Marc Jany (Dassault Systèmes) : savoir se renouveler
Marc Jany a su très tôt qu’il voulait se diriger vers la fonction de juriste d’entreprise. C’est donc tout naturellement qu’il commence des études de droit, spécialité affaires. Sa formation juridique, il l’effectue au sein des universités Paris Nanterre et Panthéon-Sorbonne où il côtoie trois professeurs de grande renommée : Gavalda, Guyon et Ghestin. Quand il obtient son DEA, il décide de ne pas s’arrêter là et de poursuivre ses études, cette fois à l’étranger. Ouvert sur le monde, il pose ses valises à Los Angeles et intègre l’université de Californie où il se spécialise en sciences politiques. "Il était nécessaire pour moi d’acquérir un double cursus intellectuel, l’approche de l’enseignement anglo-saxon étant différent, j’y ai beaucoup appris." Un double bagage scolaire, c’est ce qu’il recommande aujourd’hui à ses enfants : "Il ne faut pas s’enfermer dans un domaine particulier."
Le goût du défi
Depuis toujours, Marc Jany se lance des challenges : "L’ennui est à proscrire pour s’épanouir", répète-t-il. Cette phrase l’a animé durant toute sa carrière, y compris à ses débuts au sein de Shearman & Sterling chez qui il reste cinq ans.
"Garder une appétence pour sa profession, c’est également savoir évoluer, et ne pas hésiter à recommencer à zéro"
"À l’époque, être formé dans de grands cabinets de préférence anglo-saxons constituait la voie royale. Cela est moins vrai aujourd’hui", nous apprend-il. Cinq années qu’il passe entre Paris et New York, le temps de devenir un expert des fusions-acquisitions.
Cette expérience enrichissante ne lui fait pas perdre de vue son objectif premier : intégrer le monde de l’entreprise. S’ensuit alors une brillante carrière au sein de plusieurs directions juridiques de grands groupes : il y aura d’abord Alcatel où il participe au développement de multiples secteurs technologiques porteurs, dont celui de la téléphonie mobile, et à la création du pôle spatial. Il entre ensuite chez Areva : "J’y ai appris la négociation de gros projets industriels, mais surtout la gestion de gros contrats, notamment celui de l’EPR finlandais." Enfin, il rejoint Alstom Power en Suisse, un tout nouvel univers dans un environnement international : "Au contact des équipes de GE, repreneur de l’activité, j’ai découvert le monde des process et des outils de gestion optimisés."
Tomber dans la compliance
En 2016, il entre chez Dassault Systèmes, son entreprise actuelle, en tant que directeur juridique groupe. Dès 2018, ses missions s’élargissent : "Dans le cadre de la loi Sapin 2 et du RGPD, je me suis vu confier la création d’une équipe d’éthique et de la conformité." Son rôle ? "Rendre vivantes les valeurs de l’entreprise, et les faire vivre opérationnellement dans l’activité quotidienne des affaires." Ce qu’il aime le plus ? Faire face à de nouveaux défis, tels que la lutte contre la corruption et la protection des données personnelles, mais aussi réfléchir "aux questions liées à des sujets de gouvernance liés eux aussi au devoir de vigilance, à la RSE ou à l’ESG couvrant la problématique des droits de l’homme, la discrimination ou le harcèlement et le respect de l’environnement".
Les enjeux auxquels il est confronté désormais sont multiples. En témoigne la mise en oeuvre de nouvelles réglementations en matière de compliance. "L’enrichissement du corpus des obligations exige la collaboration active de nombreuses fonctions au sein des entreprises, mais est aussi un indicateur de la complexification des sujets auxquels celles-ci et les fonctions juridiques doivent faire face", nous apprend Marc Jany qui fuit l’ennui comme la peste. Une position qui le guide dans ses choix : "Garder une appétence pour sa profession, c’est également savoir évoluer, et ne pas hésiter à recommencer à zéro." Voilà le secret d’une longue et brillante carrière, pas encore terminée !
Judith Polycarpe