Annoncé le 3 septembre, le dispositif de soutien à l’économie française fait la part belle au digital. Objectifs : la transformation des entreprises et de l’État, l’amélioration du "numérique du quotidien" ou l’accompagnement des start-up. De quoi doper l’écosystème tout entier.

Chose promise, chose due. Alors que le gouvernement s’était engagé à faire du digital et de l’écologie deux des grandes priorités de la relance économique, le plan de 100 milliards d’euros, détaillé le 3 septembre dernier, le numérique, premier créateur net d’emplois en France en 2019, bénéficiera de 7 milliards. Cédric O, secrétaire d'État chargé de la Transition numérique, n’hésite pas à intervenir dans les médias et sur les réseaux sociaux afin de promouvoir les mesures du plan liées au digital ainsi que les avancées que connaît déjà la France dans le domaine. Ainsi tweetait-il en septembre que la start-up Aledia investirait 140 millions d’euros afin d’implanter sa première usine de LEDs près de Grenoble. A la clé : 550 emplois en quatre ans dans le département de l’Isère.

Accompagner les innovations de rupture

Le gouvernement ne lésine pas sur les moyens pour que davantage d’entreprises comme Aledia émergent. Dans le cadre du plan, 3,7 milliards d’euros seront alloués aux start-up et aux technologies numériques. Une enveloppe de 500 millions sur deux ans (et 2,5 milliards sur cinq ans) viendra soutenir des levées de fonds, notamment les plus importantes. Les aides à l’innovation du Programme des investissement d’avenir (PIA) augmenteront de leur côté de 800 millions d’euros sur deux ans (soit une hausse de 60 %).

Les start-up et les technologies numériques bénéficieront de 3,7 milliards d’euros

En outre, selon le gouvernement, 2,4 millions seront investis dans les "technologies numériques de rupture sur lesquelles la France estime indispensable d’être un acteur de la compétition mondiale : quantique, cybersécurité, intelligence artificielle, cloud, santé digitale, etc." Ces plans feront l’objet de présentations spécifiques.

Soutenir les TPE, PME et ETI

Ces mesures forment l’un des quatre piliers qui viennent structurer les dispositifs en faveur du numérique au sein du plan de relance. Un autre bloc de financement (2,3 milliards d’euros) concerne la transformation digitale des entreprises et de l’État. Selon une étude publiée en août par la CPME et Sage, 34 % seulement des dirigeants de TPE d’un à neuf salariés déclarent que la transformation numérique est déjà déployée ou en cours de déploiement. Un retard que l’on observe également au sein de l’Union européenne où la France n’arrive qu’à la 15e place au niveau de la compétitivité numérique et à la 11e en ce qui concerne l’intégration de la technologie numérique par les entreprises, d’après le Digital Economy and Society Index publié cette année.

C’est pourquoi le plan de relance prévoit des mesures adaptées aux besoins des TPE, PME et ETI, qui devraient être lancées dès octobre, afin de faciliter leur transition numérique. Montant de l’aide : 385 millions d’euros financés par des fonds européens. Le gouvernement entend sensibiliser les entreprises les moins avancées sur le sujet. "Le dispositif France Num, au travers d’accompagnements collectifs réalisés par les acteurs du numérique sur les territoires, en lien avec notamment les régions, permettra de sensibiliser les petites entreprises à l’intérêt de s’engager dans un processus de digitalisation en leur apportant des solutions sur les besoins concrets (création de site web, numérisation de leurs processus de gestion, gestion de stocks et de commandes…)."

Le plan de relance prévoit des mesures adaptées aux besoins des TPE, PME et ETI, qui devraient être lancées dès octobre, afin de faciliter leur transition numérique.

Pour celles ayant déjà atteint un "premier niveau de maturité numérique", un dispositif d’audit et d’accompagnement, nommé IA booster, les aidera à mettre en place des solutions d’intelligence artificielle afin de moderniser leur outil de production. Le secteur industriel bénéficiera d’une aide spécifique à destination de l’ensemble des PME, mais également des ETI, souhaitant réaliser un investissement dans les technologies de l’industrie du futur, telles que des outils de robotisation. Celle-ci prendra la forme d’une subvention qui se substitue au mécanisme de suramortissement fiscal.

Autre engagement en faveur du secteur privé, près de 200 millions d’euros seront consacrés à l’accélération de la numérisation des filières aéronautique et automobile dans les plans de soutien qui leur sont dédiés.

Transformer l’État

Si l’État entend aider les entreprises à réaliser leur transition digitale, il compte bien, lui aussi, se transformer. Pour ce faire, 1,7 milliard d’euros seront débloqués. Ces crédits permettront notamment de moderniser et de sécuriser les infrastructures numériques ou encore de financer des technologies à destination des administrations. Quant au système de santé, 200 millions d’euros seront affectés à sa numérisation, dans le cadre du plan présenté lors du Ségur.

La formation aux métiers du numérique sera, elle, soutenue à hauteur de 300 millions d’euros. Cet investissement permettra de "tirer parti de l’opportunité que représentent ces métiers pour l’insertion de tous les jeunes mais également de ceux dont les métiers seront affectés par la crise et les mutations économiques", explique le ministère.

Le numérique du "quotidien"

Quant au numérique dit du "quotidien", il se voit attribuer une enveloppe de 800 millions d’euros dont 500 millions en provenance du plan de relance. Un investissement nécessaire quand on sait qu’un Français sur six n’utilise pas Internet et que plus d’un sur trois manque de compétences de base. Le plan de lutte contre la fracture numérique prévoit notamment de mettre en place davantage de lieux de proximité, dans lesquels seront organisées des activités en lien avec le digital. Ils accueilleront des médiateurs formés qui proposeront des ateliers d’initiation au numérique. Les acteurs économiques locaux pourront également mutualiser des machines afin de maintenir et développer leurs activités.

Aujourd’hui encore, un Français sur six n’utilise pas Internet et plus d’un sur trois manque de compétences de base

Sont également prévus des outils simples et sécurisés pour permettre aux tiers (travailleurs sociaux ou encore agents des collectivités territoriales) d’accompagner les Français qui ne peuvent pas réaliser seuls leurs démarches administratives. Les efforts seront concentrés sur la fibre, "qui doit être considérée comme une infrastructure essentielle et l’accès à une bonne connexion internet comme un service universel auquel l’État doit garantir l’accès". Un peu comme l’eau ou l’électricité. Les détails de ce plan seront rendus publics dans les prochaines semaines. Cédric O annonce que le Président Macron s'exprimera "dans les semaines à venir" sur le thème du numérique, "un sujet qui lui tient beaucoup à cœur". Et sur lequel l’Union européenne s’est aussi engagée en exigeant qu’une partie des plans de relance nationaux lui soit consacrée. Cela semble donc chose faite pour la France.

Olivia Vignaud

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