La scale-up française Batch, qui développe une plateforme CRM nouvelle génération permettant de placer le mobile au cœur de la stratégie marketing et d’engagement client, vient de réaliser une levée de fonds de 20 millions d’euros auprès du fonds d’investissement britannique Expedition Growth Capital et du fonds français Orange Ventures. Simon Dawlat, l’un des deux cofondateurs de Batch, revient sur cette récente opération et les ambitions qui l’accompagnent.

Décideurs. Vous venez de lever 20 millions d’euros auprès d’Expedition Growth Capital (UK) et Orange Ventures (FR). Comment s’est déroulé ce rapprochement avec les deux fonds et que vont vous apporter ces deux partenaires ?

Simon Dawlat. Ce sont deux fonds avec lesquels nous n’avions pas de relation préexistante. Nous avons auto-financé Batch pendant six ans en utilisant la structure juridique de notre précédente aventure entrepreneuriale, AppGratis, dans laquelle le fonds Iris Capital était investisseur. Ce fonds est sorti du capital de Batch à l’occasion du récent tour de table pour lequel Expedition Growth Capital, qui était en position de lead, était suivi par Orange Ventures.

Expedition Growth Capital est un fonds de 200 millions d’euros qui vient de se créer et dont nous sommes le deuxième investissement. Il en est de même pour Orange Ventures, récemment créé, dont nous sommes également le deuxième investissement [le premier étant Brut, Ndlr].

De notre côté, nous cherchions des fonds d’investissement en début de cycle composés de professionnels de notre âge et de notre génération comme Oliver Thomas chez Expedition Growth Capital et Clément Combal chez Orange Ventures. Ces partenaires nous apportent non seulement un soutien financier, mais également une ouverture sur le monde anglo-saxon avec le Britannique, tandis que le Français sera un important relais auprès d’Orange – qui est déjà un gros client – et plus généralement de nos cibles corporate.

"Batch c’est aujourd’hui plus de 300 clients, 10 000 sites et applications qui utilisent notre technologie d’engagement clients et presque 400 milliards de notifications push envoyées par an"

Quels sont les objectifs poursuivis par Batch avec cette première levée de fonds ?

Nous avons défini trois principaux objectifs. Le premier est avant tout organisationnel. Il y’a encore deux ans, l’équipe n’était composée que d’une trentaine de personnes. Nous sommes aujourd’hui 70 avec des collaborateurs dans une dizaine de villes en Europe. Nous comptons doubler de taille d’ici la fin de l’année 2022 en visant une équipe de 150 personnes, et probablement, d’ici la fin 2023, de 250 personnes. Il est donc primordial de s’assurer de se doter de la culture la plus forte possible pour souder et unifier les équipes autour d’un même objectif et des valeurs communes. Nous avons énormément d’initiatives en ce sens et assumons pleinement d’en faire l’objectif principal de la levée.

Investir dans la plateforme technologique est évidemment notre deuxième objectif. Pour vous donner quelques chiffres, Batch c’est aujourd’hui plus de 300 clients, 10 000 sites et applications qui utilisent notre technologie d’engagement clients et presque 400 milliards de notifications push envoyées par an pour 400 millions de visiteurs uniques par mois. Il y a donc un enjeu d’innovation et de scalabilité. Par ailleurs, nous n’écartons pas la possibilité de réaliser une ou deux acquisitions pour accélérer la roadmap produit.

Enfin, l’international est notre troisième axe de développement Avec des clients dans 15 pays, nous avons annoncé l’ouverture de nos premiers bureaux hors de l’Hexagone dès l’an prochain, à Berlin et Londres. Les dix-huit prochains mois seront dédiés à la structuration de nos activités et de notre organisation internationale, avant d’espérer passer à un déploiement plus global à travers davantage de pays. Cette levée de fonds devrait nous permettre de faire monter en maturité notre capacité à opérer avec des équipes internationales dans des pays qui n’ont pas notre culture, et ce, afin de préparer le next step à partir de 2023. Nous projetons également d’ouvrir un bureau à Marseille afin de se doter d’une troisième antenne en France, un peu plus au sud du territoire.

Quelle est la principale concurrence rencontrée sur le marché du CRM destiné aux mobiles ?

Il y a deux types de concurrence. D’un côté, les plateformes historiques de CRM qui se sont créées au début des années 2000 – comme Salesforce, Marketing Cloud ou Adobe Campaign – et qui sont technologiquement incapables de faire ce que nous faisons. Je dirais que c’est le marché que nous essayons de révolutionner.

De l’autre, nous avons des concurrents directs tels que l’américain Braze, une société fondée cinq ans avant Batch mais qui suit la même trajectoire technologique que nous dans la mesure où ils se sont eux aussi d’abord spécialisés sur le mobile avant de devenir une plateforme multicanal complète et moderne.

Bien qu’il soit majoritairement présent aux États-Unis, cet acteur commence à s’implanter en Europe et a ouvert un bureau à Londres. Il s’agit très certainement de notre principal concurrent frontal pour les cinq à dix prochaines années. C’est d’ailleurs un des éléments qui a motivé la levée de fonds et accéléré notre stratégie de déploiement à l’international.

À quelle typologie de client s’adresse votre solution et quelles sont vos projections économiques pour le futur ?

Nous sommes plutôt positionnés sur le segment des grands comptes et des scale-up de taille importante, c’est-à-dire de 1 000 personnes et plus. Nous comptons ainsi des clients comme Oui SNCF, Leclerc, BNP Paribas, Société générale, ManoMano, Le Monde, Back Market, Radio France ou encore LVMH. Quant à nos grandes catégories de clientèle, il s’agira d’abord du e-commerce, ensuite des médias, et enfin des acteurs de la mobilité sans oublier d’autres types de clients tels que les acteurs du secteur bancaire et de l’assurance, avec les fintechs, et les acteurs du luxe.

Quelques institutions ont également recours à notre CRM. C’est le cas du gouvernement français avec le Pass Culture et de quelques ministères qui se servent de la plateforme pour communiquer avec les citoyens.

En ce qui concerne nos projections économiques, nous approchons des 10 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel récurrent. Un paramètre très important pour nous dans la mesure où nous développons un modèle économique SaaS pur avec 95 % de récurrent. Et une croissance actuelle du chiffre d’affaires de 50%. Ainsi, avec l’accélération générée par la levée, l’objectif est de réaliser une croissance de 100% pour l’année prochaine et l’année suivante.

Propos recueillis par Laurier John-Pierce Ngombe

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