Entretien : Christophe Florin, chief operating officer d’Axa Private Equity et directeur d’Axa Priva
Décideurs : Quelles sont les conséquences de la crise financière sur les allocations des LPs et le montant de leurs investissements ?
Christophe Florin : La crise a eu un impact sur toutes les classes d’actifs. Dans le capital investissement, il a été très variable selon les gestionnaires et les fonds. Certains ont bien traversé la crise, car ils ont fait preuve de discipline durant les années d’euphorie en achetant à des prix raisonnables, en ayant un faible recours aux effets de levier et en ciblant des sociétés résistantes aux cycles économiques comme l’agroalimentaire.
À l’inverse, d’autres ont beaucoup investi dans des sociétés qu’ils ont payées cher, avec un fort effet de levier et dont l’activité est sensible à la conjoncture. C’est le cas du luxe par exemple. Les LPs ont fait le bilan de leurs investissements avec tel ou tel gestionnaire et renouvellent seulement leur confiance à ceux qui ont fait leurs preuves et ont su faire montre de discipline.
Certains fonds ont vu leurs investisseurs renégocier les termes de leurs engagements (taille, commissions).
Les futures levées de fonds prendront sans doute plus de temps et ce qui est sûr c’est qu’on ne verra plus de méga buy-out funds avant longtemps. Dans le monde, les fonds de private equity disposent encore de 400-500 milliards de dollars à investir dans les quatre prochaines années.
Décideurs : La relation LPs-GPs a-t-elle été affectée et comment ?
C. F. : Axa Private Equity résiste bien à la crise et tous ses investisseurs lui ont renouvelé leur confiance. Notre politique d’investissement a toujours été assez conservatrice, les sociétés de notre portefeuille se portent bien dans le contexte actuel. Nous sommes restés prudents pendant la période d’euphorie et pendant la crise. Nous recommençons progressivement à investir dans de nouvelles sociétés.
Décideurs : Quelles sont les contraintes liées à la directive européenne Solvabilité II, pour vous et par rapport aux attentes des investisseurs ?
C. F. : Les assureurs sont des investisseurs importants. Solvency II aura des conséquences majeures pour le private equity car les assureurs seront moins tentés d’investir en private equity du fait des ratios de fonds propres exigés en contrepartie.
La dernière proposition du CEIOPS préconise pour les classes d’actifs « risqués » dont le private equity, un ratio de 60 %, contre 45 % initialement. Cela pousserait les assureurs à n’investir qu’en obligations. Aujourd’hui, les assureurs et aussi les acteurs du private equity continuent donc à travailler avec les autorités afin de rendre Solvency II moins pénalisante.