En deux ans, la fintech suédoise est parvenue à se faire une place aux États-Unis et compte désormais se déployer en France. Face à Apple, PayPal et Square, atteindre rapidement une taille critique devient plus que nécessaire

Le secteur du paiement en ligne est comparable à un gâteau dont les parts ne cesseraient de grossir, ouvrant à ses acteurs de véritables boulevards pour se développer. Alors qu’en 2020 le marché dépassait les 5 440 milliards de dollars, il pourrait atteindre 11 290 milliards d’ici à 2026, selon le Digital Payments Market Report 2021. Une manne gigantesque qui pousse de nombreux groupes et entrepreneurs à miser sur ces activités. Certains transforment déjà l’essai comme Klarna dont les chiffres de croissance doivent faire pâlir d’envie la concurrence.

Une valorisation presque indécente

Au premier semestre de cette année, la fintech aux 46 milliards d’euros de valorisation doublait presque le volume de transactions réalisées à 39 milliards de dollars, contre 22 milliards un an auparavant. Une croissance en grande partie tirée par les États-Unis où Klarna s’est implantée en 2019 malgré la présence de concurrents motivés. Mais les résultats sont là  : plus de 20 millions de clients ont été séduits par son service de paiement. "Les consommateurs américains continuent de s’éloigner activement des formes traditionnelles du crédit avec intérêts au profit des offres de Klarna", commentait le groupe dans un communiqué. De quoi donner davantage d’envergure aux ailes de Klarna qui, née en 2005, devenait en 2019 la fintech la mieux valorisée d’Europe et la sixième au monde, derrière les américaines Stripe et Robinhood. L’entreprise s’est imposée en Scandinavie, en Allemagne, en Belgique ou encore au Royaume-Uni grâce à des solutions innovantes, comme celle permettant au client de ne régler qu’après réception d’une commande, en avançant les frais et en assumant les risques de fraude. Klarna propose également des services de paiements fractionnés qui ont la cote.

Buy Now Pay Later

Dites BNPL pour "buy now, pay later" (achetez maintenant, payez plus tard), ces solutions attirent les plus grands acteurs. En juillet, Apple dévoilait un nouveau projet en partenariat avec Goldman Sachs. L’objectif ? Permettre aux consommateurs de régler leurs achats en plusieurs fois grâce à Apple Pay. Toujours cet été, Square, l’entreprise spécialisée dans les paiements et cofondée par le père de Twitter Jack Dorsey, annonçait le rachat pour 29 milliards de dollars de l’australien Afterpay, leader dans le paiement fractionné. Cette acquisition est la plus élevée que l’Australie ait jamais connue. En septembre, c’est l’américain PayPal qui mettait la main sur Paidy. Cette start-up japonaise propose aux consommateurs nippons de payer leurs achats en ligne sans carte bancaire, à crédit et en liquide. Le marché des transactions est donc très actif et les mouvements de consolidation pourraient se multiplier afin de permettre aux acteurs d’atteindre une véritable masse critique. Cet été, Klarna – qui compte plus de 90 millions de clients – expliquait vouloir dupliquer le scénario américain en France. Mais le marché risque d’être complexe. D’abord parce que certains acteurs sont déjà installés, comme Floa (qui dépend de Crédit mutuel-Casino) et Oney (filiale de BPCE). Ensuite, parce les Français ne disposent pas de fichiers dits "positifs", c’est-à-dire d’une note permettant aux acteurs comme Klarna d’analyser la solvabilité des consommateurs. Mais l’histoire de Klarna est belle et, avec déjà dix-sept pays conquis, la fintech promet de faire encore beaucoup parler d’elle.

Olivia Vignaud

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