Le dirigeant veut faire du franco-italien STMicroelectronics un acteur incontournable du "monde d’après" grâce à une maîtrise de l’IoT, de l’intelligence artificielle et des composants nouvelle génération. Ce qui suppose quelques emplettes...

Si certaines multinationales dépensent des millions pour débaucher les PDG des concurrents, d’autres sont adeptes d’une méthode totalement différente : identifier un jeune cadre prometteur et programmer son ascension sur des années. Dans l’Hexagone, le cas le plus célèbre est celui de L’Oréal qui a misé très tôt sur son patron Nicolas Hieronimus. La trajectoire est similaire pour Jean-Marc Chéry, son homologue chez STMicroelectronics.

Ascension programmée

Cet ingénieur de formation intègre le groupe, alors nommé Thomson Semiconducteurs, en 1986. Une année plus tard, il prend la direction de l’usine de Tours qui fabrique des plaquettes de silicium alors qu’il n’a que 32 ans. En 2001, il est nommé à la tête de celle du Rousset. Très vite identifié comme un talent prometteur, la direction planifie peu à peu son accès aux plus hautes sphères en le nommant à l’étranger puis à l’état-major. Jean-Marc Chéry le reconnaît lui-même : "À travers une mobilité géographique, fonctionnelle et le coaching de mes différents responsables hiérarchiques, le groupe m’a préparé à assumer des fonctions plus importantes." Hors de question de brûler les étapes, la montée en puissance est planifiée sur des années. En 2006, il s’installe à Singapour pour diriger l’activité de fabrication de puces. Une étape qui lui permet d’être nommé directeur technique du groupe en 2008, directeur du numérique en 2012 et COO deux ans plus tard. Le 31 mai 2018 arrive le moment tant attendu : il prend la suite de Carlo Bozotti à la tête d’une multinationale de plus de 46 000 collaborateurs.

Gagnant de la crise

Dans sa gestion quotidienne, le dirigeant met l’accent sur la recherche et l’innovation. Objectif  : occuper une place de leader sur la production de composants incontournables pour moderniser les usines, fabriquer les voitures à hydrogène, les smartphones, les tablettes, les supercalculateurs ou encore les objets connectés. En somme, l’entreprise se veut un pilier incontournable du "monde d’après". Cela semble partir dans la bonne direction puisque, sur l’année 2020, STMicroelectronics annonce un chiffre d’affaires en hausse annuelle de 6%. Pour continuer à se développer, le PDG a annoncé un plan d’investissement entre 1,8 et 2 milliards de dollars "afin de soutenir la forte demande du marché et nos activités stratégiques". Cette somme sert notamment à des opérations de croissance externe.

Haro sur les pépites

Depuis son accès aux manettes, Jean-Marc Chéry mise des montants gardés secrets pour acquérir des jeunes pousses détentrices d’un savoir-faire unique et à fort potentiel de croissance. C’est ainsi qu’en octobre 2020 le groupe annonce l’achat du francilien Somos pour se renforcer dans l’IoT et la data. En mai 2021, STMicroelectronics fait main basse sur la société toulonnaise Cartesiam, un éditeur spécialisé dans les outils de développement de l’IA, et intègre dans son giron une équipe de data scientists et d’experts en traitement du signal embarqué. Jean-Marc Chéry aura encore du temps pour compléter sa liste de courses. Séduit par ses bons résultats, le conseil de surveillance du groupe a renouvelé le mandat de son dirigeant jusqu’en 2023.

Lucas Jakubowicz

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