Le montant vient d'être révélé par le Financial Times. Le spécialiste du luxe français entend pousser ses pions dans l’univers rentable des parfums. D’autres grands groupes ont pris le même pari.

Le chiffre est enfin tombé ! Quelques jours après l’annonce de l’acquisition de Creed par Kering, le Financial Times dévoile le montant du deal. Le groupe de luxe français emmené par François-Henri Pinault aurait mis 3,5 milliards d’euros sur la table afin de s’offrir 100 % de la marque de parfums de luxe qu’il rachète à BlackRock et Javier Ferrán, actuel président de l’entreprise. L’opération permet à Kering de pousser les feux dans le secteur stratégique de la fragrance, où les cibles ne sont pas légion.

"Cette acquisition constitue une étape majeure pour Kering Beauté, fait valoir le groupe dans un communiqué de presse publié le 26 juin. En parfaite complémentarité avec son portefeuille de maisons de luxe emblématiques, elle permet d’emblée à Kering Beauté d’atteindre une taille substantielle, et la dote d’un profil financier attractif ainsi que d’une plateforme permettant de soutenir le développement futur d’autres fragrances de Kering Beauté, grâce notamment au réseau de distribution mondial de Creed."

Un marché solide

Si Kering mise sur le marché du parfum, c’est parce que celui-ci bénéficie d’une croissance solide et d’une rentabilité élevée. Entre 2019 et 2022, les ventes de fragrances de 100 euros ou plus ont augmenté de 177 %, selon l’institut d’études The NPD Group. Et, le cabinet Bain estime à 5 milliards d'euros le montant dépensé chaque année dans les achats de parfums ultra premium, un chiffre qui devrait augmenter de 15 % d’ici à 2026, précise Le Figaro. Pour sa part, Creed – dont les flacons dépassent la centaine d’euros – peut se targuer d’afficher un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros et une marge brute d’exploitation moyenne de 20 %. 

Kering n’est pas le seul groupe à avoir senti qu’il y avait un créneau à prendre. L’Oréal, Dolce & Gabbana ou encore Coty ont avancé leur pion dans l’univers de la fragrance. L’an dernier, Balmain annonçait une association avec The Estée Lauder Companies afin de s’attaquer au segment de la parfumerie et du make-up.

L’héritage de la maison créée en 1760 en Angleterre par James Henry Creed sera conservé. Toutefois, Kering envisage de "libérer" son "potentiel" tant sur le plan géographique qu’en matière de distribution ou de catégories de produits, notamment en misant davantage sur la Chine, sur le travel retail ou sur les fragrances féminines et les produits pour le corps et la maison, précise le groupe. L’opération, réalisée en numéraire, devrait être finalisée au deuxième semestre 2023, sous réserve des feux verts réglementaires nécessaires.

Olivia Vignaud

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