Avec sa levée de 450 millions de dollars, l’entreprise britannique spécialisée dans les paiements en ligne devient la fintech la mieux valorisée d’Europe. L’explosion du e-commerce accélère l’envol de cette start-up qui entend rivaliser avec un géant comme Ayden.

En 2019, le total des recettes mondiales issues des paiements atteignait près de 2 000 milliards de dollars, selon une étude menée par McKinsey. Une manne gigantesque, certes, mais qui pose également de nombreux défis aux commerçants qui font face aux fraudes, transactions rejetées ou moyens de paiement inadaptés. S’ajoutent à cela plus de 7,6 milliards de dollars de perdus, les clients renonçant à leur acquisition à la suite d’un problème de règlement. Des soucis techniques qui ont également poussé certains acheteurs à se tourner vers la concurrence pour un montant cumulé de 12,7 milliards, d’après un rapport publié par Oxford Economics et Checkout. La société britannique Checkout propose justement des solutions pour éviter de telles pertes. Spécialisée dans les infrastructures de paiements en ligne, elle réussit son pari et lève en janvier 450 millions d’euros afin de poursuivre son développement. Ce nouveau tour de table lui permet de devenir la fintech la mieux valorisée en Europe et la quatrième au niveau mondial.  

15 milliards de dollars de valorisation

L’histoire de Checkout diffère quelque peu du parcours classique des start-up à succès. Souvent, celles-ci débutent en levant des fonds et connaissent une croissance très rapide, avec des chiffres à faire pâlir d’envie. Pour sa part, l’entreprise de paiements démarre en 2009 sans faire entrer d’investisseur extérieur à son capital. Son fondateur et CEO, le Suisse Guillaume Pousaz, diplômé de Polytechnique et HEC Lausanne, s’attache d’abord à "construire une équipe solide et une grande entreprise avec un capital limité", relate dans le Financial Times Tom Stafford, managing partner chez DST Global.

La fintech compte parmi ses clients Pizza Hut, Mango, L’Occitane ou encore H&M

Depuis, les belles levées de fonds s’enchaînent. En un an et demi, Checkout récolte 830 millions de dollars, grâce à un tour de table de 230 millions en mai 2019 et un autre de 150 millions il y a six mois. Ce qui lui permet d’atteindre aujourd’hui une valorisation de 15 milliards de dollars. La fintech n’envisage pas de s’introduire en Bourse, tout du moins pas avant l’année prochaine, confie son patron à Bloomberg. Un autre acteur du secteur, le néerlandais Adyen a, lui, déjà sauté le pas. Ce spécialiste des infrastructures de paiements – présent sur les canaux en ligne mais doté aussi d’un relais physique – a vu son titre progresser de… 200 % en 2020.

1 000 employés, 700 à venir

De quoi donner des sueurs froides à certaines banques plus traditionnelles qui peinent à rattraper leur retard en matière de digital. Pour sa part, Checkout ne grapille des parts de marché que sur les paiements en ligne. Ce qui ne l’a pas empêché de voir ses effectifs doubler en un an, pour atteindre 1 000 employés et prévoir encore 700 recrutements en 2021. À l’occasion de sa levée de fonds, l’entreprise – qui réalise 50 % de son chiffre d’affaires en Europe et le reste à l’international – vient d’annoncer l’ouverture d’un bureau à New York. "Cette nouvelle levée de fonds reflète notre position de leader sur le marché et l'ampleur de nos ambitions", commente Guillaume Pousaz, qui compte parmi ses clients Pizza Hut, Mango, L’Occitane ou encore H&M.

La clé de ce succès ? S'être positionné sur le créneau porteur du e-commerce, qui ne fait que croître avec la crise sanitaire mais aussi, et surtout, permettre aux entreprises de bénéficier de meilleurs taux d’acceptation des paiements à l’échelle mondiale. Pour ce faire, la fintech améliore l’expérience utilisateur, met à disposition une gamme de paiements la plus adaptée possible aux usages locaux, des filtres anti-fraude ou propose encore une granularité des données qui dope les taux de conversion. De quoi booster le chiffre d’affaires des groupes mais aussi celui de Checkout.

Olivia Vignaud

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