que, face à Google qui a racheté Mandiant pour 5,4 milliards de dollars et le fournisseur de logiciels Kaseya qui a mis la main sur la société de cybersécurité et de sauvegarde des données Datto pour 6,2 milliards, la course à la taille est lancée. C’est pourquoi Thales ne s’est pas arrêté à Imperva et a signé pas moins de neuf deals sur le segment en dix ans. Le groupe a notamment annoncé en octobre la finalisation de l’acquisition de l’australien Tesserent pour 107 millions d’euros. En juillet 2022, il s’était offert OneWelcome, le leader européen de la gestion des identités et des accès clients, s’adjoignant ainsi une expertise essentielle et très demandée sur le marché de la cybersécurité.

Sur tous les fronts

En janvier 2024, Thales regroupera toutes ses activités cyber civiles au sein de son entité Identité et sécurité numériques (DIS). "Cette évolution permettra de renforcer la position de DIS comme acteur incontournable des produits et solutions de cybersécurité et de générer de nouvelles synergies dans l’ensemble de ses activités cyber", fait valoir le groupe. Une fois les acquisitions opérées, la cybersécurité devrait représenter 44 % du chiffre d’affaires de DSI en 2024, avec un marché potentiel de 36 milliards de dollars.

Thales n’en oublie pas pour autant ses autres activités. Cette année, le groupe a annoncé le projet d’acquisition de Cobham Aerospace Communications pour se renforcer dans l’aéronautique et a finalisé celui des activités d’entraînement des forces de Ruag S&T pour s’adjoindre de nouvelles expertises dans le domaine de l’entraînement et de la simulation. Le tout sans risquer l’asphyxie financière puisque Thales anticipe pour fin 2024 une trésorerie nette supérieure à 2 milliards d’euros confirmant la bonne forme du secteur de la défense.

Olivia Vignaud

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