Uber va entrer en Bourse
Entre Uber et Lyft, la course du moment n’a pas lieu sur la route : les leaders du marché américain des VTC se livrent à un duel à distance pour entrer en Bourse rapidement, et surtout, au plus haut niveau de valorisation possible. Alors que Lyft envisagerait une valeur d’entreprise de 15 milliards de dollars, la valorisation espérée par Uber a de quoi donner le vertige à 120 milliards de dollars ‒ l’arrivée de Toyota à son dernier tour de table avait fait ressortir une valorisation de 76 milliards! Si les voeux d'Uber sont exaucés, il s’agirait de la plus grosse IPO de l’histoire du secteur « technologique ». L'écart de chiffres entre les deux sociétés traduit un degré de développement distinct. Lyft n’opère que dans la région nord-américaine (États-Unis, Canada) contrairement à Uber qui, non content de dominer leur marché commun avec 60-70 % des parts, est présent un peu partout dans le monde et a diversifié ses activités dans la livraison de repas (Uber Eats) ou dans le transport de marchandises (Uber Freight).
Au-delà des montants levés, Lyft souhaiterait franchir les portes de Wall Street en premier, «originer» le market benchmark, et séduire les investisseurs les plus impatients à l’idée d’injecter des liquidités dans un univers faiseur de licornes. Si le secteur demeure un terrain d’hyper-croissance du chiffre d’affaires, il est encore loin d'être profitable. Uber comme Lyft accusent des pertes au troisième trimestre (respectivement 1,07 milliard et 254 millions de dollars). D’une part, les acteurs doivent faire face à un contexte réglementaire de plus en plus strict, et d’autre part, ils doivent dépenser beaucoup d’argent dans le recrutement de chauffeurs et le marketing de leurs opérations. En effet, à l’avenir, le marché mondial des VTC prendra certainement la forme d’un oligopole, ce qui condamne les groupes à une stratégie de volume rapide. Les IPO viendront sanctionner les excès de vitesse s’il y en a.
FS