En cinq ans, la firme d’origine américaine est passée de cinq à dix-sept bureaux dans le monde. Une croissance très rapide guidée par un objectif : tenir le devant de la scène dans ses matières phares qui incluent le corporate finance, le contentieux des affaires et l’arbitrage international.

Fondé en 1885 par Alexander King et Jack Spalding, le cabinet prend naissance à Atlanta grâce à l’association de ces deux natures complémentaires : King, fin technicien du droit, et Spalding, avocat charismatique qui suscite l’adhésion. Sur le sol américain, King & Spalding devient, au fil du temps, une référence en corporate finance, contentieux des affaires et arbitrage international. Son développement, hors des frontières du pays, se fera en conservant l’optique de ce positionnement par métiers.

Une stratégie rondement menée
Au début des années 2000, le haut management de King & Spalding décide de revoir sa stratégie à l’international. Il conçoit alors, pour les cinq années qui suivent, de concrétiser son intervention à l’étranger par l’ouverture de bureaux sur les principaux marchés mondiaux. Dès 2003, les projets deviennent réalité, avec toujours pour objectif fondamental d’investir l’ensemble des secteurs d’activité dans lesquels la firme est déjà connue et reconnue. Jamais il n’est question de devenir full service, pas même aux États-Unis, mais au contraire de poursuivre le positionnement efficace sur lequel le cabinet réussit à s’imposer depuis plus de 125 ans. Arbitrage international, contentieux des affaires, énergie, santé et biotechnologies, IP/IT et finance resteront au cœur de son développement.
Londres fait office de tête de pont. Formée en 2003, l’équipe se concentre sur le corporate finance (private equity et finance islamique notamment), l’énergie et l’arbitrage international. Puis, en cinq ans, la firme ouvre douze bureaux entre les États-Unis, l’Europe et le Moyen-Orient (cf. fig. 1). Cette croissance rapide n’est que la mise en application de la stratégie mûrie durant plusieurs années. La pertinence de la logique d’implantation permet à King & Spalding de conquérir les villes ciblées, parfois plusieurs au cours de la même année. En 2007 par exemple, les bureaux de Francfort, Abu Dhabi et Riyad voient le jour concomitamment.

La constitution d’équipe ex-nihilo
Concrètement, l’ouverture de bureaux est bien rodée. La firme délocalise un ou deux associés dirigeant dans la ville cible pour se charger du recrutement et de l’installation de la nouvelle équipe. À Genève, un associé de Washington DC est ainsi venu recruter toute l’équipe de Daniel Crosby. À Moscou, un bureau dédié au secteur de l’énergie, c’est un associé de Londres qui est à l’origine de l’ouverture du bureau. À Paris également, Kenneth Fleuriet a été délocalisé depuis Londres pour formaliser le projet.
La firme a pour principe de ne pas procéder par rachat de cabinet local, comme font de nombreuses firmes internationales en absorbant des équipes déjà constituées. L’enjeu, pour chaque nouveau bureau, est de trouver sur le marché donné la tête de file dans la matière qui guidera le projet, et de réunir autour de lui les avocats les mieux armés pour répondre aux attentes de la firme, tant en ce qui concerne l’expertise que les qualités personnelles. «?Au-delà de la technicité, la personnalité de nos futurs associés est primordiale dans l’étude de leur candidature?», explique Éric Schwartz, fondateur du bureau parisien. Son nouvel associé, Joël Alquezar, confirme l’importance de cette alchimie : «?Avant même d’intégrer totalement le cabinet, nous avons été présentés aux associés de Houston et d’Atlanta. Nous avons été frappés par l’esprit familial qui règne entre les avocats et séduit par leur accueil chaleureux. C’est une firme d’avocats qui aiment le droit au-delà du business.?»

Maintenir un positionnement pointu
Le positionnement du cabinet est fondé sur une double culture du conseil et du contentieux. L’arbitrage international est une des matières phares de King & Spalding. Depuis les années 2000, le cabinet est un des meilleurs aux États-Unis, notamment en matière de traités d’investissement. Il était donc judicieux de développer cette pratique en Europe et de l’étendre à l’arbitrage commercial. King & Spalding dispose maintenant de l’un des plus importants réseaux de spécialistes en matière d’international dispute resolution. Né à Houston, le groupe arbitrage s’est développé à New York et à Atlanta, le berceau de la firme. Il s’est aujourd’hui étendu à Paris, Londres, Singapour et Francfort, avec le soutien de spécialistes depuis New York et San Francisco. Au total, soixante experts sont dédiés à la matière à travers le monde. Atlanta, dont la réussite fait figure de modèle pour les autres bureaux, demeure le bureau le plus important pour les effectifs et le chiffre d’affaires. L’équipe est devenue une Rolls Royce du M&A, même si l’ensemble des bureaux américains n’ont pas vocation à concurrencer les transactionnal law firms locales. King & Spalding se concentre sur le contentieux en énergie, environnement et le private equity im­mobilier, des expertises à fort taux de rentabilité. Ce positionnement de pointe va de pair avec le conseil et l’accompagnement d’une clientèle haut de gamme et fidèle : Bank of America, Chevron USA, Citigroup, The Coca-Cola Company, Delta Airlines, GlaxoSmithKline, Goldman Sachs, Google, IBM, Johnson & Johnson, LexisNexis, Morgan Stanley, Nokia Corporation, Shell Oil Company, Toyota Motor Sales, etc.

Une organisation par practices groups
Afin de maintenir une cohérence entre les différents bureaux de la firme, l’organisation est sectorielle. Les avocats, et donc les dossiers, se traitent par segment, au-delà des bureaux. Les practices groups sont gérées avec une large part d’autonomie induite par le caractère fédérateur de la firme : aucune hiérarchie n’existe entre les associés. Le cross-selling entre les différents bureaux est donc facilité, les contacts étant fréquents et les dossiers multinationaux.
Chaque bureau est dès lors ouvert sur l’initiative de l’une de ces practices groups. Les bureaux au Moyen-Orient, par exemple, ont émergé suite aux besoins de présence directe de l’équipe finance islamique du bureau de Londres. Paris est le fruit d’un processus mené par le groupe arbitrage international. C’est la raison pour laquelle le bureau a été ouvert par Éric Schwartz, éminent spécialiste en la matière (lire l’encadré ci-dessous). «?Le bureau a immédiatement connu un franc succès, grâce à la fois à la reconnaissance de mon expertise sur le marché et du réseau international de la firme, se réjouit celui-ci. Alors même que 2008 a été une année financière terrible, nous avons réussi à consolider un solide chiffre d’affaires.?» Genève est fondé sur les mêmes mécanismes, avec l’international trade comme moteur. Le bureau de Singapour est quant à lui le fruit de la pratique en arbitrage international et énergie, deux niches haut de gamme.

Une nouvelle phase de développement
À bien regarder les ambitions de King & Spalding, on pourrait se méprendre sur sa stratégie. Fière de cette expansion internationale réussie, la firme n’en est pas moins attentive à l’assise de ses nouvelles implantations. La deuxième phase de développement de King & Spalding est à présent lancée. Elle se focalise sur la consolidation des métiers installés dans chacune des équipes, grâce à une fidélisation des clients locaux et un renforcement des effectifs. Le bureau de Londres a ainsi recruté en juillet dernier un associé en provenance de Mayer Brown, William Charnley, spécialiste en M&A, marchés de capitaux et private equity. Paris a, de son côté, ajouté à l’international dispute resolution la carte du real estate en juillet 2012. En octobre, c’est au tour du bureau de Singapour de se renforcer avec l’arrivée d’un nouvel associé en transactions dans les secteurs de l’industrie pétrolière et gazière, Merrick White. Cette démarche de consolidation n’empêchera pas les projets d’ouverture de bureaux dans des régions stratégiques pour la firme (lire notre entretien avec Robert Hays ci-contre). En attendant, le cabinet entend poursuivre son développement par croissance interne afin de porter ses expertises haut de gamme dans chacun de ses récents bureaux.


Paris, cabinet de niche haut de gamme

La croissance du bureau de Paris, créé en 2009, est à l’image de l’ensemble de la firme : fulgurante. Sous l’impulsion de la pratique arbitrage international, un associé de Londres a été délocalisé pour trouver les futurs experts de la marque à Paris. Kenneth Fleuriet propose alors à Éric Schwartz de relever le défi. Ce dernier, accompagné de James Castello, accepte. Éric Schwartz, associé gérant et dirigeant du département arbitrage international de Dewey LeBoeuf, est un ancien secrétaire général de la Cour d’arbitrage de la CCI. Il en est actuellement l’un des vice-présidents. À peine installée, l’équipe entame ses projets de renforcement en arbitrage international et contentieux. En juillet 2012, ils sont rejoints par Joël Alquezar et Joëlle Herschtel, tous les deux en provenance de Winston & Strawn, cabinet pour lequel ils avaient créé le pôle contentieux et arbitrage. Conseil de grands groupes industriels, Joëlle Herschtel ouvre l’équipe au droit de l’environnement. Plus orienté vers le contentieux des affaires, Joël Alquezar apporte au cabinet son expertise en arbitrage international francophone. L’expert, qui accompagne déjà des groupes industriels ainsi que des entreprises publiques françaises et étrangères en arbitrage et contentieux, assistera également la clientèle de la firme, composée notamment des principales majors pétrolières. Vanessa Benichou, une ancienne de chez Bredin Prat qui les a rejoints chez Winston & Strawn en 2000, les accompagne. Elle consolide le contentieux commercial et pénal, l’arbitrage et le droit de la distribution.
En mai, c’est la pratique real estate qui est déjà inaugurée ? Paris. En provenance de Freshfields, Benoît Marcilhacy, précédemment associé dirigeant de la pratique, et Pascal Schmitz sont accompagnés de cinq collaborateurs. S’appuyant sur le groupe real estate de Francfort, un bureau où l’immobilier prédomine, le nouveau département va jouer un rôle stratégique entre Paris, Londres et Francfort. «?L’équipe de Benoît et Pascal est une des meilleures dans leur domaine à Paris, tant dans leur technicité que dans leur réseau?», commente Éric Schwartz. Leurs activités seront bien sûr coordonnées avec les États-Unis et le Moyen-Orient. Tout en restant un cabinet de niche, le bureau de Paris maintient le haut niveau de gamme de la marque. Les équipes arbitrage international, contentieux des affaires et real estate sont solides et directement ouvertes sur le réseau.


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